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La Baule : grandissime

CSO La Baule (72) 12-15 mai Un G 20 du cheval, un sommet mondial du sport équestre, un pélerinage des fans, une vitrine des courants de sang, une mosaïque des équitations : La Baule, c'est tout cela. Dans ce stade François-André survolé par les mouettes, inondé de soleil, Photo 1 sur 2
plein à craquer chaque jour, que l'addiction compulsive aux sauteurs est douce. René Pasquier aura encore réussi un grand cru avec 2011. Satisfait du devoir accompli, il pouvait promener sa haute silhouette débonnaire et rieuse dans les allées du stade, fendant la marée humaine qui déferla pendant trois jours.

La Coupe jusqu'à la lie, ce fut le lot du quatuor français désigné par Henk Nooren. Performances, contre-performances, c'est la loi du sport. On avait misé sur un scénario identique à celui de 2010. Il y eut loin de la coupe aux lèvres. Je ne vous raconterai pas par le menu cette crispante après-midi. Tout avait pourtant bien commencé avec un petit point de temps dépassé pour Pénélope et Topinambour. Las. L'obstination de Silvana à refuser dans la triple barre plomba l'ambiance, les points de Michel Robert semèrent le doute sur la fraîcheur de Kellemoi de Pépita. Heureusement, Simon Delestre et Napoli du Ry (0+4) sortirent le grand jeu. Fort dans sa tête, Simon. Il a sauvé l'honneur. Et finalement, de rebondissements en sans-faute, c'est la verte Irlande qui s'empara du monopole après les défaillances belge et allemande. Reste que la seule double performance revient à Judy-Ann Melchior et son immaculée As Cold As Ice Z, de feu et de sang Z, fille de Artos.

Le GP de dimanche, ?uvre de Frédéric Cottier et Serge Houtmann, a levé les doutes. Kellemoi est double sans-faute, Simon sort à 4 points avec Vancouver DML qu'il testait ici. Un atout de plus dans son piquet. Pénelope et Mylord : somptueux, à 20 centièmes des intouchables champions olympiques, vainqueurs; Julien Epaillard/Mister Davier (0+12); Olivier Guillon/Lord de Theize (1 pt). Retransmis en direct sur Eurosport, le Grand Prix a débuté à midi et s'est terminé à 14h30. Il y eut un flottement de quelques minutes avant la proclamation définitive des résultats : le barrage d'Eric Lamaze fut examiné à la vidéo, le franchissement de l'obstacle EADS était sujet à discussion. Le cheval ayant sauté très fort et très haut, on pouvait avoir l'impression que les postérieurs étaient passés en dehors du fanion. Vidéos et photos ont montré que non, Hickstead avait bien franchi l'obstacle dans les conditions règlementaires. Bonne tranche horaire finalement qui laisse du public aux épreuves suivantes. Les tenors du 2 étoiles ont eu leur lot d'applaudissements : Jacques Bourven/T (Farmer), Caitlin Ziegler (USA)/Valencia (Quidam), Bruno Rocuet/Hastings (Laudanum), Thibault Pigeon/Jasmin du Perron (Palestro). Alexandra Rantet/Nangaye de Kergane, Margaux Rocuet/Lagune de Kreisker, Guillaume Batillat/Psyché d'Amour et Lisa Kircher/Chapparal ont eu leurs moments de bonheur aussi.
Une seule Marseillaise

Rare Marseillaise dans le 5 étoiles. Une seule. Grâce à Franck Schillewaert et Norway de la Lande (Narcos). Les victoires SF ont été rares. On les doit à René Lopez, très en forme à La Baule, avec Nestcape du Mirador (Quidam) et Noblesse des Tess (Cumano). René, 4e du GP EADS avec Canagan du Mont (Kannan) a porté le brassard du meilleur cavalier jusqu'au Grand Prix. Dans le trio de tête , au fil des épreuves, on retrouve Orient Express (Quick Star) et Patrice Delaveau, 3e, Nikita d'Elle (Richebourg-Papillon Rouge) et Bosty, 2e. Dans le GP French Tour EADS, Made in Semilly (Allegreto-Le Tot) et Florian Angot, Nippon d'Elle (Scheriff d'Elle-Narcos) sont double sans-faute.

Le derby, fabuleux derby, est gagné par un SF sous selle anglaise : le couple William Funnell/Kanelle de la Baie, une fille d'Allegreto et de Gracia du Poncel x Rivage du Poncel née chez André Jean Belloir dans la Manche. Sortie dans son année de 6 ans par Romain Bourdoncle, elle passa ensuite sous les selles de Thomas Rousseau et Nicolas Garrigues avant d'être vendue en 2006. William Funnell l'avait préparée au derby de La Baule sur le cross de Fontainebleau. Avant-dernier à partir, le couple sort sans-faute de l'épreuve et plus vite que Julien Epaillard/Commissario, les plus rapides au provisoire; 3e, le Belge Jérôme Guéry/Ramiro de Belle Vue (SBS) x Mozart des Hayettes, 4e Philippe Le Jeune et son phénoménal Querlybet Hero (Baloubet du Rouet). Les seuls sans-faute.

La victoire est belle pour le Selle Français, mais c'est le God Save The Queen que l'histoire retiendra.

Les classements ici : http://www.lecheval.fr/actualite-regionale/pays-de-la-loire/sport/13478-csio-la-baule-72-12-15-mai.html

Notre galerie photos : http://www.lecheval.fr/galeries-photo/category/47-la-baule-en-images.html
Etienne Robert

French Tour EADS

Classement provisoire après l'étape de La Baule

? 1er ex-æquo Penelope Leprevost et Simon Delestre - 11 points

? 3e Philippe Rozier - 9 points

? 4e ex-aequo Patrice Delaveau et Michel robert - 6 points

La Baule : échos des (ça)vannes

Jeudi

René Lopez, cavalier colombien installé en Lorraine, gagne deux des quatre épreuves de la journée, le prix Ouest France, sur Netscape du Mirador (SF, Chestnut/Quidam de Revel), et le prix du Conseil Général de Loire Atlantique, sur Nobless des Tess (SF, Cumano/Philadelphia).

Vendredi : Coupe

des Nations

Le terrain de la Baule c'est un souffle? les gradins l'encerclent et plus que partout ailleurs. L'attente, la déception ou la joie bruissent au rythme des foulées des chevaux. Les deux refus de Silvana, sous la selle de Kevin, puis son abandon, sonnèrent le glas des Frenchies à la coupe des Nations. Et comme l'esprit français tue plus vite qu'il n'encense, il y eut des murmures et des constats amers : « Elle est morte, elle en fait trop ». « Normal, où sont les SF ? ». Discutions à bâtons rompus : « Que fait le sélectionneur ? ». Une propriétaire répond à juste titre : « Nous l'avons emporté l'an dernier. Le cheval c'est ça ». Parole sage. Parce que la France est la première des Nations depuis 2003 en nombre de 1res places, avec 4 victoires : en 2003 et 2004, 2009 et 2010, l'Allemagne compte 3 victoires. Ne l'(les) oublions pas.

Samedi : Le Derby

Le Britannique William Funnel a remporté le derby sur la jument SF Kannelle de la Baie. Echo d'un éleveur : « C'est un Selle Français », comme pour se consoler de l'absence de SF dans ce type de concours internationaux. Julien Epaillard, deuxième pour la troisième saison de suite avec le gris Commissario, « aimerait bien le gagner un jour » ; les spectateurs également, qui l'ont prénommé ?« Le Poulidor des Derbys ». Il faut savoir que l'étalon « s'est blessé fin décembre à Londres. Avec un mois de repos au boxe et un autre mois de pas en main, je n'ai pas pu préparer le Derby comme je le voulais ». 7 secondes le séparaient de la victoire. Si l'on en croit Sabrine Delaveau, nos cavaliers sont très seuls si l'on compare leur situation à celle d'autres sports. Ne l'(les) oublions pas.

Dimanche : Grand Prix

Marcus Ehning (hé oui, lui aussi peut avoir des jours « sans »), 8 pts, sort du terrain. « Bon retour en Allemagne », dit le commentateur. Un peu court et violent. « Oui mais lui ne paiera pas la TVA, pour son engagement », ironise un éleveur breton. Michel Robert s'élance et? c'est un sans-faute. Ceux qui (mé) disaient la veille « faut laisser la place aux jeunes » applaudissent. Pénélope Leprévost, seule femme au barrage, est deuxième, avec son Mylord Carthago (SF, Carthago/Fragance de Chalus). Le public est comblé, et un petit chien raccompagne le couple ravi. Ne l'(les) oublions pas. Oublié DSK. La famille française au grand complet a partagé un vrai moment de bonheur.

Echos dé-bridés

Vitrine de notre savoir-faire, La Baule est un é(crin) dans la douceur angevine. Terrain en herbe, organisation parfaitement huilée, respect du public, des cavaliers, de la presse, la classe française. Derrière le lustre, divers échos. Dans le village c'est (trop) calme selon les exposants. Cette reprise, c'est pour demain ? Rien n'est moins sûr. Les éleveurs avouent que les jeunes chevaux ne se vendent pas. La saison de monte ? Trop calme, ou trop tardive. La règle des 80/20 est dérangeante et le monde du cheval n'y échappe pas : « 20 % d'éleveurs saillissent 80 % des juments ». A Saint-Lô lors du tour de France des étalons l'optimisme régnait pourtant. Mais on danse. Le samedi soir des pas de deux résonnèrent tard au village. Bretons et Vendéens ont partagé la joie d'un moment. Les épreuves handi-sport (programmées trop tard, devant un public réduit de moitié, comme de coutume) ont ravi les couples Pignolet et Le Fustec, entre autres. Une belle leçon de ténacité et de passion. Ne l'(les) oublions pas.

Carine Robert

Brève rencontre avec Sabrine Delaveau

« Confessions cavalières » de Sabrine Delaveau fait un tabac. Rencontrée à La Baule où elle dédicaçait sur le stand de la sellerie Butet, elle nous en dit un peu plus sur la façon dont s'est construit ce livre et sur ses projets. Car il y a une autre saga en préparation.

Comment vous est venue l'idée d'écrire ce livre ?

En fait ce n'est pas moi qui ait eu l'idée, c'est Jérôme Garcin. Il avait cette idée de livre en tête depuis un moment déjà et m'a dit que j'étais sûrement la personne la plus apte pour le faire, de par mon passé journalistique et ma proximité avec tout ces champions depuis 12 ans.

J'ai donc commencé à m'y mettre au mois d'avril 2010 et j'ai tout rendu le 20 janvier. Voilà. Cela a été un travail très intense pendant 8 mois.

Comment les gens que vous avez interviewés ont-ils réagi à cette idée ?

Dès le départ j'avais listé tous les gens avec qui j'avais envie de faire ça. Je les ai tous appelés en leur expliquant ma démarche. Je voulais être sûre qu'ils jouent vraiment le jeu, qu'ils me donnent tout, qu'ils me fassent suffisamment confiance pour vraiment se mettre à nu. Je voulais être sûre de ça avant de commencer. Tout le monde a joué le jeu sans se douter que ce serait à ce point-là et sans se douter que ce serait finalement assez difficile à faire pour eux.

Les avez-vous rencontrés plusieurs fois ?

Il y en a certains que j'ai rencontrés plusieurs fois, oui, parce que ça n'a pas été facile pour tous de « s'allonger sur le divan ». Au fur et à mesure ils se sont ouverts et se sont laissés aller. D'autres ont joué le jeu directement parce qu'ils avaient compris. Il fallait de la confiance.

La sélection, vous l'avez faite comment ?

En fait, je voulais vraiment que tous aient leur propre spécificité. Par exemple j'ai choisi Bernard Lecourtois - c'est le seul que j'ai pris dans ma sphère - pour pouvoir parler à travers lui de la relation cavalier-propriétaire qui est une donne essentielle du jeu dans ce sport. Après j'ai pris Jean-Marc Nicolas, car au-delà de l'homme et du champion, je voulais montrer ce qu'était la dureté de ce sport, la difficulté pour des cavaliers qui ne sont pas sélectionnés alors qu'ils auraient leur place, difficulté quand des chevaux quittent leur écurie à leur insu. A travers lui je pouvais aborder ces sujets-là.

Il y a des accents durassiens dans votre façon d'écrire?

Marguerite Duras est quelqu'un que j'admire énormément mais répondre à cette question c'est un peu compliqué pour moi.C'est quand même un sacré compliment.

Le livre se vend bien ?

Il se vend super bien. Là on est à La Baule et j'atteins les 100 exemplaires en 4 jours. Je suis super heureuse que autant les pros que les amateurs s'y retrouvent et ça c'est énorme parce que les amateurs ont l'impression d'entrer dans un monde qu'ils admirent et dont finalement ils se sentaient très, très éloignés. Ils imaginaient finalement que ces grands champions baignaient dans la facilité et que s'ils étaient au haut niveau c'était que tout roulait, alors que finalement ce sont des gens qui ont les mêmes problèmes qu'eux. Les professionnels me font tous cette réflexion : « Il y a 20 ans que je côtoie ce gars et je ne le connaissais pas ». Ils sont tous tellement compétiteurs qu'ils ne se mettent jamais « à nu » quelque part avec leurs collègues. Ils n'ont pas d'intérêt immédiat à le faire, donc finalement quelque part ils se découvrent un peu. Mais pas à pas.

Vous avez des projets dans cette veine-là ?

Jérôme Garcin m'a tout de suite dit dès que j'ai rendu mon livre : « Bon celui-là, tu l'oublies, il est fini. Maintenant tu te projettes tout de suite sur un autre ». Donc je suis partie directement sur autre chose : c'est une biographie de Rodrigo avec Neco à travers toute l'histoire de la famille Pessoa. Ça n'a jamais été fait et je trouve que c'est dommage. Ce ne sera pas un livre technique mais l'histoire romanesque d'une famille. Bien sûr tout tourne essentiellement autour de Rodrigo car aujourd'hui le présent et l'avenir c'est lui.

L'éditeur, vous l'avez trouvé facilement ?

Oui. Cest Jérôme Garcin qui m'a présenté Jean-Louis Gouraud et qui m'a aidée finalement à mettre tout en place. Jean-Louis aurait pu s'imaginer que, étant femme de cavalier, j'allais faire un truc extrêmement complaisant, du genre Bisounours. Ce ne fut pas le cas.

Et Garcin, que pense-t-il de ces « confessions » ?

Il a adoré. Enfin je ne peux pas parler à sa place mais il m'a dit que ce sport méritait d'avoir de grandes figures emblématiques dans lesquelles tous les cavaliers en herbe, tous les amateurs puissent se retrouver. Il pense que ce genre d'ouvrage manquait à ce sport, par ailleurs bien pourvu en livres techniques.

Sabrine Delaveau c'est qui ?

C'est la femme de Patrice, c'est la maman de Capucine et Valentine. A la base je suis journaliste sportif c'est vraiment ce que j'aime. Avant les chevaux, je peux le dire, j'aime le sport, j'aime voir les compétiteurs se concentrer avant de passer en piste, j'aime, comme à Lexigton, les voir monter en pression tous, se battre, revenir de nulle part, voir Kevin après sa première manche et nous sortir le sans-faute qui nous permet de passer en seconde manche, nous éviter l'humiliation de ne pas passer en seconde manche alors qu'il n'était pas au mieux de lui-même. Moi c'est ça que j'aime, c'est vraiment les voir se sublimer. Comme dans tous les sports.

Femme de cavalier, c'est compliqué à vivre ?

C'est d'une très grande intensité, dans les bons moments comme dans les mauvais. Ce sport est vraiment spécial. Dans les autres sports, les athlètes sont vraiment portés, entourés, drivés par des agents, par des gens qui leur facilitent la vie. Dans l'équitation il n'y a rien. Les cavaliers sont seuls. Ils doivent être chefs d'entreprise alors qu'ils ne sont pas du tout formés à ça, ils doivent savoir tout faire. Et donc la femme de cavalier est là aussi pour le soutenir dans un mélange des genres qui n'est pas toujours évident. Il faut savoir tout faire et être là dans les bons et les moins bons moments. Il y a la vie de famille, mais en même temps ça nous permet aussi d'être dans le bain avec eux alors que dans d'autres sport où la vie sportive est généralement de 10 ans, les compétiteurs sont plus isolés de leur famille. Chez nous, c'est du long terme, ça dure toute une vie. C'est toujours très intense.

19/05/2011

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