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Un aliment équilibré ? Une notion toute relative

Chronique vétérinaire « Le foin est le seul aliment équilibré » « J’achète le floconné X parce qu’il est équilibré ». Penchons-nous un peu sur ce que sous-tendent ces affirmations... Photo 1 sur 1 Un aliment équilibré est un aliment qui apporte les divers nutriments dans des proportions qui correspondent à ce qui est nécessaire pour un animal.Prenons le cas d’un aliment simple c’est-à-dire avec un seul composant : l’herbe, le foin, l’avoine, l’orge...Si l’herbe absorbe et synthétise des nutriments, ce n’est pas pour être délicieuse au moment où elle se fera croquer mais pour assurer ses propres besoins. Si le grain d’orge stocke de l’amidon, ce n’est pas pour être consommé mais bien pour avoir les réserves nécessaires à sa plantule.Bref, ces végétaux n’ont aucun respect du consommateur... pour tout dire, ils s’en foutent !La nature n’est donc pas « bien faite » et l’herbe ne s’est pas adaptée pour nourrir au mieux un herbivore... elle joue son propre jeu... au consommateur à quatre pattes de se débrouiller comme il peut avec... elle, elle ne fera aucun effort.Ce qui peut sembler une boutade, de l’humour facile, est en fait plus profond que cela.L’alimentation « naturelle » du cheval est loin d’être forcément la meilleure possible pour lui. Elle est simplement le fruit d’un compromis ancestral entre les disponibilités de l’environnement et les besoins. Il y a eu adaptation. Le compromis marche parce que sinon le cheval aurait disparu.Il faut donc en tenir compte lorsque nous nourrissons un animal mais ce n’est pas une référence absolue.Car « naturellement », seules certaines régions peuvent convenir aux chevaux ; seuls certains types de chevaux peuvent se développer dans telle ou telle région ; et d’autres ne pourront jamais donner que des chevaux faméliques ou de petite taille... et un taux de perte important sur les poulains. A l’état sauvage, les troupeaux se déplaçaient sur de grandes distances pour trouver des conditions qui leur convenaient. Aujourd’hui, si un sol est carencé, la seule ressource est la main de l’homme. Et puis, si un poulain sur deux mourait, ce n’était pas perdu pour tout le monde…Revenons à notre herbe, puis à notre foin qui en provient.Selon que c’est un ray-grass, une fétuque, un dactyle, une prairie de plaine ou de montagne, selon le cycle, les conditions climatiques, la fertilité du sol, la pluie et la main verte des petits lutins, sa composition sera différente.Donc, elle ne peut pas dans tous les cas être idéalement « équilibrée » pour votre cheval. Et si elle l’est pour votre cheval, elle ne le sera peut-être pas pour votre poney, votre âne… ou les vaches du voisin.Une seule solution, vous diraient les tenants du marketing : oubliez le « primitif » pour vous tourner vers le « naturel » en prenant le mélange X qui est « naturellement » équilibré et qui apportera à tous vos chevaux ce dont ils ont besoin.On peut effectivement penser qu’en mélangeant plusieurs sources alimentaires (et un brin de composés chimiques), on peut obtenir un résultat parfaitement équilibré. D’ailleurs, on vous le certifie. Que demande le peuple ?!Équilibré, moi, je veux bien. Mais si nous reprenons la définition du début, un aliment équilibré est un aliment qui apporte les divers nutriments dans des proportions qui correspondent à ce qui est nécessaire pour un animal.Sauf que dans une écurie, il y a les jeunes et les vieux, les Shetlands et les Shires, les juments allaitantes et les retraités, ceux qui font les ballades en main avec les gamins et ceux qui font de la compétition.Autant de situations, autant d’équilibres. Pour ne prendre qu’un exemple, il faut 70 g de MADC (protéines)/UFC (énergie) sur un cheval au travail et 130 g de MADC/UFC pour un yearling.L’aliment équilibré pour l’un ne le sera pas pour l’autre. D’ailleurs, c’est pour cela qu’on trouve des gammes d’aliments qui sont destinés à être utilisés pour un certain type d’animaux et souvent aussi en complément avec une ration de base « maison » qui peut contenir du foin, de l’herbe, des céréales...Utiliser un aliment qui est prévu par exemple pour être distribué en complément de céréales et de foin alors qu’on n’a que du foin, c’est bien sûr possible, mais délicat.Pour conclure, votre foin ou votre herbe n’est pas forcément l’aliment idéal pour votre cheval (même si c’est une base incontournable de toute ration). Elle peut être trop pauvre, trop riche et surtout, elle peut être carencée en certains éléments.Mais cela se verra, me direz-vous.Pas si sûr. Cela se verra si cet élément fait défaut à la plante et que donc elle ne peut pas faire ses synthèses correctement. Elle souffrira et vous le verrez.Mais supposez que ce soit un élément dont la plante n’a pas besoin, voire pire qu’elle le fuie comme la peste parce que plus, ce serait toxique pour elle...Alors elle n’en contiendra que de toutes petites quantités, ce qui fera parfaitement son affaire .... mais ce n’est pas dit que cela fera celle de votre cheval.Encore une fois, l’équilibre nutritionnel du doryphore, la pomme de terre, elle s’en bat l’œil ! Catherine Kaeffer http://techniques-elevage.over-blog.com

Chronique vétérinaire

« Le foin est le seul aliment équilibré » « J’achète le floconné X parce qu’il est équilibré ». Penchons-nous un peu sur ce que sous-tendent ces affirmations...

ACTU Véto_Aliment_équilibré
Photo 1 sur 1

Un aliment équilibré est un aliment qui apporte les divers nutriments dans des proportions qui correspondent à ce qui est nécessaire pour un animal.
Prenons le cas d’un aliment simple c’est-à-dire avec un seul composant : l’herbe, le foin, l’avoine, l’orge...
Si l’herbe absorbe et synthétise des nutriments, ce n’est pas pour être délicieuse au moment où elle se fera croquer mais pour assurer ses propres besoins. Si le grain d’orge stocke de l’amidon, ce n’est pas pour être consommé mais bien pour avoir les réserves nécessaires à sa plantule.
Bref, ces végétaux n’ont aucun respect du consommateur... pour tout dire, ils s’en foutent !
La nature n’est donc pas « bien faite » et l’herbe ne s’est pas adaptée pour nourrir au mieux un herbivore... elle joue son propre jeu... au consommateur à quatre pattes de se débrouiller comme il peut avec... elle, elle ne fera aucun effort.
Ce qui peut sembler une boutade, de l’humour facile, est en fait plus profond que cela.
L’alimentation « naturelle » du cheval est loin d’être forcément la meilleure possible pour lui. Elle est simplement le fruit d’un compromis ancestral entre les disponibilités de l’environnement et les besoins. Il y a eu adaptation. Le compromis marche parce que sinon le cheval aurait disparu.
Il faut donc en tenir compte lorsque nous nourrissons un animal mais ce n’est pas une référence absolue.
Car « naturellement », seules certaines régions peuvent convenir aux chevaux ; seuls certains types de chevaux peuvent se développer dans telle ou telle région ; et d’autres ne pourront jamais donner que des chevaux faméliques ou de petite taille... et un taux de perte important sur les poulains. 
A l’état sauvage, les troupeaux se déplaçaient sur de grandes distances pour trouver des conditions qui leur convenaient. Aujourd’hui, si un sol est carencé, la seule ressource est la main de l’homme. Et puis, si un poulain sur deux mourait, ce n’était pas perdu pour tout le monde…
Revenons à notre herbe, puis à notre foin qui en provient.
Selon que c’est un ray-grass, une fétuque, un dactyle, une prairie de plaine ou de montagne, selon le cycle, les conditions climatiques, la fertilité du sol, la pluie et la main verte des petits lutins, sa composition sera différente.
Donc, elle ne peut pas dans tous les cas être idéalement « équilibrée » pour votre cheval. Et si elle l’est pour votre cheval, elle ne le sera peut-être pas pour votre poney, votre âne… ou les vaches du voisin.
Une seule solution, vous diraient les tenants du marketing : oubliez le « primitif » pour vous tourner vers le « naturel » en prenant le mélange X qui est « naturellement » équilibré et qui apportera à tous vos chevaux ce dont ils ont besoin.
On peut effectivement penser qu’en mélangeant plusieurs sources alimentaires (et un brin de composés chimiques), on peut obtenir un résultat parfaitement équilibré. D’ailleurs, on vous le certifie. Que demande le peuple ?!
Équilibré, moi, je veux bien. Mais si nous reprenons la définition du début, un aliment équilibré est un aliment qui apporte les divers nutriments dans des proportions qui correspondent à ce qui est nécessaire pour un animal.
Sauf que dans une écurie, il y a les jeunes et les vieux, les Shetlands et les Shires, les juments allaitantes et les retraités, ceux qui font les ballades en main avec les gamins et ceux qui font de la compétition.
Autant de situations, autant d’équilibres. Pour ne prendre qu’un exemple, il faut 70 g de MADC (protéines)/UFC (énergie) sur un cheval au travail et 130 g de MADC/UFC pour un yearling.
L’aliment équilibré pour l’un ne le sera pas pour l’autre. D’ailleurs, c’est pour cela qu’on trouve des gammes d’aliments qui sont destinés à être utilisés pour un certain type d’animaux et souvent aussi en complément avec une ration de base « maison » qui peut contenir du foin, de l’herbe, des céréales...
Utiliser un aliment qui est prévu par exemple pour être distribué en complément de céréales et de foin alors qu’on n’a que du foin, c’est bien sûr possible, mais délicat.
Pour conclure, votre foin ou votre herbe n’est pas forcément l’aliment idéal pour votre cheval (même si c’est une base incontournable de toute ration). Elle peut être trop pauvre, trop riche et surtout, elle peut être carencée en certains éléments.
Mais cela se verra, me direz-vous.
Pas si sûr. Cela se verra si cet élément fait défaut à la plante et que donc elle ne peut pas faire ses synthèses correctement. Elle souffrira et vous le verrez.
Mais supposez que ce soit un élément dont la plante n’a pas besoin, voire pire qu’elle le fuie comme la peste parce que plus, ce serait toxique pour elle...
Alors elle n’en contiendra que de toutes petites quantités, ce qui fera parfaitement son affaire .... mais ce n’est pas dit que cela fera celle de votre cheval.
Encore une fois, l’équilibre nutritionnel du doryphore, la pomme de terre, elle s’en bat l’œil !

Catherine Kaeffer http://techniques-elevage.over-blog.com

22/08/2013

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