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Hommage à Jack Le Goff

Jack Le Goff, l’homme qui personnifiait le Concours Complet d’Equitation aux Etats-Unis, est décédé en France le 24 juillet 2009. Il avait 78 ans. Cet homme de cheval a transformé de manière révolutionnaire le Concours Complet d’Equitation Photo 1 sur 2
aux USA et sa carrière a été jalonnée de toute une série de médailles et de victoires en championnats.

Le palmarès de Jack Le Goff, en tant qu’entraîneur, en championnats internationaux est exemplaire. Ses équipes ont été médaillées lors de quatre Jeux Olympiques et trois championnats du monde successifs. Il a formé quelques-uns des plus grands cavaliers des trois dernières décennies.

« Former cavaliers et hommes de cheval, c’était Le Goff », dit Derek DiGrazia, qui représentait les USA aux championnats du monde de 1986 et aujourd’hui le plus renommé des entraîneurs et chefs de piste américains « Il était très important pour Jack que nous soyons conscients de tout ce qui touchait quotidiennement à l’entraînement et à la gestion de l’équipe. C’était un aspect primordial de notre interaction avec lui, être homme de cheval ».

Pendant les quatorze années qu’il les a conduites, les équipes entraînées par Le Goff n’ont jamais manqué de se classer en tête. Dix- huit médailles en huit championnats internationaux constituent un palmarès éblouissant, référence à laquelle les équipes américaines mesurent encore leurs résultats. Ses méthodes novatrices et l’intensité de son entraînement ont changé pour toujours le Concours Complet aux Etats-Unis.

Ses équipes ont remporté les médailles d’or des Jeux Olympiques de 1976 et 1984 - prouvant que les américains étaient invincibles au plus haut niveau tant qu’a duré son règne. En 1983, il était élu « Homme de l’année » aux USA, en 2004, il recevait la plus haute récompense sportive : Life Achiement Award. Dans l’histoire de la fédération equestre Internationale, ce palmarès est le plus important jamais obtenu par un même entraîneur en CCE et probablement dans les trois disciplines olympiques.

Elu membre de la commission de Complet à la FEI, Jack le Goff a élaboré le règlement et mis en place la Coupe du monde de Complet dont la première finale a eu lieu à Pau en 2003.

Fervent supporter de l’équitation française et du Cadre Noir, il s’est toujours réclamé de son héritage équestre français et n’a jamais manqué d’y faire référence tout au long de sa carrière de coach aux USA et au Canada.
« Un génie » pour George Morris

« Il fait partie du très petit nombre d’hommes qu’à mon expérience, je qualifierais de génies », dit George Morris, chef de l’équipe fédérale de Saut d’Obstacle : « J’ai rencontré Jack pour la première fois à Rome, il était déjà alors un concurrent international performant. Je l’ai retrouvé ensuite aux USA. Dans ses méthodes, sa formation, son expérience et sa façon de penser, c’était un homme de cheval très très classique. Pour couronner le tout, c’était un « gagnant », qualité impossible à prédire ou à déterminer. Il a toujours été un « gagnant ». Ses succès en Concours Complet sont sans pareils ».

Il a commencé sa carrière dans une écurie de courses. Il est ensuite entré dans l’armée où sortir en tête de classe lui a permis d’être admis à Saumur. Là il est devenu le plus jeune sous-maître de l’histoire du Cadre Noir. Enfin il est passé écuyer et participait aux reprises.

Son palmarès en compétition est impressionnant, il a été champion de France de Concours Complet d’Equitation en 1956 et s’est ensuite placé sixième en individuel aux Jeux Olympiques de Rome en 1960, donnant ainsi la médaille de bronze à l’équipe française. Quatre ans plus tard, il représentait à nouveau son pays aux Jeux Olympiques de Tokyo. C’était l’époque de Coeur de Lilas, Monclos, Image.

Juste après cela Le Goff fut muté en Algérie où il a combattu deux ans. De retour en France il a quitté l’armée et pris en main l’équipe nationale de complet. Son entraînement a conduit en 1968 à une médaille d’or pour la France aux Jeux Olympiques de Mexico avec Jean-Jacques Guyon et Pitou. Les Américains qu’il avait fortement impressionnés l’ont voulu à tout prix. La fédération française de l’époque, dans laquelle il se sentait à l’étroit, n’a pas pu ou voulu s’aligner avec les propositions qui lui étaient faites. Jack est parti alors aux USA. Il y a fondé un empire. Et la France perdait le meilleur coach du monde.

« Aux Etats-Unis la mission de Jack était idéale : créer de toutes pièces les méthodes d’entraînement », dit David O’Connor, président de la Fédération Américaines des Sports Equestres. « Non seulement ses réalisations ont produit un nombre sans précédent de médailles, mais son palmarès a mis la barre à un niveau inégalé depuis. C’était un homme de cheval, un ami, un innovateur et surtout un mentor pour nombre de ceux qui, comme nous, ont eu le privilège d’être formés par lui ».
Forte émotion aux USA

La nouvelle de son décès a provoqué une vive émotion aux USA et a donné lieu à maintes commémorations. Une fondation Jack Le Goff fut immédiatement créée, destinée à aider les jeunes cavaliers candidats au haut niveau à voyager et à concourir à l’étranger. Un des témoignages les plus émouvants fut celui adressé par Tad Coffin à sa famille. « Jack the winner, écrit-il, était un génial meneur d’hommes et un immense connaisseur des chevaux. Il pouvait s’emporter contre les cavaliers mais il était infiniment tendre et doux avec les chevaux. Il était un fin psychologue qui savait instinctivement faire tomber la pression dans les grands moments. Le mot échec ne faisait pas partie de son vocabulaire. C’était notre capitaine-magicien ».

La presse équestre américaine lui a rendu un hommage exceptionnel.

Il avait de solides amitiés en Lorraine chez Anne-Marie et Jean-François Renard. Une amitié entre cavaliers née à Saumur, vécue pendant les heures sombres de la guerre d’Algérie et toujours soigneusement entretenue malgré l’éloignement. Chaque voyage en France était l’occasion de chaleureuses retrouvailles en Meuse et souvent Jack Le Goff a partagé les moments de convivialité qui régnaient lors du concours des poulinières de Biencourt-sur-Orge. C’est de leur album aux souvenirs personnels que sont extraites les images qui illustrent ce propos. Nous les en remercions vivement. Jack fut aussi un personnage central dans le retour en France de la semence de Galoubet. Cet homme-là était un authentique homme de cheval. Il avait commencé là-bas la rédaction de ses mémoires. Puisse ce livre sortir un jour.
Etienne Robert

18/03/2010

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