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Elevage de Mignot : une certaine idée de la performance

Fontainebleau, 26 août 2012, finale cycles libres 1re année 4 ans. Après trois mois et demi de saison sportive et 11 tours sans-faute sur 12, Ucciana de Mignot SF et Julie Court, sa toute nouvelle cavalière, signaient un magnifique parcours qui hissait le couple sur la première marche du podium décrochant ainsi le titre convoité de championne de France de sa catégorie. Zoom sur un élevage familial loin de la fièvre du grand parquet.  Photo 1 sur 1

Ancienne cavalière amateur de 3e cat, Geneviève Childéric a débuté l’élevage avec Idéale Minotière (Pot d’Or, ps et Amazone, SF par Siegmund, ps) sa jument de concours avec laquelle elle a remporté le championnat d’Auvergne par équipe. Très imprégnée de sang, cette jument est à l’origine d’une souche étonnante qui, sur 53 descendants qu’elle compte à ce jour, peut s’enorgueillir d’afficher 75 % de femelles assurant ainsi la pérennité de la souche.

Geneviève a repris l’exploitation familiale derrière ses grands-parents et travaille une vingtaine d’hectares à Peschadoire dans le Puy de Dôme. De sa jument de concours, elle a conservé 3 descendantes, Liptone de Mignot (par Rosire), Oléa de Mignot (par Flipper d’Elle), et Ostra de Mignot (par Fidélio du Donjon), qui sont aujourd’hui les matrones de l’élevage. « Toutes mes poulinières ont été testées en concours et indicées par Pierre Gautherat avec qui je travaille en confiance depuis 8 ans » nous confie-t-elle. « Connaître ses reproductrices est très important pour choisir un étalon »  

Le sang avant tout

« Pour moi, le selle français est avant tout un cheval de sport avec du sang. Un cheval avec l’instinct naturel de la barre, et c’est ce qu’il faut conserver. En tout cas, ne pas perdre en allant chercher du sang étranger », affirme-t-elle avec conviction. « Je recherche un cheval avec du sang, de la locomotion, de l’amplitude et de l’équilibre ».Rester dans le sang est donc une ligne de conduite dont on ne s’écarte pas à l’élevage de Mignot tant du côté des juments que de celui des étalons. « J’utilise régulièrement des performers confirmés sur descendance comme Diamant de Semilly mais je ne ferme pas la porte à la jeune génétique pour autant et il m’arrive de tester certains étalons de 3 ans qui me plaisent ». Elle dit notamment avoir envie d’utiliser Vigo Cécé pour son modèle, sa génétique et la façon qu’il a de sauter, mais pas question de se jeter à corps perdu dans le cheval étranger. Quand Geneviève utilise un étalon aux origines étrangères, c’est avec parcimonie et discernement, principalement pour le chic et la locomotion. C’est ainsi qu’en 2012, elle est allée chercher Tobago Chevrier (Clinton x Carnute), cheval doté d’un excellent galop et très élastique. Son produit, Cracotte de Mignot, présentant de bons aplombs, une belle ligne du dessus et beaucoup de présence, n’a pas déçu. 

Geneviève raisonne les accouplements en compensant les défauts de ses juments par les qualités de l’étalon sans pour autant occulter l’effet mode de certains étalons dont les poulains sont plus vendeurs. Tous les poulains sont débourrés et travaillés pour les modèle et allures des 3 ans puis laissés au travail pour préparer la saison des 4 ans. 

De sa souche, on retiendra Flamme E, ICC 136(78), fille d’Amazone, SF et de Tanavar, ps; Valdie de Mignot SF, ISO 130(93), 5 pts Pace, fille d’Idéale Minotière et de Gaverdi, AC; Oléa de Mignot, SF, ISO 133(08), 4 pts Pace, fille de Valdie de Mignot et de Flipper d’Elle, SF et Liptone de Mignot, SF, ISO 125(07), 3,5 pts Pace. Cette fille de Valdie de Mignot et de Rosire, SF verra son premier produit, Vincie de Mignot, arriver sur les terrains de concours cette année sous la selle de Pierre Gautherat qui valorisera également Tessa de Mignot (Litsam, SF), ISO 111(12), une sœur utérine de la championne de France 2012 CL1 4 ans, Ucciana de Mignot.

Et le commerce dans tout cela ? 

Les chevaux moyens sont légions ce qui n’arrange pas le marché et élever est très coûteux, alors quand on lui parle de rassemblement où les chevaux doivent être proposés à moins de 8 000 € et où une commission de 10 % doit être versée par le vendeur à l’intermédiaire de la transaction, Geneviève sursaute et dit préférer arrêter d’élever plutôt qu’envisager un avenir comme celui-ci. Elle reste néanmoins confiante et assure qu’une collaboration avec un bon cavalier pro pour valoriser la production avant de vendre à un prix rémunérateur est une solution intéressante, même si le coût est important et limite le nombre de chevaux à mettre au travail. La collaboration avec Pierre Gautherat ainsi que le tissu commercial créé au fil des années et des ventes font que le commerce n’est pas une inquiétude à l’élevage compte tenu du nombre de naissances. Au moment où nous bouclons cet article, Ostra de Mignot vient de mettre au monde une très belle pouliche bai brune de Diamant de Semilly portant tous les espoirs de l’élevage de Mignot.

Sarah Marteau

29/03/2013

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