- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

L’Or olympique pour la France !

Cette extraordinaire médaille a commencé comme un mauvais cauchemar pour l’équipe française de saut d’obstacles, alors qu’en France, les cavaliers de complet savourent leur bonheur, assaillis dès leur descente d’avion à Roissy par une foule en liesse. Mais l’équipe est soudée. Mieux. Elle s’est transcendée, comme toutes les équipes d’exception qui ont écrit l’histoire olympique. Pénélope Leprévost/Flora de Mariposa, Roger-Yves Bost/Sydney Une Prince, Philippe Rozier/Rahotep de Toscane et Kevin Staut/Reveur de Hurtebise, sont champions Olympique à Rio de Janeiro. Ce fut une longue préparation pour tous, pour Philippe Guerdat, et tous ceux qui ont œuvré à cette victoire à la Fédération, les grooms, les propriétaires et les naisseurs. Cet Or est aussi le leur.


Les épreuves


La blessure d’Hermès Ryan au box, présentant une fêlure de la pointe du jarret, entraîne le forfait de Simon Delestre trois jours avant la première qualificative. Philippe Rozier et Rahotep de ToscaneJO/JEM entrent dans la sélection officielle. Au-delà de la déception de voir le N°1 Mondial retiré de la course, il n’y a aucun doute quant à l’expérience et les qualités de Philippe et Rahotep, le bel étalon gris, le fils de Quidam de Revel né en Champagne, qui vient de prendre la deuxième place du CSI5* de Knokke, pour assumer leur rôle de 4e Mousquetaire.


La veille de la première qualificative, Pénélope évoque des coliques chez Flora de Mariposa, qui affolent les réseaux sociaux, vite rassurés par la Fédération. On se croit au bout de la série noire. Mais non. Le pire est à venir : lors de cette 1re qualificative, qui est loin de n’être qu’un tour de chauffe, Pénélope, suite à une incompréhension avec Flora de Mariposa devant un gros oxer, chute lourdement. Elle se relève vite, mais le coup est dur : pour elle, surtout, car si elle tiendra son rang pour l’épreuve suivante par équipe, en revanche, le couple abandonne ici ses chances de médaille individuelle.


Etape 1 : sonnés


On les imagine sonnés les Bleus, autour du moral en berne de Pénélope, malgré les examens de Flora, rassurants heureusement. Pourtant tout n’est pas noir : les sans-faute remarquables de Bosty/Sydney Une Prince et de Philippe Rozier/Rahotep de Toscane, et le parcours de Kevin Staut/Reveur de Hurtebise, malgré une faute, laissent présager le meilleur pour les épreuves suivantes.


Avec un score vierge, les Brésiliens créent la surprise et les Allemands aussi, malgré le forfait de Marcus Ehning, et Cornado (blessé lors de l’épreuve d’échauffement), Meredith Michaels-Beerbaum/Fibonacci 17 prenant le flambeau au pied levé. La France, les Pays-Bas et la Suisse sont 3e ex-æquo. La Hollande et le Brésil perdent chacun un coéquipier et devront défendre leurs chances avec trois couples, donc tous les scores compteront.


Etape 2 : 5e à 1 point !


C’est dire le niveau des équipes qui s’affrontent au Déodoro de Rio de Janeiro : quatre équipes sont à 0, malgré un parcours de niveau extrêmement élevé... Allemagne, Hollande, Brésil et USA. La France est 5e à 1 point, suivie du Canada à 4, puis de la Suisse et de la Suède à 8. Huit équipes restent en lice. Eliminés : le Qatar, l’Argentine, l’Espagne, l’Ukraine, le Japon, l’Australie, et... coup de tonnerre, le Royaume-Uni, champion olympique en 2012 !


- Philippe Rozier et le gris Rahotep de Toscane, très en forme, ont trouvé un bon tempo. Rahotep saute magnifiquement, mais ne « sautera » clairement pas la rivière. Coup de fatigue ? Pas envie ? 4 points pour Philippe.


- Kevin Staut et Reveur de Hurtebise vont dérouler un parcours sans-faute, dans le rythme : Rêveur très à l’écoute et attentif, sous la selle de Kevin qui ne laisse rien au hasard, en grand champion qu’il est.


- Bosty, dont ce sont les deuxièmes Jeux après Atlanta, champion d’Europe 2013, c’est l’expérience et la tête qui lui feront reprendre une Sydney Une Prince très généreuse, mais ces remises en place lui coûteront un point de temps... La quatrième était très attendue, après les coliques et la chute...


- Pénélope a montré s’il le fallait encore qu’elle est une championne exceptionnelle, nous rassurant dans le même temps sur la fraîcheur de Flora, lorsqu’elles attaquent ensemble et réalisent un sans-faute époustouflant. Elle permet d’effacer les 4 points de Philippe. La France à un Point est 5e !


Sont éliminés de la course individuelle : Lizzie Madden/Cortes C, 12 points, le Marocain pour ses premiers Jeux Abdelkebir Ouaddar et Quickly de Kreisker, 13 points, le géant John Whitaker/Ornellaia, 23 points. Dur dur...


Etape 3 : l’Or !


Les chevaux commencent à fatiguer, la chaleur est écrasante. Il est clair que cette finale ne va épargner personne. Le parcours dessiné par le chef de piste brésilien est lourd : fautif partout, avec de gros oxers, à plus d’1,70m, ce qui ne se fait qu’aux JO, un double de palanques très massif, et le dernier oxer à 1,80m qui va en piéger plus d’un... Le temps ne pardonne pas non plus : sur trente-huit cavaliers, lorsque Bosty s’élance, pour gagner et donner l’Or à la France, seuls neuf ont bouclé le parcours dans le temps imparti. Philippe Rozier sort à 1 point, Kevin et Bosty sont sans-faute. L’or est au bour de la piste.


Ce sont les Américains, extraordinaires tout au long des Jeux, qui prendront l’Argent : ils vont totaliser 5 points grâce au double sans-faute dans les temps du fantastique Mclain Ward et son sBs Azur, le fils de Thunder Van de Zuuthoeve. Très belle médaille malgré le forfait, avant le départ, de Lizzie Madden, en difficulté avec Cortes C la veille. Pour la médaille de bronze, il y eut barrage entre l’Allemagne et le Canada.


C’est l’Allemagne qui s’impose, avec trois sans-faute, exceptionnels après une telle journée : Christian Ahlmann/Taloubet Z, Mérédith Mickaëls-Beerbaum/ Fibonnaci et Daniel Deusser/ First Class, son Bwp fils de Balou du Rouet. Ils le paieront lors de la finale individuelle : aucun des trois ne réussira un parcours vierge.


Réactions des naisseurs


Michel Aubertin, naisseur de Rahotep de Toscane


Eh bien oui je suis heureux, je suis content, je suis surtout content pour l’équipe de France et en particulier pour Philippe Rozier et Baillet.


Ils ont fait confiance à mon élevage, ils en ont quand même eu trois de chez moi.


Jadis et Pirate ont été achetés à Fences et puis Rahotep ils ont été le rechercher en Belgique. Je l’avais vendu à 6 mois, il y avait un gros train qui était passé et ça ne se refusait pas.


C’est un bel aboutissement de ton idée d’élevage ?


C’ést quand même la consécration et la cerise sur le gâteau. Même si j’ai arrêté ça prouve que je n’ai pas trop mal travaillé, tout en sachant que de toute façon il faut surtout féliciter le cavalier et le propriétaire. Quand un cheval tombe dans une mauvaise maison, il a beau être très bon, il ne va pas loin.


Deux médailles d’or, c’est bon aussi pour l’élevage ?


En premier lieu je suis ravi pour l’équipe de France. Au niveau du saut d’obstacles on avait un peu de soucis et là ça va rebooster l’ensemble de l’équipe de France, ça va rebooster l’élevage Selle Français et j’espère qu’on refera un petit peu de sélection française. Rahotep pour moi c’est un Selle Français originel celui-là.


Je suis relativement fier de ce que j’ai fait. Je m’étais fixé des critères au départ et je m’y suis tenu. 10 ans après, j’étais champion de France des 5 ans, 15 ans après j’étais champion de France des 7 ans et puis je dirais 20-22 ans après j’ai une médaille d’or olympique. J’ai vendu mes juments poulinières à Michel Guiot. Cette année Karla a fait 5 poulains par transferts d’embryons. Michel continue comme je le faisais avant, il a raison. J’ai tout de même gardé quelques chevaux, par sentiment.


Qu’est-ce que tu as pensé du parcours de Rahotep ?


C’est un cheval particulier, qui a un équilibre particulier mais que Philippe Rozier gère vraiment très bien. Ils s’entendent vraiment bien tous les 2. Il a la force et il a le respect, il a vraiment pas envie d’en toucher une. Il est fort critiqué parce qu’il a un équilibre à la Quidam mais Philippe va bien avec lui.


Pour l’anecdote, je n’ai jamais imaginé avoir une médaille d’or aux Jeux Olympiques avec un cheval. Mon grand souhait, mon vœu de toujours c’était de gagner le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle. Là, on se souvient du cheval, contrairement aux JO où c’est le nom du cavalier qui reste. Quand Philippe a été sélectionné pour Aix-la-Chapelle, et qu’il avait quand même fait 2 beaux tours dans le Coupe des Nations, j’avais envoyé un SMS en disant : « Il y a eu Marcel pourquoi pas Philippe ? » Ça n’a pas marché en Allemagne. Mais, 40 ans après, que leur histoire olympique est belle.


Marius Huchin, naisseur de Sydney Une prince


On a vécu ça en vacances. C’est un moment inoubliable.


On avait acheté sa mère chez Bruno Brouqsault,. Je l’ai montée un peu en concours puis on l’a mise à l’élevage. Elle a fait un premier poulain avec Kannan puis Sydney avec Baloubet. La mère avait beaucoup de sang et sautait très, très bien. On l’a donc mise à Baloubet. Baloubet je ne vais pas dire que c’est ce qu’il y a de mieux mais c’est quand même top. Hier j’ai eu une personne au téléphone qui me demande si j’ai encore des Baloubet direct dans les pâtures. Ben non là j’en ai plus. J’ai du Number One. Il faut s’en servir maintenant... Sydney a été vendue l’année de ses 4 ans à François Badel qui l’a montée avant qu’elle ne passe sous la selle de Fréderic de Romblay. A la finale des 7 ans, Bosty a repéré la jument et à partir de là, François Badel la lui a confiée. François est un client fidèle qui nous a acheté plusieurs chevaux. Il se met tout doucement dans l’élevage. Cette année il a fait du transfert d’embryons avec la demi-sœur de Sydney, Variance, qui est chez Bosty aussi, il a fait du transfert avec Number One.


Beaucoup de naissances aux Princes cette année ?


On a eu une dizaine de naissances. 12 ou 13 juments sont pleines pour l’année prochaine. Voilà, ça se passe bien, on a déjà vendu quelques poulains qui sont nés cette année, il y en a encore à vendre. Dans les chevaux dont on va entendre parler, il y a Vendredi un Prince, un Number One, qui est sous la selle de Nina Mallevaey. Ce cheval-là, c’est un crack. Les gens en parlent beaucoup. A suivre à la finale des 7 ans... Pour la valorisation, on se débrouille nous-mêmes avec Carole ma femme, et puis on travaille un petit peu avec Juliette Faligot, et Nicolas Delmotte. Chez Nicolas on a Vérité qui va aller à Fontainebleau et qui fait bien parler d’elle.


Avec Nino des Buissonets, ce sont deux chevaux olympiques qui sont passés par le haras des Princes.


26/08/2016

Actualités régionales