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Le monde magique de Lunéville par Jean-Louis Gouraud

Le général L’Hotte – sauf le respect que je lui dois – n’est pas exactement mon idéal. Il n’empêche : de passage à Lunéville, où il est né (en mars 1825) et où il est mort (en février 1904), je me suis tout de même cru obligé d’aller lui rendre hommage.
Pas facile de trouver, dans l’immense cimetière de la ville,

Le général L’Hotte – sauf le respect que je lui dois – n’est pas exactement mon idéal. Il n’empêche : de passage à Lunéville, où il est né (en mars 1825) et où il est mort (en février 1904), je me suis tout de même cru obligé d’aller lui rendre hommage.


Pas facile de trouver, dans l’immense cimetière de la ville, l’emplacement de sa tombe. Aucun plan, aucune plaque ne l’indiquent, et aucune des personnes croisées en ces lieux n’ont pu me renseigner. Je m’en serais consolé si j’avais pu trouver la tombe de ses trois chevaux, Glorieux, Domfront et Insensé, paraît-il enterrés eux aussi dans les parages - pas vraiment dans le cimetière humain, mais non loin. Pareil : impossible de savoir où se trouve cette émouvante triple sépulture.


Émouvante parce que ces trois chevaux ont été zigouillés à la demande expresse du bon général, qui avait exigé par testament que ses trois dernières montures ne lui survivent pas ! C’est cette triste mentalité qui fait que, comme je l’ai dit dès le début, L’Hotte n’est pas vraiment mon idole… Même si je reconnais, bien sûr, sa place éminente dans l’histoire de l’équitation à la française.


Cavalier exceptionnellement doué, celui qui passe (sans qu’on sache exactement ce que cela veut dire) pour avoir « réconcilié d’Aure et Baucher » en ayant « réalisé leur synthèse », ce militaire qui ne fit jamais la guerre, en une époque où pourtant elles ne manquaient pas, fit en revanche comme écuyer une brillantissime carrière dont un des sommets fut sa nomination à la tête de l’École de Cavalerie de Saumur.


Les organisateurs des « Rencontres équestres » qui viennent de se tenir (du 16 au 21 juin) à Lunéville, pour la cinquième année consécutive, voulant peut-être renouer les liens qui, grâce en effet au général L’Hotte, ont été tissés autrefois entre les deux villes, ont eu la bonne idée de convier le Comité Équestre de Saumur, animé par le dynamique Jean-Christophe Dupuis, à présenter dans une des ailes du Château des Lumières – grandiose palais des ducs de Lorraine – les plus belles pièces ayant participé à Ar(t)cheval, le célèbre rendez-vous annuel de la création artistique contemporaine sur le thème du cheval.


Autre présence forte : les dix colonnes alignées dans le parc du château, au sommet desquelles le sculpteur-cavalier Jean-Louis Sauvat a installé l’année dernière des chevaux de métal. Ces dix chevaux qui caracolent dans le ciel, explique-t-il, ce sont les âmes des dix mille, des cent mille, des millions de chevaux qui ont fait de Lunéville une capitale de la cavalerie française.


Ce statut de haut-lieu équestre, les autorités municipales, départementales et régionales entendent bien le conserver et, mieux, le faire vivre, en organisant de joyeuses « Rencontres équestres » qui, cette année encore, ont connu un incroyable succès populaire, drainant une foule nombreuse d’amateurs de belle équitation, mais aussi de badauds ravis de voir des chevaux, et de s’extasier de toutes les merveilleuses galipettes qu’on peut leur faire faire.


Il faut saluer, parmi d’autres, la qualité du travail des chevaux en liberté de Sylvie Willms, l’originalité de la prestation chantée de Sabrina Sow, l’inventivité et la drôlerie de la compagnie L’Art-est-Cabré. Il faut saluer aussi la vitalité de l’organisatrice, Mahaut Wagner, et son habileté à savoir faire cohabiter des genres, des styles si différents, allant du « concert littéraire » (par le baryton-cavalier Jacques L’Oiseleur des Longchamps, accompagné au piano par l’excellente Stéphanie Humeau) aux clowneries charmantes (et intelligentes) de Pierric avec ses chevaux miniatures, ou la féérique « Cavale » de la compagnie Jehol, en passant par des projections de films, des conférences, des promenades en calèche, des dédicaces et des parades (inoubliable « cavalcade fantasque » de la compagnie Transe-Express).


À ceux qui – bizarrerie incompréhensible – ne s’intéresseraient pas aux chevaux mais seraient de passage à Lunéville, je suggère la visite d’un délicieux petit musée, situé dans une des ailes (à droite en remontant vers le bâtiment principal) du château qui abrite le Conservatoire des Broderies de Lunéville. Ils pourront y contempler d’affriolantes dentelles, de délicieuses guêpières présentées dans une exposition intitulée « le monde magique du corsetier ». Dépêchez-vous : elle fermera ses portes en mars 2016.


23/07/2015

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