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L’Auvergne à cheval

  • Aventure et grands espaces pour terrain de jeu
    Aventure et grands espaces pour terrain de jeu
Le jeudi 6 novembre avaient lieu, à Polydôme, les premières assises du tourisme équestre. L’occasion, pour les professionnels, de faire le point sur la situation actuelle et de mesurer le chemin restant à parcourir. Revue de détail d’une activité en pleine expansion.


Terre des grands espaces où la nature préservée côtoie les technologies de pointe, l’Auvergne a conservé une attractivité touristique forte. Avec 4 000 kms de chemins balisés et deux parcs naturels régionaux couvrant à eux seuls plus de 27 % de la surface du territoire auvergnat, les inconditionnels du tourisme équestre comme les randonneurs occasionnels ont sous les sabots de leurs chevaux un terrain de jeu taille XXL.


Un secteur en plein essor


L’Auvergne accueille chaque année plus d’un millier de cavaliers propriétaires issus de toute la France pour un chiffre d’affaire aux étapes estimé à 330 000 €. 16 centres de tourisme équestre labellisés, 12 circuits balisés et plus de 150 hébergeurs, permettent des randonnées de quelques heures à 12 jours avec des altitudes allant de 400 à 1 856 m (plomb du Cantal) selon les professionnels du secteur. Au cours des 4 dernières années, on a pu constater une augmentation du nombre de licences « tourisme » de 10 %. Dans le même temps, le chiffre d’affaire généré en Auvergne a connu une progression de plus de 15 %. Un engouement principalement imputé à la présence du CRTE sur les salons de Lyon, Paris et Avignon grâce aux soutiens financiers de la DRAAF et du comité régional de développement touristique en Auvergne.


La demande croissante d’une clientèle étrangère, principalement belge, luxembourgeoise, allemande et suisse, pour des produits packagés fait suite à la campagne de communication à l’internationale orchestrée par le CRTE. Pourtant, l’offre peine à se développer et, selon le président du CRTE d’Auvergne, Jean Madamour, seulement 4 prestataires proposent des produits clé en main. Si le potentiel de développement est bien là, il semble se heurter à la frilosité des banques qui rechignent à suivre un secteur qu’elles connaissent peu.


Pour Alain Groslier, président du CDTE, l’aspect saisonnier de l’activité n’est pas un frein insurmontable. « En période estivale, la clientèle étrangère est majoritaire, pour des randonnées sur plusieurs jours, tandis que la clientèle locale est plus présente au printemps et à l’automne pour des offres plus courtes. Sur l’année, la clientèle étrangère représente près de 50 % de la fréquentation ». Pour cet éleveur de vaches Salers venu à la randonnée équestre en diversification agricole, « le ressenti de la clientèle, qu’elle soit locale ou étrangère, est excellent, mais l’activité souffre d’un nombre de circuits trop limité et les existants ont besoins d’être entretenus ».


Concilier randonnée équestre et préservation du patrimoine


Site prestigieux doté d’un patrimoine naturel d’exception, le parc des volcans d’Auvergne, comme tous les parcs naturels régionaux, est protégé règlementairement par l’état en concertation avec les instances locales. Son territoire, qui comprend 4 réserves naturelles nationales, fait l’objet de toutes les attentions. Ainsi, la protection de ces réserves, qui ont chacune une règlementation spécifique, prévoit l’encadrement de la majorité des activités de pleine nature, voire même l’interdiction de certaines pratiques sportives comme le VTT ou le motocross.


Sur la réserve Chastreix-Sancy, il n’y a, pour l’heure, pas d’interdiction formelle, mais un projet de règlementation est à l’étude visant à concilier pratique de la randonnée équestre et préservation de la nature. Il est d’ailleurs recommandé, en raison de la complexité du parcellaire, d’emprunter les itinéraires équestres identifiés, lesquels font l’objet de convention de passage et garantissent un accès autorisé et sécurisé. Bon sens et civisme imposent donc une attitude respectueuse de l’environnement.


Selon Thierry Leroy, conservateur de la réserve naturelle Chastreix-Sancy et coordinateur des réserves naturelles en Auvergne, « La quasi-totalité des pratiquants désireux d’emprunter des passages hors accès libre en font la demande, ce qui, compte tenu de la faiblesse de la demande, ne donne pas lieu à interdiction ». Selon lui, « cela permet de suivre l’évolution de cette fréquentation, qui peut avoir un impact notable sur les sentiers des crêtes »


Un site prestigieux source d’inquiétudes


En juin dernier se tenait à Doha (Quatar) le 38e comité du patrimoine mondial de l’UNESCO. La France y présentait deux candidatures à l’inscription dont celle de la chaîne des volcans/faille de la Limagne qui a fait l’objet d’un renvoi pour réexamen rapide. Par cette décision, le comité du patrimoine mondial reconnait la valeur universelle exceptionnelle du site. Une étape majeure vient donc d’être franchie qui augure d’une inscription à court terme, ce qui apparaît comme une source d’inquiétude pour certains professionnels qui craignent un durcissement de la règlementation quant à l’accès de certaines zones aux randonneurs équestres. D’après Christine Montoloy, chef de projet « gestion de la chaîne des puys », « ce n’est pas forcément un axe de travail, mais la pratique équestre que le parc a mis en place voilà plusieurs années n’est pas remise en cause en tant que telle. Les chemins balisés pour l’équestre le reste. L’enjeu est une meilleure prise en compte de ces édifices volcaniques, de leur fragilité et de leur intérêt paysager et pédagogique ainsi que la prise en compte des usages existants en qualité de site naturel habité et de la conciliation nécessaire de tous ces usages pour un site qui est déjà très prisé que ce soit localement ou par les touristes....Il est vrai qu’on a enlevé une partie, sur les zones les plus fragiles, notamment sur la montée aux sommets des puys, par rapport à l’équestre car on est sur des sols et des sous-sols volcaniques très jeunes, très friables dans ces secteurs-là. Mais cela ne concerne qu’une petite partie du territoire... Il n’y a pas de fiche « action » qui cible les équestres dans le plan de gestion. Ce qui peut arriver, c’est que sur certains sites, et notamment les sommets des volcans, on laisse ouverte la randonnée pédestre mais qu’on limite les autres usages parce qu’on n’arrivera pas à tenir les chemins face à l’érosion. »


Favoriser le développement de l’activité


Si développer l’offre paraît être essentiel, communiquer sur celle-ci l’est tout autant. Créé il y a moins d’un an, le site www.randonnee-cheval-auvergne.fr a reçu plus de 4 500 visiteurs pour plus de 30 000 pages consultées et abouti sur plus de 500 contacts. A terme, l’objectif est de faire de ce site une plateforme d’échange entre les utilisateurs et les professionnels du tourisme équestre. En outre, il facilite l’accès, au plus grand nombre, à une base de données régulièrement enrichie en carte, hébergeurs, assistance et point d’attrait touristique.


Le résultat actuel fait d’ores et déjà apparaître une demande plus importante que l’offre proposée.


Pour les 2 années à venir, le CRTE prévoit de recruter un à deux collaborateurs qui auront pour mission d’actualiser les circuits existants, créer de nouveaux circuits montés et attelés, répertorier de nouveaux hébergeurs pour cavaliers et chevaux, créer un tissus relationnel avec notamment les parcs et offices de tourisme et accompagner l’aménagement d’un pôle équestre touristique et de pleine nature à Chalinargues (15), tout en pérennisant la présence du CRTE d’Auvergne sur les salons d’Offenburg (Allemagne), de Wallonie (Belgique), de La Roche sur Foron (Suisse) et en investissant le salon du cheval de Vérone en Italie.


18/12/2014

Actualités régionales