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Journée des présidents à la SHF

Marc Damians a réuni les présidents des ARE (Association Régionale d'Elevage) fin janvier à la SHF. Seize ont répondu présents. Intéressant tour d'horizon avec les responsables de l'IFCE, de l'Unic, du Fonds Eperon et du GESCA. Photo 1 sur 2
Journée studieuse et pleine d'enseignements, journée de mise à niveau et d'information donnant l'occasion aux présidents de région de pouvoir échanger ou de se familiariser avec tel ou tel instrument au service de la filière. Ce fut le cas en particulier avec l'UNIC dont personne (ou presque) ne connaissait le rôle. Jean-Yves Camenen, son directeur, en a fait brièvement l'historique et mit en lumière ses actions tournées vers l'international. L'UNIC vit avec un budget de 560 000 € annuels assurés à 40 % par le fonds Eperon, à 12 % par les cotisations de ses membres et partenaires et pour le reste par ses prestations facturées. L'UNIC agit dans tous les domaines de la formation, de l'information, de la promotion de toutes les activités qui touchent le cheval. Que cet organisme soit plus connu en Chine ou en Colombie qu'en France n'est pas une aberration, bien au contraire. Reste que, une bonne information faite en France ne peut pas faire de mal. C'est ce qui se passe d'ailleurs depuis un certain temps avec Estelle, chargée de communication, qui diffuse largement les programmes d'action de l'UNIC (salons à l'étranger entre autres) et des notes de synthèse au retour de missions. Jean-Yves Camenen a ouvert les yeux à un certain nombre d'interlocuteurs pour lesquels « l'Unic ne servait à rien ». Le résultats des actions menées en Argentine avec l'élevage du Murier, en Pologne avec Adeclor, en Colombie avec France Trait, au Chili, au Mexique, en Chine, ont fini par les convaincre du contraire.

Plaisir et passion

La journée a commencé avec la restitution d'une enquête (téléphonique) économico-sociologique réalisée par le réseau économique de la filière équine sur le thème de « qui sont les éleveurs de chevaux de sport ». Ces résultats avaient déjà été présentés l'an dernier lors des journées REFErence de l'IFCE. Peu de choses ont changé depuis une ancienne étude réalisée il y a une vingtaine d'années par les HN et dont une des conclusions montrait que
90 % des éleveurs et utilisateurs acceptaient de perdre de l'argent avec leurs chevaux. Aujourd'hui, dans le contexte économique difficile, le profil s'est légèrement modifié mais une constante demeure : plaisir et passion sont toujours les puissants moteurs de l'élevage et du sport. Le sport qui ne représente qu'un tout petit 5 % du marché. Infime part à laquelle tous restent attachés. La part du rêve. Globalement selon l'étude, la seule activité d'élevage n'est pas rentable. Pour qu'elle le devienne il faut la pratiquer avec d'autres activités telles que pensions, centre de mise en place, débourrage, transport et autres.
Pour ce qui est du commerce, le paradoxe relevé par Bernard Morhain est énorme : « On constate que des chevaux étrangers qui ne sont pas meilleurs que les nôtres en performances - les indices sont là pour le vérifier - sont achetés souvent assez cher par nos cavaliers ».
Effet de mode ? Dynamisme commercial de nos voisins et amis du nord de l'Europe ? On les sait redoutables et très actifs commercialement. Comment inverser la tendance ? C'est une des pistes de réflexions à l'IFCE.

« Jouer collectif »

Le mot est de Laurent Elias. L'ancien sélectionneur des équipes de France est maintenant directeur du haut niveau à l'IFCE dont un tiers du budget va au sport. Laurent Elias est dans un environnement d'exception à Saumur: écuyers, encadrement, installations (450 boxes, 6 manèges), matériels. Tout incite à aller vers l'excellence. Sa mission consiste à détecter les bons cavaliers et les bons chevaux pour une future « Ecurie France » qui fonctionnerait selon un partenariat avec les éleveurs. « Jouer collectif, dit-il, pour valoriser des chevaux de qualité dans les trois disciplines ».
Le principe : les éleveurs confient à l'ENE leurs chevaux en fin d'année de 3 ans pour un cycle de formation jusqu'à l'année de 8 ans. Philippe de Guenin estime qu'une trentaine de chevaux de CSO, Complet et Dressage peuvent faire partie de cette opération. Chevaux qui bénéficieront des services « plus » de l'ENE : une clinique vétérinaire, un service de maréchalerie, un service de prélèvement des étalons. « On a un service à rendre » dit Laurent Elias avec la mise en commun des compétences qui sont à l'ENE. Nous avons ici des cavaliers pour faire travailler les chevaux sur le plat et pour les amener progressivement à leur meilleur niveau de leur potentiel sportif ». A leur année de 8 ans, les chevaux sont rendus à leur propriétaire. Un prix de pension a été avancé : il pourrait être de 280 € par mois.
« Nous ne cherchons pas à concurrencer les cavaliers, précise Philippe de Guénin. Nous faisons seulement notre métier ». Le revers de la médaille, c'est évidemment que l'ENE achètera moins de jeunes chevaux aux éleveurs. On peut penser en revanche que de nouveaux débouchés naîtront de la pépinière des cavaliers de haut niveau formés au pôle France de Saumur.
L'idée n'est pas pour déplaire à Marc Damians qui a invité Philippe de Guénin à ne pas faire cela seul. « La SHF, lui dit-il, peut vous apporter une aide ».
Autre proposition de l'IFCE aux présidents d'ARE : la mise à disposition du personnel de l'IFCE au service des associations. Des conventions de temps partiel ont déjà été signées (avec l'Alsace par exemple). Les présidents doivent faire connaître leurs besoins à la SHF. Les conventions de mise à disposition sont placées sous l'autorité de la maison mère.

Le rôle sociétal du cheval

Jean-Marc Lassus, consultant juridique auprès de la FFE et très impliqué dans le combat mené par le collectif « Equitation en péril » contre la hausse de la TVA a rappelé à grands traits l'origine de cette obscure manoeuvre. Ce sont les Anglais qui ont soulevé ce lièvre et qui les premiers ont porté plainte. Depuis les jeux sont faits. La France n'est pas encore condamnée (son cas vient seulement d'être examiné) mais le sera très certainement. Sans grands risques avant mai 2013. Le Luxembourg, condamné lui aussi il y a un an, n'a jamais appliqué le nouveau taux de tva...
Pour Jean-Marc Lassus, le problème est simple. Pour sortir de cet imbroglio, il faut se battre sur le rôle sociétal du cheval et lui inventer un nouveau statut. « Politiquement, dit-il, c'est possible et le combat est bien engagé. Le GESCA* sait faire mais il a besoin d'être aidé ».
En gros, il s'agit de faire admettre qu'il faut foutre la paix au cheval, pilier de notre patrimoine culturel, comme on fout la paix au rhinocéros.
Le combat continue. En attendant, les pensions et le dressage des chevaux bénéficient de la tva à taux réduit.

Organiser le marché

Organiser la filière et organiser le marché, c'est le souci N° 1 de Didier Garnier, ancien directeur de l'AFASEC, maintenant fonctionnaire au ministère de l'Agriculture et chargé par Bruno Le Maire de réaliser un audit sur la filière cheval. Didier Garnier est un homme de cheval très au fait de la politique cheval, un homme pragmatique qui avait prévu le fiasco de feue la Fival mais vu d'un très bon oeil en revanche la constitution de la société mère du cheval de sport. « C'est un regroupement cohérent de l'amont et de l'aval qui convient bien à une interprofession ». Pour lui, pas d'ambiguïté, le cheval est un produit agricole qui finit comme un produit agricole, en nourriture.
Peu enclin à distinguer les amateurs des professionnels, il préconise des groupements de production, voire un système coopératif dans lequel seraient intégrés des financements européens. Organiser la filière, c'est fixer les rôles et limites d'intervention de chacun dans la chaîne. Pour lui, qui proclame haut et fort « qu'il ne faut pas se laisser bouffer », l'enjeu, c'est la territorialité et le cadre de vie environnemental. « Le cheval dit-il, est un sujet de qualité, le lien entre urbains et ruraux. Il faut éviter de créer de la confusion entre sport et services ».

Financement

Alain Dassonville est venu parler de l'origine et du mécanisme du Fonds Eperon dont les grands principes d'attribution sont basés sur le caractère innovant et structurant des projets présentés. Pour ce qui est de l'élevage, le Fonds Eperon n'a pas vocation à se substituer au désengagement de l'Etat. Ce qui n'empêche pas la recherche de solutions qui ont été mises en oeuvre ces dernières années, solutions financières issues de la section 1 (base initiale de 9 M€) et de la section 2 l'année dernière (coup de pouce de 3 M€ obtenus des courses par la SHF au titre de la solidarité avec l'élevage). Qu 'en est-il cette année pour le budget de la SHF ? Rien n'est encore joué, l'Etat ne s'étant pas prononcé à ce jour. Vraisemblablement le budget sera le même qu'en 2011 pour ce qui est de la section 1 et il n'est pas impossible que Marc Damians obtienne plus de la section 2.
En plus des conventions de mise à disposition des personnels de l'IFCE aux ARE, Marc Damians a proposé un projet de statuts-type aux associations régionales agréées par la SHF.
La Maison-mère, soucieuse d'harmonie et d'efficacité, met de l'ordre dans ses étages. En attendant une passation de pouvoir au sommet qui devrait intervenir dans le courant de l'année et qui donnera lieu à une élection.

*GESCA : groupe des entreprises du secteur cheval en agriculture. Il rassemble les institutions du cheval (France Galop, le Cheval Français, la FFE), les organisations professionnelles, les stud-books et les associations d'élevage.

02/02/2012

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