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Un nouvel outil : les coûts de production en filière équine

La journée de présentation de l’outil Coût de Production s’est déroulée le jeudi 11 décembre au Pôle Hippique de Saint Lô. Plus de 70 éleveurs et professionnels du monde équestre étaient rassemblés pour discuter des résultats d’une enquête menée sur plusieurs années par le réseau REFErences (Réseau Economique de la Filière

La journée de présentation de l’outil Coût de Production s’est déroulée le jeudi 11 décembre au Pôle Hippique de Saint Lô. Plus de 70 éleveurs et professionnels du monde équestre étaient rassemblés pour discuter des résultats d’une enquête menée sur plusieurs années par le réseau REFErences (Réseau Economique de la Filière Equine) et qui aboutit aujourd’hui à un outil permettant aux éleveurs et aux structures équestres d’évaluer le prix de revient d’un animal, selon son usage et à différents stades de sa vie. Cette journée, organisée conjointement par le Conseil des Chevaux de Basse-Normandie, la Chambre d’Agriculture du Calvados, l’Institut de l’Elevage et les Haras nationaux a donné lieu à beaucoup de débats.


Le cheval est de plus en plus présent, sur notre territoire en Normandie tout particulièrement. La concurrence dans le secteur est également de plus en plus forte. C’est en partant de ces deux constats que le réseau REFErences a entrepris de développer la méthode Coût de Production. Concrètement, c’est un outil qui, à terme, devrait être utilisable dans toutes les structures, peu importent leur taille et leur nombre d’équidés et qui a pour objectif d’aider les professionnels à raisonner les prix de vente de leurs prestations, en prenant en compte tous les éléments qui interviennent de façon directe ou indirecte dans la production d’un équidé à l’instant T. A l’heure où le débat sur la TVA fait rage et où les charges quotidiennes sont de plus en plus élevées, cette méthode globale de calcul du coût de production d’un cheval est clairement un sujet qui se doit d’être traité.


Les recherches ont débuté en 2010 dans le secteur bovin avant d’être étendues en 2012 au secteur équin. Grâce aux exploitations témoins du réseau REFErences, l’Institut de l’Elevage est en mesure d’évaluer le prix de revient d’un jeune cheval aux trois stades majeurs de sa vie : la reproduction, l’élevage et la valorisation. L’échantillon sur lequel se sont basés les chercheurs est composé de 13 élevages de chevaux de sport bas-normands, ce qui bien entendu ne permet pas d’apporter des chiffres absolus et applicables à l’ensemble de la production équine mais qui donne néanmoins un bon aperçu du coût global d’un cheval à son éleveur, de l’insémination de la poulinière jusqu’à la vente. L’échantillon a été segmenté en deux parties : les élevages dits « spécialisés », qui ne font que produire des chevaux et les élevages dits « diversifiés » qui mènent en parallèle d’autres activités, type élevage de bovins ou production agricole. Ainsi, en tenant compte de différents facteurs tels que le prix de la main d’œuvre, le foncier et le capital, les frais généraux, tous les frais liés aux bâtiments ou à l’entretien des pâtures, la mécanisation, les frais directement liés à l’élevage (vétérinaires, déplacements, insémination, poulinage, maréchalerie, etc.), l’alimentation, les charges annexes, les pensions pour certains éleveurs et bien d’autres encore, on arrive à un coût de production global de 8 768 € pour un élevage dit « diversifié » et de 15 787 € dans un élevage dit « spécialisé » pour un cheval de 3 ans avant d’entrer dans le circuit de valorisation. A 4 ans, le coût de production du jeune cheval évoluant sur le circuit SHF augmente systématiquement de 7 000 €.


Bien que cette enquête n’ait été menée que sur un petit échantillon d’élevages, elle permet de faire déjà certaines observations surprenantes. La première, entre le sevrage et 3 ans, le prix moyen de vente d’un cheval ne cesse de décroitre. Le prix de vente moyen d’un 3 ans se situe actuellement entre 8 000 et 8 500 €, ce qui signifie que la majorité des chevaux sont vendus en deçà de leur prix de revient. Pour réduire les coûts de production, il faut prendre en compte l’aspect reproduction et être cohérent avec le potentiel génétique et le marché, comme lors de la valorisation du jeune cheval. Il faut réussir à équilibrer les frais d’engagements, de pension et de monte avec les débouchés qu’offre le circuit de commercialisation.


Cette méthode s’applique également aux centres équestres. Elle répond notamment à la question : Quel volume d’heures les animaux doivent réaliser pour couvrir les frais et la main d’œuvre ? La méthode prend alors en compte les charges opérationnelles (alimentation, frais vétérinaires, élevage), les charges de structure (carburant, entretien des bâtiments et du matériel, la MSA, etc.), la rémunération de l’exploitant et la rémunération du capital. L’échantillon, constitué de seulement 8 centres équestres, permet de tirer les conclusions suivantes : à raison d’une reprise d’une heure facturée à 13 € TTC en moyenne, chaque équidé doit réaliser une moyenne de 300 heures par an, soit 6 heures par semaine afin d’amortir le coût de production. Sur les huit centres équestres qui constituent l’échantillon témoin, la majorité parvient à rémunérer son travail et son capital. Une forte disparité du nombre d’heures vendues par équidé peut être observée. En effet, poneys et chevaux ne font pas le même nombre d’heures. Lorsqu’une activité de pension est pratiquée dans un centre équestre, le coût de production global est réduit.


Le sujet de la TVA n’a pas été laissé de côté, suscitant beaucoup d’interrogations de la part des nombreux dirigeants de centres équestres présents lors de cette journée. La réforme prévoit notamment une individualisation des prestations dès le 1er janvier 2015 et la distinction sur la facturation et sur l’affichage. Cette réforme distingue quatre prestations différentes :


- Le droit d’accès à l’établissement pour utiliser les installations à caractère sportif,


- L’enseignement et encadrement de la pratique équestre,


- La découverte de l’équitation (groupes scolaires, baptêmes, etc.),


- La pension.


Les tarifs de ces quatre prestations devront dorénavant être affichés dans les locaux et figurer sur les factures. Les taux de TVA varient selon la nature de la prestation. Ainsi, l’activité de pension est soumise à une TVA à 20 % quand le droit d’accès à l’établissement est soumis à un taux de 5,5 %. Un sacerdoce pour les exploitants qui devront néanmoins se conformer à cette nouvelle règlementation dès janvier 2015.


Cette journée consacrée aux coûts de production dans la filière équine a connu un franc succès auprès des éleveurs qui ont globalement regretté que les échantillons ne soient pas plus fournis. En tenant compte de cette observation, les membres du réseau REFErences vont continuer à développer la méthode coût de production et une nouvelle journée devrait être organisée.


18/12/2014

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