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Une si belle victoire suisse

  • La joie immense des Suisses (FEI/Christoph Taniere)
    La joie immense des Suisses (FEI/Christoph Taniere)
Ils sont passés à côté des Jeux Olympiques de Tokyo, mais pas à côté des championnats d’Europe. Les Suisses, emmenés par un Martin Fuchs qui pourrait également demain dimanche gagner l’Or individuel, remporte son 5è titre européen, bataillant jusqu’à la fin avec les Allemands, en argent, tout aussi désireux de redorer leur blason après leur déroute aux JO. Quant aux Belges, tenants du titre, ils volent le bronze aux Suédois. Les Français sont 6è, mais Olivier Robert se qualifie pour la finale individuelle de dimanche.

Le parcours proposé aux 50 couples et dix nations au départ comportait 13 obstacles et 16 efforts, comprenant un triple ultra piégeant.
Troisième épreuve de ce championnat, la fatigue eut raison de nombreuses erreurs, et certains scores sont très lourds. 13 sans-faute seulement.

Ils n’avaient pas droit à l'erreur, car moins d'un obstacle séparait les Suisses de leurs poursuivants allemands, tandis que l'équipe suédoise n'était qu'à un obstacle derrière. Les Suédois n'ont pas pu s'accrocher, car le tout récent vice-champion olympique de Tokyo, Peder Fredricson, ici avec Catch Me Not S ont été les seuls à garder un score vierge.

Cela a entr’ouvert la porte aux Belges, qui ont tenu le choc. Les « Diables Rouges » ont réalisé quatre superbes sans-faute. Les quatre membres de l'équipe se sont qualifiés pour la finale individuelle du Top 25 de dimanche. Pieter Devos est troisième avec Jade vd Bisschop, Nicola Philippaerts septième avec Katanga v/h Dingeshof, Jos Verlooy 17e avec Varoune et Olivier Philippaerts 21e avec Le Blue Diamond v't Ruytershof.
L'intensité de la lutte entre l'Allemagne et la Suisse pour la médaille d'or a constitué le véritable enjeu de la journée. La bataille s'est jouée sur le fil.

Une victoire difficile
Mais cette victoire ne sera pas facile à obtenir : cela commence mal pour eux.
12 points pour Elian Baumann et Campari Z... Les deux Allemands, Andre Thieme et la jument de 11 ans DSP Chakaria ainsi que Marcus Ehning et le jeune étalon de 10 ans Stargold (Stakkato Gold) sont sans-faute. Mais le plus jeune membre de l'équipe suisse, Bryan Balsiger, 24 ans, et AK's Courage sont sans-faute, et Martin Fuchs l’imite avec l’étonnant Kwpn de seulement 9 ans, révélation du championnat, Leone Jei.

Les fautes des Allemands Christian Kukuk et Mumbai et David Will avec C Vier donnent un peu d’air aux Suisses : Guerdat avait droit à une barre. Mais le triple va jouer son rôle une fois de plus. Il passe sans encombre, mais Maddox d'Albfuehren s’enflamme sur la ligne qui suit et l'oxer n°9 sera fatal. Steve s’est fait peur, il l’avoue : « J'étais un peu nerveux parce que je perdais le contrôle de mon cheval après le triple, et j'ai dû vraiment essayer de rester calme pour le garder avec moi, ce que j'ai réussi à faire. Le soulagement fut énorme après ça".
Très ému après leur victoire d’équipe, Steve a dédié cette médaille à Bianca.

L’émotion de Martin Fuchs
Martin Fuchs avait une autre raison d’être ému : il suit les traces de son père, Thomas, qui faisait partie de la première équipe suisse à remporter le titre en 1983 à Hickstead, en Grande-Bretagne : "C'est un moment énorme pour moi et pour ma carrière de gagner aux côtés de trois amis et après mon père il y a quelques années. C'est formidable de ramener une autre médaille d'or dans la famille. C'est incroyable d'avoir ses connaissances avec nous et ses précieux conseils en tant qu'entraîneur de l'équipe suisse. J'ai tellement de chance de pouvoir faire tout cela avec lui", a déclaré Fuchs, qui aborde la finale individuelle de dimanche en pole position.

L’enjeu individuel
Côté allemand, Andre Thieme est deuxième au classement individuel avec la jument DSP Chakaria et était ravi de sa médaille d'argent aujourd'hui. "C'est le rêve de tout le monde de participer à un grand championnat devant son public", a-t-il déclaré. Christian Kukuk est heureux d'être classé huitième en individuel avec le fabuleux étalon gris Bwp Mumbai (Diamant de Semilly x Nabab de Reve), 9 ans également.

Le Belge Pieter Devos, est troisième avec la jolie jument Jade vd Bisschop (Ogano Sitte x Grannus). Cela ne fait que quelques semaines qu'il est monté sur la marche du podium de la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 après une excellente performance avec un autre de ses chevaux. Peder Fredricson et Catch Me Not S, redoutables, sont 5è du provisoire à 0.

Sans oublier la seule représentante grecque, la jeune cavalière de 24 ans, Ioli Mytilineou, qui a une nouvelle fois surpris son monde en alignant les sans-faute avec l’étalon Bwp Levis de Muze, un fils d’Elvis Ter Putte (Tinka's Boy).

Et la France ?
Les Français se sont bien défendus, mais cela ne suffisait pas... Première à partir pour les Tricolores, Pénélope Leprévost, associée à Excalibur de la Tour Vidal*GFE a signé un joli parcours malheureusement sanctionné d’une barre sur l’ultime oxer ; son verdict ? « Il nous manquait encore de l'expérience ensemble pour être vraiment compétitifs sur un championnat. »
Mathieu Billot et Quel Filou 13 se feront piéger également, sur l’oxer en sortie de triple. Déçu, mais pas abattu : « Ici les combinaisons étaient très courtes. Quel Filou a une grande action, il s’est retrouvé pris par la distance. Il a néanmoins fait deux super parcours pour l’équipe. C'est le seul cheval de Tokyo en piste ici et il est en forme. »
C’est Olivier Robert et Vivaldi des Meneaux qui signent le seul sans-faute, et Olivier exulte : « Individuellement, je suis fier de Vivaldi qui a été irréprochable. C’est dommage pour la barre d’hier qui était de ma faute, j'aurais été leader ce soir. Mais rien n’est joué, on est dans la même barre que les premiers ».
Kevin Staut écope de 16 pts avec Visconti du Telman. C’est la douche froide. Kevin : « Aujourd'hui on n'était pas au niveau qu'on aurait aimé. Si la jument doit évoluer à ce niveau, il faudra se servir de cette expérience pour travailler et progresser en faisant des Coupes des nations et des Grands Prix. »

Avec un total de 8 pts sur cette 2e manche et un score final de 29,15 pts, l’équipe de France termine 6e. La Suisse est sacrée championne d’Europe grâce à deux parcours sans pénalité (9,47 pts). L’Allemagne est médaillée d’argent avec deux sans-faute (12,77 pts). La remontada est signée par la Belgique, tenante du titre, qui grâce à quatre sans-faute se hisse sur le podium et s’adjuge la médaille de bronze (17,34 pts)

La finale individuelle, réservée aux 25 meilleurs couples, se déroulera en deux manches dimanche à partir de 14 heures. Les 12 premiers repartiront sur le deuxième et ultime round.

On prépare demain :

Olivier Robert : «  Vivaldi va passer à l’inspection des chevaux et il sera aux petits soins de sa propriétaire Valérie Cougouille. On ne le montera pas, il va faire un petit stretching à la longe et ira se promener en main et brouter la majeure partie de la journée. Le cadre est top ici, il y a beaucoup de place pour les chevaux, c’est très bien pensé. Dimanche matin, il fera un petit échauffement et ensuite, ce sera l’heure de la finale. Vivement dimanche, il y a des chevaux géniaux, je suis sûr qu’on va passer un bon moment. »
Les leçons que tire Thierry Pomel : sélectionneur national : « Bien sûr c'est une déception mais il ne faut pas se voiler la face, je pense qu’on est à notre place. Nous avons fait le choix de donner de l’expérience à certains couples, comme notamment Excalibur qui courait son premier championnat. Quel Filou était un pilier, il a couru les JO et Mathieu a maintenant une belle expérience. Ce sont des petites fautes qu’on peut encore améliorer. La jument de Kevin était la moins expérimentée de l’équipe et je comptais sur tout le métier de son cavalier. Je pense que la jument est arrivée à ses limites. Je n'ai pas de regret sur la composition de l'équipe. Je pense que pour Grégory Cottard et sa jument (Bibici) c'était encore un peu tôt pour courir un grand championnat. On voit toute l'exigence de ces épreuves. Il faut savoir préserver les couples parfois et les attendre. Grégory a été très présent aux côtés des cavaliers et les a soutenus tout au long du championnat. Il sera sans doute en équipe 1 l'année prochaine. Je pense que ça lui aura été profitable de vivre un championnat sans le stress de la performance. Enfin pour Olivier Robert, qui est en finale individuelle, c'était bien le moment de le lancer en championnat. C'est une belle satisfaction de le voir 6e au provisoire ce soir. Toute l'équipe est derrière lui ! »

C.Robert, avec Louise Parkes

04/09/2021

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