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Un Jumping qui aime les femmes !

Les cavalières sont toujours à l’honneur à Bordeaux. Si aujourd’hui elles font jeu égal avec les hommes, cela fait 15 ans que des épreuves leur sont réservées au Jumping International de Bordeaux. Bien avant qu’une femme ne devienne n°1 Photo 1 sur 1
mondiale !

A l’âge où les garçons préfèrent les terrains de foot (c’était le cas de Ludger Beerbaum jusqu’à l’adolescence) ou le tennis (le champion olympique Eric Lamaze a été l’un des grands espoirs du tennis canadien avant de découvrir l’équitation à 14 ans), les filles, sont plutôt des assidues des poney-clubs. Plus attirées par le contact avec l’animal, plus enclines à passer des heures avec leurs poneys, les câliner, les groomer (une horreur pour un garçon), ce sont elles qui constituent le noyau dur des clubs hippiques en Europe et en Amérique du Nord. Les statistiques le prouvent : la clientèle féminine constitue 80 % des pratiquants dans ces pays. Ce chiffre dépasse même 90 % en Suède.

En se promenant dans les écuries du Jumping International de Bordeaux (du 5 au 7 février 2010), on se rendra compte que ce taux est à peu près le même chez les grooms, ces personnes qui soignent les chevaux et qui vivent en permanence avec eux. Côté sport, le Jumping de Bordeaux a toujours soutenu la féminisation du saut d’obstacles de haut niveau en réservant aux cavalières de toutes nations des épreuves qui leur sont dédiées.

Si aujourd’hui, on peut dire qu’hommes et femmes jouent à part égale dans cette discipline, on verra que cela n’a pas toujours été le cas et Bordeaux a certainement apporté sa petite contribution à ce chemin ment vers la parité…

Petit flash back…

Si le plus haut niveau a été longtemps l’apanage des hommes, c’est parce que ce sport était plus physique qu’aujourd’hui. Les chevaux étaient plus difficiles, moins sensibles, avaient « moins de sang ».

Il fallait les « porter », les solliciter et la force des jambes du cavalier était essentielle. Ceci était d’ailleurs vrai uniquement pour la discipline du Jumping. Le concours complet (triathlon avec dressage, cross et jumping) a été plutôt dominé depuis l’après-guerre par des cavalières. Dans cette discipline le cheval a effectivement plus de sang et la complicité, l’union fusionnelle entre le cheval et son cavalier, est essentielle dans ce sport où il faut à la fois du courage et de la technicité.
Femmes et sauts d’obstacles…

Du courage, il en faut en jumping pour se lancer sur des obstacles atteignant jusqu’à 1,60 m. Et il y a toujours eu des femmes dans l’histoire de ce sport à l’avoir eu ce courage et, de temps en temps à pouvoir brûler la politesse aux hommes : Janou Lefèvre avait permis à la France de décrocher deux médailles dans les années 60; Marion Coakes, l’Anglaise avec son presque poney Stroller, avait été médaille d’argent aux Jeux de Mexico en 1968 ; Liz Edgar, fut la première femme à avoir remporté le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle en 1980 (il faudra attendre 11 ans avant que l’Américaine Ann Kursinski renouvelle l’exploit, puis 14 nouvelles années pour qu’une troisième cavalière, Meredith Michaels-Beerbaum, en fasse de même).

Cependant, jusqu’aux années 2000, ces exploits féminins restaient des épiphénomènes comme la victoire de Gail Greenough au championnat du monde de 1986 : après ce morceau de bravoure, la Canadienne a disparu du paysage.

La victoire de la Française Alexandra Ledermann à Hickstead, première femme de l’histoire à avoir été sacrée championne en 1999, après avoir été médaille de bronze aux JO de 1996, a marqué un tournant. Un vent annoncé par les succès de cavalières américaines en Coupe du monde (Kathie Monahan, Leslie BURR, Katharine Burdsall), mais qui n’avait pas encore soufflé sur l’Europe. Cette année-là (1999), le meilleur cavalier de l’équipe allemande était… Une cavalière. Une révolution ! C’était Meredith Michaels-Beerbaum qui progressivement allait prendre le pouvoir au sein de son équipe d’adoption (elle est d’origine californienne) puis du saut d’obstacles mondial.
Murmurer à l’oreille des chevaux…

Entre temps, grâce au travail des éleveurs, les chevaux ont évolué. Pour mieux les commercialiser, il s’agissait de produire des chevaux puissants, certes, mais plus légers, plus intelligents, plus faciles à utiliser. Des chevaux plus sensibles aussi, où l’écoute de leurs cavaliers - la capacité à leur transmettre des sentiments, à les aimer, à les comprendre - a joué un plus grand rôle. Un état d’esprit plus proche de l’affectivité féminine et c’est exactement le genre de relation que les cavalières entretiennent avec les chevaux depuis qu’elles sont petites filles dans les clubs.
Sept dans le Top 30 mondial !

Alors aujourd’hui, il ne faut pas s’étonner qu’hommes et femmes jouent pratiquement à égalité dans la cour des grands de ce sport. Elles sont sept dans le Top 30 mondial et ont été jusqu’à quatre dans le Top 10 ! Bordeaux reste l’un des derniers bastions de la résistance masculine. Depuis 1978, jamais le Grand Prix n’a été remporté par une femme. Le mur cédera t-il cette année ?
Prix des Amazones, du 5 au 7 février prochain à Bordeaux

Et aujourd’hui, si « l’égalité des chances devant la victoire » est un fait acquis, Bordeaux continue à stimuler le saut d’obstacles féminin en proposant toujours son « Prix des Amazones », trois épreuves permettant à de jeunes cavalières, pas encore vues sur le circuit international, de se confronter aux meilleures mondiales présentes à Bordeaux. Une occasion de progresser !

P.S. : Bémol, Meredith Michaels-Beerbaum a été la première femme de l’histoire à devenir N°1 mondiale du Jumping au nez et à la barbe de ces messieurs. Aujourd’hui elle n’est plus que n°7. Pour une bonne raison : elle attend un heureux événement qui devrait arriver à l’époque du Jumping de Bordeaux. Elle avait demandé une faveur toute naturelle : que ses points soient gelés pendant la période de son arrêt maternité. Elle a reçu une fin de non-recevoir de la part de ses collègues masculins. Le jumping est sans doute un sport qui se féminise, mais où le machisme a encore sa place !

17/12/2009

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