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Livre« Mourir et puis sauter sur son cheval » De David Bosc - Par Jean-Louis Gouraud

Ceci est un avertissement à tous ceux qui, comme moi, ont été attirés par le titre étrange d’un livre paru dans les tout premiers jours de janvier : « Mourir et puis sauter sur son cheval », d’un certain David Bosc (Verdier, 2016).
Sachez-le : il n’est nullement question de chevaux dans ce petit bouquin. De plus, son titre n’est

Ceci est un avertissement à tous ceux qui, comme moi, ont été attirés par le titre étrange d’un livre paru dans les tout premiers jours de janvier : « Mourir et puis sauter sur son cheval », d’un certain David Bosc (Verdier, 2016).


Sachez-le : il n’est nullement question de chevaux dans ce petit bouquin. De plus, son titre n’est même pas de David Bosc : il s’agit d’une citation, d’un extrait d’un poème d’un poète russe, Ossip Mandelstam. Et, d’ailleurs, mal traduit, si j’en crois le meilleur spécialiste dudit poète, mon ami Henri Abril qui, dans sa lumineuse traduction des « Cahiers de Voronej », donne du quatrain d’où est extrait ce verset une version fort différente :


Le train roulait vers l’Oural. Un Tchapaïev parlant bondissait tout droit


Dans nos bouches ouvertes, depuis l’image de toile :


Voici qu’il allait, derrière une palissade, sur le drap,


Se noyer puis sauter d’un bond sur son cheval !


Je ne sais pas comment un traducteur a pu lire « mourir » quand il s’agit de « se noyer » - mais enfin, tout le monde connaît la formule : traduction = trahison.


Il ne faut toutefois pas en vouloir à David Bosc, car le jeune homme appartient à une catégorie menacée d’extinction, en ce qu’il paraît bien disposé à l’égard des poètes : le sujet de son petit livre, reconnaît-il, lui a été inspiré par un autre poète - égyptien, celui-là - Georges Henein. Dans un de ses carnets, ce dernier évoque brièvement le suicide à Londres, en 1945, d’une jeune fille - une certaine Sonia A., d’origine espagnole - qui, s’étant défenestrée complètement nue, eut droit à un procès posthume pour… attentat à la pudeur !!!


On comprend que cette histoire singulière ait donné envie à David Bosc d’en tirer un récit, un roman, un essai… Le texte que lui a inspiré cette tragédie est d’une grande beauté. Et le succès soudain qu’il semble connaître me paraît tout à fait mérité.


Ce genre de petit chef d’œuvre inattendu, qui illumine des rentrées littéraires souvent bien grises, me rappelle un cas semblable. C’était en l’an 2000. Les éditions Autrement avaient publié un merveilleux texte au titre mystérieux : « Una voce poco fa ». Son auteur(e), Sandrine Willems y racontait de bouleversante façon la mort - des suites d’une chute de cheval - de la plus célèbre cantatrice du XIXème siècle - elle-aussi d’origine espagnole - Maria Garcia, dite La Malibran. Ce bref récit, comme aujourd’hui le livre de David Bosc, avait fait ce qu’on n’appelait pas encore à l’époque (voici seulement 16 ans) un buzz.


Dans un article enthousiaste paru dans « Libération » (8 janvier 2016) la critique Frédérique Roussel remercie l’auteur de « Mourir et puis sauter sur son cheval » d’avoir « réhabilité Sonia A., folle pour son temps » en imaginant le journal intime qu’elle aurait pu écrire avant de se suicider.


Rassurez-vous : si, alléché par le titre, vous avez déjà acheté le mince ouvrage de David Bosc, n’ayez pas de regret. C’est un très bon livre. Il y est même question, page 37 (sur les quelque 80 pages qui le composent) de chevaux : « Pourquoi la tête du cheval nous émeut-elle si fort ? » s’interroge Sonia avant de se déshabiller et de se jeter, nue, par la fenêtre.


11/02/2016

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