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Un Cheval - Un Destin : First de Launay : « l’infirme » vous salue bien

  • First de Launay et Florian Angot, le couple phare des années 2000 (© PSV)
    First de Launay et Florian Angot, le couple phare des années 2000 (© PSV)
Né en Bretagne en 1993, c’est encore en Bretagne, au haras de Lamballe, non loin de son berceau, que First de Launay coule une retraite paisible. L’alezan, pilier de l’équipe de France de CSO des années 2003 à 2008 a quitté la scène sportive dans un brouillard politico-polémique qui a fait déraper sa sortie de piste. On revoit de temps en temps ses contemporains à l’occasion d’hommages mérités. Lui, jamais. Nous allons réparer cet oubli en consacrant à First cette première rubrique intitulée « un Cheval, un Destin » que vous retrouverez chaque mois dans votre journal préféré.
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« J’en ai monté de bien meilleurs que lui, mais comme lui, jamais. Ce cheval avait un mental exceptionnel ». Florian Angot garde évidemment un souvenir impérissable de ce cheval avec lequel il a courru sur les plus beaux terrains du monde.


Jean-François L’Hoste a le même sentiment. « Un cheval exceptionnel, un vrai cheval de concours »  se souvient le cavalier de Champagne-Ardenne. C’est à lui que les Haras nationaux ont confié First qu’ils venaient d’acheter à 4 ans aux ventes Fences en 1997. « J’allais le monter à Montier-en-Der une fois par semaine seulement. Il est triple sans-faute à Fontainebleau à la finale 5 ans, finaliste à 6 ans et à 7 ans, 3e du championnat de France des étalons et 4e de sa génération. Pas mal non pour celui que sa façon de sauter et de se déplacer faisaient passer pour un infirme...Que de quolibets ai-je entendus ! Certains me disaient d’un air narquois, tu as un beau jouet... C’était un guerrier. Je me souviens d’une sortie à Ozoir-la-Ferrière. En le descendant du van je constate qu’il a un vrai poteau à un antérieur. Je fais venir le véto qui après observation ne détecte pas de tendinite ni rien de grave et me dit que je peux partir. Et là, je gagne le Grand Prix. C’est en le déferrant qu’on s’est aperçu qu’il avait un clou de rue planté dans le sabot. Ce cheval avait un mental et une endurance exceptionnels. »


Tout va bien sportivement mais First ne saillit pas beaucoup en Champagne Ardenne. Son papier est pourtant de premier choix : Laudanum pour père, Jolie de Thurin pour mère, Quastor (Ibrahim, Jus de Pomme) en père de mère. Sa descendance restera d’ailleurs confidentielle et somme toute ordinaire. Dans son année de 8 ans, les Haras nationaux décident de le muter à St Lô et de le confier à Florian Angot, une valeur montante des cavaliers normands. « J’avais le choix entre Grenat de Grez et First, se souvient Florian ; J’ai choisi First. Je sentais qu’il avait un potentiel. Peu de temps après je l’engage au Mans et nous gagnons le Grand Prix devant Diamant de Semilly et Elan de la Cour. Débuts prometteurs. J’ai tout gagné en Normandie. Jean-Maurice Bonneau, le sélectionneur de l’époque, pensant que je pouvais faire mieux que champion de ma rue (rires) nous engage en équipe de France. Premier international à Madrid et première victoire en Grand prix. L’aventure était lancée. »


Championnats d’Europe, championnat du monde, Jeux olympiques vont s’enchaîner jusqu’en 2008. Bilan, 32 victoires en internationaux et près de 700 000 euros de gains et un ISO record de 189 en 2004. First était bien le premier de la classe.


Quand la politique


s’en mêle


Triste fin de carrière pour ce couple pilier de l’équipe de France. First avait payé de sa personne et pour soulager ses pieds fragiles, Florian l’emmenait travailler à Utah Beach, une des plages du débarquement à Sainte-Marie-du-Mont, un lieu de prédilection pour sa récupération. First pouvait toujours concourir mais à un niveau de compétition moindre, sous la selle d’un junior par exemple. Florian était partisan de cette transition concertée. Il était prêt à faire bénéficier à celui ou à celle qui serait choisi de ses conseils et de son expérience avec le cheval. Ce ne fut pas le cas. La rupture s’est faite au concours de Pontivy en Bretagne où le couple était engagé. Au moment de partir, le jury signifie à Florian qu’une note de la FFE et les HN lui interdisait de prendre part à cette compétition. Prétexte invoqué : boiterie du cheval...Le lendemain, Florian était informé que le cheval lui serait immédiatement retiré. Point final.


La suite, on la connait. Elle fut fomentée par le préfet Jean-François Etienne des Rosaies, président du conseil d’administration de l’ifce qui avait décidé que le cheval serait attribué à un jeune cavalier lorrain, Georges N’gan Sassi. Brillant cavalier certes, triple champion de France, qui avait sollicité l’Etat et les HN pour obtenir un bon cheval pour poursuivre sa progression vers le haut niveau. L’idée était louable et le passage à l’acte aurait pu être bénéfique à ce jeune cavalier auquel les HN avaient déjà confié un cheval. Seulement, c’est la manière qui fit défaut et l’opération fut contre-productive sur toute la ligne. Une catastrophe...


Après cet épisode douloureux, First fut définitivement retiré de la compétition. Il est allé accomplir son devoir d’étalon en Auvergne puis à St Lô.


En juillet 2009, à l’occasion du CSI*** de Vichy, il fut honoré pour l’ensemble de son œuvre. Aujourd’hui, il coule des jours heureux au haras de Lamballe où il est chouchouté par son entourage.


First en quelques dates


- 1993. Né chez les frères Thouenon à Plélo, en Bretagne (22).


- 1997. Thierry Lacour acquiert la moitié du cheval et le sort en cycles classiques pendant son année de 4 ans. Vendu à Fences aux haras nationaux. Une vente qui passa presque inaperçue et pour cause : First est présenté juste après le passage de la vedette de la soirée, un certain Fétiche du Pas dont l’enchère enflamma l’espace Rozier à 2 300 000 francs (350 000 euros). First fut vendu 320 000 francs soit 45 000 euros.


- 1998-2001. Stationné à Montier-en-Der. Cycles classiques sous la selle de Jean-François L’hoste. First côtoie ici un petit cheval qui deviendra N° 1 mondial : Itot du Chateau.


- 2001-2008. Immense carrière internationale avec Florian Angot. A son palmarès 115 victoires, 295 classements et près de 700 000 euros de gains.


- 2009-2013. En stations pour la reproduction.


- Juillet 2014. Retraite définitive à Lamballe.

22/01/2015

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