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Marc-André Wagner au Walhalla par Jean-Louis Gouraud

Carnet Diplomate, historien, haut fonctionnaire des affaires culturelles - et, par-dessus tout, homme de cheval -, Marc-André Wagner est mort le dimanche 21 novembre, à l'âge de tout juste cinquante ans. Son épouse Dominique, ses deux filles, sa famille,
ses amis, trouveront un peu de consolation en se disant que, ce jour-là, Marc-André a enfin cessé de souffrir : il était atteint, en effet, d'une maladie dégénérative rare, mal connue, inexorable, et terriblement douloureuse, qui ne s'était déclarée que voici deux ans à peine. Deux ans d'un véritable calvaire que Marc-André a vécu avec ce mélange de stoïcisme et d'humour qui le caractérisait. J'allais dire : avec panache.

Le panache est ce qui apparaissait le plus immédiatement chez le personnage, de façon d'autant plus frappante que cette attitude se rencontre assez rarement dans le milieu de la haute administration auquel il appartenait.

Son nom, d'abord : Wagner, non point parce qu'il évoque irrésistiblement, bien sûr, des airs de chevauchée, mais parce que Marc-André, d'origine alsacienne et germaniste distingué, appréciait la musique héroïque de son homonyme allemand.

Sa chevelure, ensuite : flamboyante, rougeoyante, toujours en bataille, qui lui donnait en permanence des allures de guerrier au milieu de la mêlée.

Cavalier passionné et intrépide, grand amateur de belle équitation classique, mais tout autant de folles cavalcades en extérieur, Marc-André avait assumé déjà la responsabilité de la section Equitation de l'association sportive de l'Ecole Nationale d'Administration, qu'il intégra au sortir de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. Il ne cessa de monter que lorsque la maladie finit par l'en empêcher.

Marc-André Wagner a goûté au cours de sa brillante carrière à la diplomatie, comme conseiller à l'ambassade de France en Inde (1993-1996), puis comme directeur de l'Institut Français de Varsovie (1999-2001), mais a exercé  principalement au sein du Ministère de la Culture, à la direction du patrimoine, à la direction du théâtre, puis à la direction du livre, avant d'y être affecté à l'Inspection générale des affaires culturelles.

Doté d'une exceptionnelle capacité de travail, Marc-André a mené simultanément des recherches savantes, qui ont abouti, en 2003, à une brillantissime soutenance de thèse de doctorat à la Sorbonne (à laquelle j'ai eu le bonheur d'assister) sur « Le cheval dans les croyances germaniques », titre abrégé, utilisé pour la version publique de cette ?uvre monumentale, éditée par la vénérable maison Honoré Champion, et couronnée en 2006 par le Prix Cadre Noir, décerné chaque année par l'Académie Pégase, dont il devint dès lors un membre assidu.

L'ampleur de la documentation amassée pour l'obtention de son doctorat lui permit de réaliser en parallèle un remarquable « Dictionnaire mythologique et historique du cheval », que j'ai eu le plaisir et l'honneur de publier en 2006 dans ma collection Cheval-chevaux (éditions du Rocher).

Dans cet outil de travail indispensable, Marc-André nous donne une indication sur ce qui vient probablement de lui arriver. Les Valkyries, rappelle-t-il, allaient « à cheval chercher les guerriers qui doivent mourir au combat pour rejoindre le corps de guerriers d'élite d'Odin », ce dieu-cheval de la mythologie scandinave (Wodan ou Wotan chez les Germains). Du Walhalla, où séjournent les dieux et les héros, et où il se trouve certainement, Marc-André nous contemple aujourd'hui, avec, j'en suis sûr, bienveillance.

16/12/2010

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