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ICSI : la folle enchère

L’élevage de chevaux de sport est une affaire de patience. De la naissance au produit fini, la route est longue. Les nouvelles techniques de reproduction ont tendance à faire gagner un temps précieux à l’éleveur avec notamment les poulinages par transfert d’embryon. Une autre technique est en train de faire le buzz : l’ICSI (Intra

L’élevage de chevaux de sport est une affaire de patience. De la naissance au produit fini, la route est longue. Les nouvelles techniques de reproduction ont tendance à faire gagner un temps précieux à l’éleveur avec notamment les poulinages par transfert d’embryon. Une autre technique est en train de faire le buzz : l’ICSI (Intra Cytoplasmique Sperm Injection). C’est un procédé de fécondation in vitro avec micro injection directe d’un spermatozoïde dans l’ovocyte. Il s’agit donc d’une fusion d’un gamète mâle et d’un gamète féminin obtenue artificiellement. C’est un procédé classique de procréation utilisé par la médecine humaine en cas d’infertilité masculine ou féminine. Appliquée au cheval, la technique d’ICSI aide à produire des embryons à partir d’étalons ou de juments très peu fertiles. Cette découverte, relativement ancienne, a été testée avec succès pour la première fois en 1996. Très onéreuse et jugée peu rentable, elle n’a évolué que très lentement. Selon une étude publiée en 2013 par le Dr vétérinaire Aurélie Allard, membre du collège européen de reproduction animale, l’ICSI est désormais disponible sur le marché européen au sein du laboratoire du Dr Cesare Galli à Crémone en Italie mais réservée à des juments et à des étalons d’exception en raison de son coût élevé et de sa faible rentabilité. Mais sa conclusion, sans rentrer dans les détails scientifiques, est nette : elle affirme que les embryons produits par l’ICSI conduisent à des gestations et à la naissance de poulains viables.


Depuis, l’idée a fait son chemin et l’ICSI a trouvé avec les ventes aux enchères d’embryons sur le net, un terrain favorable générateur de rentabilité. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les résultats des récentes ventes aux enchères : 36 000 € pour un embryon d’Arielle, une jument hanovrienne (propriété de deux éleveurs lorrains) grande gagnante en coupe du monde avec entre autres William Whitacker, fille d’Accord II, croisée à Cornet Obolensky. L’embryon a fait le top price de cette vente dirigée par ET-Auction dont le prix médian tourne autour de 12 000 €. Il faut évidemment une génétique d’exception alliée à un instinct sûr et un vrai savoir-faire d’éleveur pour oser cette technique.


Les sites internet de ventes aux enchères en ligne poussent comme des champignons. Fences vient de lancer le sien avec Fences Web. Vendre un cheval « dans sa cour » est désormais une image du passé. Il y a peu, il fallait encore des hectares de pâture pour faire naître un poulain. Aujourd’hui, un petit congélateur suffira pour garder au frais son écurie d’embryons cryogénisés.


Du clônage à l’ICSI, en passant par la génomique, l’élevage n’a pas fini de nous surprendre. C’est tout le paysage qui bouge au risque de muer en cour des miracles...


Etienne Robert

24/08/2017

Actualités régionales