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Dopage : les pièges à éviter

La définition du dopage c’est l’administration à un cheval d’une substance de nature à modifier son comportement et ses performances. Jean-François Chary, président de la commission d’appel juridique et disciplinaire, président de la commission d’appel contre le dopage animal, précise à ce sujet les pièges à éviter. Photo 1 sur 1

« Cette  définition qui est tout à fait acquise par tout le monde, quant il s’agit de produits stimulants dont l’administration est associée à une tricherie s’applique aussi quand il s’agit de produits tranquillisants comme les antalgiques et les anti-inflammatoires. C’est du dopage. Quand vous administrez un antalgique vous repoussez le seuil de la douleur et qu’est-ce qui vous arrête dans une performance? C’est que vous avez mal. C’est ça qui fait qu’on arrête de courir. Si vous retirez la douleur vous avez donc une performance qui est modifiée. Beaucoup de ces anti-inflammatoires ont en plus un effet euphorisant. Quand vous administrez un antalgique  vous ne gommez pas la lésion qui fait que le cheval boîte. Vous lui demandez un travail sur une lésion qui aura été masquée mais qui n’aura pas été gommée. C’est une entorse à l’éthique, c’est une entorse au bien-être du cheval et c’est une tricherie vis-à-vis du système de sélection car l’argent qui est distribué dans les compétitions récompense la  performance. Si les performances sont faussées, c’est toute la sélection qui est faussée. Pour ces raisons, les antalgiques et les anti-inflammatoires sont considérés comme des produits dopants à part entière.

Il convient aussi d’être prudent avec les aliments. Les industriels sont très vigilants et les cas de contamination par la théobromine sont  rares maintenant. La traçabilité est très pointue  et dans un cas de contamination on peut rapidement remonter à l’échantillon et disculper le cavalier. 

Un autre cas de contamination, c’est celle due au voisinage dans l’écurie. Un cheval est en traitement, sa mangeoire peut être accessible par son voisin, ou bien on intervertit les boxes. Tout cela doit inciter à la prudence. 

Pour les chevaux qui sont sous traitement, il est important  d’exiger  de son vétérinaire qu’il définisse le temps d’élimination du produit. Il faut s’en remettre strictement à ces prescriptions-là.  Si le vétérinaire, et c’est tout à son honneur de le dire, ne peut pas définir ce délai d’attente parce qu’il ne dispose pas de données scientifiques suffisamment fiables, il doit le signifier. A ce moment là il y a deux solutions : soit on s’abstient de compétition soit on fait faire une analyse de courtoisie, c’est à dire que vous demandez au vétérinaire de faire le même prélèvement que celui qu’il aurait fait pour un prélèvement anti-dopage. Il l’envoie au même laboratoire, et ce laboratoire vous dit précisément ce qu’il en est. Si il n’a rien trouvé vous pouvez partir tout a fait tranquille sur votre compétition ». 

Armoire à pharmacie : prohibé

« Autre chose qu’il faut savoir aussi, c’est que la loi a été modifiée en 2008 et que maintenant elle interdit non seulement l’administration des produits mais aussi leur détention et leur transport. Ce qui veut dire que les habitudes que nous avions tous et que certains ont encore les font vivre  dangereusement. L’armoire à pharmacie qui est dans l’écurie, la trousse d’urgence dans le camion, etc., tout ça c’est interdit. La seule condition pour laquelle on peut détenir légalement des médicaments est qu’ils soient prescrits par une  ordonnance.  Si vous détenez des médicaments vétérinaires ou utilisés à des fins vétérinaires et que vous ne disposiez pas de l’ordonnance correspondante, vous êtes pénalement responsable. Il faut que tout le monde le sache car c’est l’auto-médication qui est strictement interdite.

Autre aspect de la question, c’est l’aspect des sanctions. Elles doivent évidemment être exemplaires. Bien souvent les sanctions que nous prononçons sont aggravées par l’Agence française de lutte anti-dopage. Nous avons réussi à convaincre l’Agence  que pour que nos sanctions soient exemplaires, elles devaient être pédagogiques et justes. C’est donc avec beaucoup de soins que nous motivons nos décisions en tenant compte du fait qu’il s’agit d’une première infraction, d’une négligence ou au contraire d’un acte de malveillance. »

Recueillis par ER

28/03/2013

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