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Le marché : ce qu’ils en pensent

Quelques organisateurs et acteurs directs analysent le marché d’aujourd’hui et ouvrent des pistes pour demainEquita’Ventes : « Connaît pas la crise »Michel Levrat, président de l’ASECRA, a confiance Photo 1 sur 1
dans les ventes à l’amiable qui se dérouleront lors du Salon d’Equita’Lyon fin octobre.

Leur spécificité

« Nous sommes, au sein d’une association (L’Asecra), 5 bénévoles à les organiser, avec l’aide d’Equita pour le matériel : donc pas de commission, ni de pourcentage sur la reprise des chevaux. Notre préoccupation première a toujours été de bien orienter le rapport qualité/prix qui correspond au marché et d’être raisonnable dans ces prix. Cela inclut le conseil à l’éleveur sur le prix de vente de son cheval. » 

Les sélections

Nous opérons nos sélections lors des concours locaux en Bourgogne et Rhône-Alpes début septembre, sinon les éleveurs n’ont pas le temps de préparer leurs chevaux. Nous avons juste le temps de publier dans notre site les chevaux sélectionnés (il y en a qui se vendent via le site avant même la vente), et d’envoyer nos catalogues, notamment en région PACA.

Les chevaux présentés suivront la même logique que l’an dernier : ce n’est pas un marché ciblé sur l’élite car à Equita il y beaucoup d’amateurs avec leur coach. Il faut savoir avoir des chevaux à tous les prix, foals, poneys et chevaux.

Leur force

Nous avons de gros atouts : l’écrin fantastique qu’est Equita’Lyon, la date car novembre est une très bonne date pour les chevaux de 1, 3 ou 4 ans. Enfin, le sérieux dans le rapport qualité/prix de notre sélection. Et pas de commission demandée à l’éleveur. L’an dernier la moitié des chevaux étaient vendus trois semaines après. Or on parlait déjà de la crise... Et puis voir les résultats des chevaux que nous avons vendus fait revenir les acheteurs.
Nash : « On va faire le gros dos »

Jean Rollet, éleveur dans la Manche, responsable au sein de l’Agence Nash des relations avec l’administration et les associations, nous répond. Sans langue de bois.

Etat du marché

2009 c’est une mauvaise année. Ce n’est pas l’argent qui manque, mais les gens ont peur, ils épargnent. Quand cela redémarrera, il y aura un grand appel d’air, cela devrait intervenir l’an prochain. De plus, le marché a changé. La qualité des chevaux s’est énormément améliorée en dix ans et les acheteurs sont de plus en plus exigeants. Les chevaux moyens sont sacrifiés depuis l’an dernier. Il n’y a que les très bons qui se vendent. Les éleveurs souffrent. Ceux qui ont des chevaux présentés (les 3 ans de l’an dernier) ne demandent pas de prix de réserve. Et les 3 ans sont une génération sacrifiée. La moyenne d’un 5 ans se vend aujourd’hui autour de 15 000 €, alors qu’il devrait se vendre

22 000 € pour que l’éleveur ne perde pas d’argent. C’est très dur. L’international se dégrade aussi. Les chevaux français sont réputés chers. Les Belges et autres européens qui achetaient chez nous sont partis. Il n’y a plus que les Suisses qui achètent.

Les perspectives

Nous présentons plus ou moins 150 chevaux; 34 d’entre eux ( les top price) sont à 30 000 €. Les 3 ans varient entre 6 et 7 000 €. Nous vendrons, mais pas beaucoup. Mais je garde une vente d’avance. Mon but est de passer cette année, de faire le gros dos. Pas de sinistrose. Quand cela va redémarrer cela va redémarrer très fort. Ceux qui ont fait du poulain dès l’an dernier vendront sans problème à 4 ans.

Atouts de la vente/les acheteurs

Nos vrais atouts, c’est de présenter un rassemblement de chevaux qui correspond à ce que les gens cherchent, la visite vétérinaire passée, la certitude d’un bon élevage, et puis... c’est confortable. Nos acheteurs sont des utilisateurs dont c’est le métier. Les bons cavaliers qui ont des sponsors. Ceux-là achètent chaque année. Les propriétaires qui voient leurs chevaux gagner en grand prix en redemandent; c’est une passion pour eux. Ces passionnés-là ne cesseront jamais d’acheter.

L’avenir de la filière

Il n’y a pas de secret : la société-mère du cheval est notre avenir. Il faut se lancer dans la SHF maison mère, avec un bureau par race. Si on n’y arrive pas je ne vois aucun avenir à la filière. Ce qui est dommage c’est que la SHF ne communique pas assez : c’est une vieille dame. (La filière est morcelée et divisée, ndr) il y a trop de petits syndicats locaux, mais c’est en train de changer : l’Adecno va se suicider le 31 décembre et être intégrée à la FNSF; les éleveurs normands ont tout à y gagner.
Roger-Yves Bost : écrémage nécessaire

Roger-Yves Bost confirme que les chevaux intermédiaires ne se vendent pas bien, les chevaux qui sautent 1m,35, par exemple. Il constate que le marché a baissé : on ne voit plus de marchands étrangers sur les cycles classiques comme avant, les Belges, Espagnols ou Italiens : « Ils savent que les chevaux français sont chers. Nous avons beaucoup de jeunes chevaux, mais les très bons ne sont pas mis à la vente. Nous devons faire de la qualité, améliorer les services : la qualité de la visite, un cheval bien dégrossi, bien élevé. Car même la qualité ne suffit plus, les acheteurs veulent tous un cheval de grand prix. Les éleveurs devraient faire une visite véto au jeune cheval avant de le présenter; il y aurait ainsi un écrémage utile pour toute la filière. »

Mais il est plutôt optimiste pour l’avenir : « Il n’y a pas que la crise. Les résultats de l’équipe de France à la coupe des Nations vont avoir des effets sur le marché français. »

Pour vendre mieux ? « Il est essentiel que les chevaux sortent, soient vus, car les acheteurs veulent des chevaux clés en mains. Les jeunes chevaux de deux ou trois ans à gros potentiel se remarquent, et se vendent tout seuls. »
Michel Bouteille : assainir le marché

Michel Bouteille a ouvert il y a 3 ns une société de courtage et conseil : « Je veux faire le bon couple ; j’agis comme un courtier : j’aide l’acheteur dans toutes ses démarches. J’essaie de faire bouger le marché. » Il adhère à la Chambre Syndicale du commerce des chevaux, conscient qu’il y beaucoup à faire : « Il y a eu tant d’abus : des marchands ont fait un peu n’importe quoi au nom de l’argent facile. De jeunes moniteurs viennent me voir parce qu’ils se sont fait rouler. Un client a acheté un cheval 17 000 € et n’a toujours pas la visite, cela n’est pas admissible. A la Chambre Syndicale François Roemer et son équipe ont fait du gros travail : après l’acte de vente, on mène une réflexion sur les commissions, et nous réfléchissons aussi à comment protéger le vendeur. »

Le marché du cheval est « tiède » : « Il y a eu tant d’abus on a pris les gens pour des vaches à lait. Cela n’a qu’un temps. Aujourd’hui dans les 5,6 ou 7 ans le prix de vente est entre 10 000 et 15 000 €; les acheteurs cherchent un mouton à 5 pattes à 6 000 €. Le prix a trop longtemps été aléatoire « à la tête du client », que vous veniez en Ferrari ou avec une vieille voiture. » François Roemer se bat contre cela : « Notre chambre syndicale nous permet de conduire un vrai projet de rénovation de notre profession. Elle nous permet de discuter avec les pouvoirs publics au plus haut niveau. Elle nous donne la force pour reconstruire une image abîmée par l’amateurisme qui a trop longtemps prévalu. »
Le Selle Français : répondre à la crise

Un gros projet est en cours à L’ANSF : il a pour but l’aide aux éleveurs dans les régions, orphelins face au désengagement de l’Etat et des Haras Nationaux, et la promotion du SF à l’Etranger. Pour cela le projet est financé à 50 % par le SF et 50 % par le Fonds Eperon. A l’AG de l’ANSF en juillet M. Dassonville a déclaré : «  Nous n’a pas vu dans les 30 dernières années pareille initiative. Nous demandons aux Associations Régionales d’éleveurs de s’impliquer dans la mise en œuvre de ces projets. » Qu’en est-il ? L’aide à tout va et le bénévolat ont leurs limites. L’ANSF, pour se professionnaliser, embauche 4 personnes pour aider les associations régionales à s’organiser, promouvoir le SF, et orienter les acheteurs étrangers : fixer l’offre (Qualité/catégorisation) et promouvoir l’offre. Quatre régions, à travers leurs associations d’éleveurs y participent : la Normandie, la Bourgogne/Rhône-Alpes/Franche-Comté, les Pays de Loire/Centre/Poitou Charente, la Lorraine (et peut-être l’Alsace), et enfin Midi-Pyrénées pour une personne à mi-temps. Enfin, communication est entreprise avec deux pays étrangers, l’Italie et l’Espagne. Le projet démarre au dernier trimestre 2009. L’avancée du projet sera examinée par un comité de pilotage pour le réorienter en cas de besoin. Ce comité est formé par le Fonds Eperon, la SHF, des marchands de chevaux, l’Unic et une représentativité des présidents de région. Car il est urgent de « jouer collectif », de construire une vraie dynamique française. Les autres stud-books travaillent par mutualisation des éleveurs, qu’ils aient une ou plusieurs poulinières. C’est leur force.

21/08/2009

Actualités régionales