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Tout savoir sur l’Open de France de polo

Dans trois semaines, la plus importante compétition internationale de polo en France, l'Open de France Engels & Völkers, ainsi que l'Open de France féminin se joueront à Chantilly pour dix-huit jours de sport intense. Pour mieux connaître les coulisses du polo, nous vous proposons ici l'interview d'un de ces grands pros argentins, Bautista Bayugar ainsi que le portrait d'une grande dame du polo mondial, une française nommée Caroline Anier. L'occasion d'en savoir plus sur l'Open féminin.

Bautista Bayugar, un futur « grand » du polo à Chantilly

Bautista Bayugar (à droite), lors de l'Open d'Argentine 2021. Terrain n°2 de Palermo

Hector Salvo, le père de Lia, ancien vainqueur de la Coupe d’Or de Deauville et surtout fin observateur de la planète polo, nous avait confié lors de l’Abierto 2021 que selon lui, avec Poroto Cambiaso, Bautista Bayugar (26 ans), sera l’un des grands joueurs qui marqueront leur époque. « Cela prendra un peu plus de temps, car il ne dispose pas du même soutien, de la même organisation et de la même expérience que les pères des Castagnola et de Poroto peuvent apporter à leurs fils, Bautista avance plus lentement, mais il y arrivera ». C’est ce joueur d’exception que Jota Chavanne a recruté pour Los Dragones pour l’édition 2022 de l’Open de France Engels & Völkers.

Pouvez-vous revenir brièvement sur vos débuts dans le polo : à quel âge, est-ce une histoire de famille ?

Bautista Bayugar : À quel âge ? Pfff, quand j’avais… quand j’étais très jeune. J’ai toujours monté à cheval. Je ne suis pas né à Pilar (la Mecque du polo argentin, Ndr), j’ai grandi au sud de Buenos Aires à Bahia Blanca. Mon père jouait au polo et j’ai commencé le polo dès que j’ai été capable de monter à cheval. Mon arrière-grand-père y jouait déjà, donc ça fait déjà très longtemps que le polo fait partie de la vie de notre famille. Ce n’était pas professionnel, mais c’était une tradition familiale.

Quand avez-vous su et décidé que vous seriez joueur professionnel ?

BB : J’ai toujours été baigné dans le polo, c’était quelque chose de naturel pour moi. Mon père travaillait en Europe et je l’ai accompagné, c’est là que j’ai été invité à jouer dans des équipes européennes pour les premières fois. J’avais 13 ans et j’ai réalisé à ce moment que je pourrais devenir professionnel et à partir de là, je me suis mis à travailler pour y parvenir. Mais j’aime tellement ce sport que je n’ai pas l’impression de travailler quand je travaille ! L’envie de gagner est une motivation suffisante pour travailler, j’aime gagner !

Quel a été le meilleur moment, le sommet de votre carrière jusqu’alors ?

BB : C’est quand j’ai gagné la Copa Cámara de Diputados, (avec La Mancha Amadeus, aux côtés notamment de Martin Aguerre Jr, Bautista avait inscrit 12 des 21 goals de son équipe, Ndrl), en 2019 et quand, l’année suivante, nous nous sommes qualifiés pour la Triple-Couronne. Pour l’instant, ce sont les deux plus beaux moments de ma carrière.

Quand avez-vous joué pour la première fois en France et à l’Open de France ?

BB : La première fois que j’ai joué en France, c’était il y a 10 ans et j’ai participé à mon premier Open de France l’an dernier avec Clinova.

Que représente l’Open de France pour vous ?

BB : C’est un tournoi important et très compétitif. C’est l’endroit où il faut être en septembre, car c’est le meilleur tournoi à cette époque. Les terrains sont excellents. C’est une victoire importante dans un palmarès.

Comment êtes-vous organisé concernant les chevaux en Europe ? Combien en avez-vous ? Où sont-ils basés ?

BB : J’ai fait venir une base de dix chevaux d’Argentine il y a quelques années déjà. En Europe, je suis théoriquement basé en Italie, à Villa Sesta. C’est surtout l’endroit où mes chevaux se reposent en hiver. Il y a de belles installations pour les entraîner, les remettre en route, mais à la vérité, quand je suis ici, je ne me pose jamais, je n’ai pas de base, car je suis en mouvement perpétuel, d’un tournoi à l’autre.

Parlez-nous de votre meilleur cheval que vous jouerez à Chantilly.

BB : C’est une jument que j’ai achetée il y a un an, Tremenda, elle a 9 ans et je me sens vraiment bien en match avec elle et j’espère qu’elle va bien performer à Chantilly.

Après Chantilly, vous rentrerez en Argentine pour préparer la alta temporada : quel est votre programme ? Avec qui jouerez-vous la Triple-couronne ?

BB : Effectivement, après Chantilly, je rentrerai en Argentine pour jouer la Triple-Couronne avec La Irenita II aux côtés d’Isidro Strada, Tomas et Facu Fernández Llorente, ce sera la première fois que nous jouerons ensemble cette Triple-Couronne. Ce sera chaud, car après Chantilly, nous aurons cinq jours pour être prêts pour l’Open de Tortugas.

Caroline Anier, la dame de fer du polo

Face aux meilleurs professionnels du monde - ici lors de l'Open de France "mixte" 2021 - Caroline Anier (à droite) n'a pas froid aux yeux malgré le "millésime Jeannie Longo" qu'elle revendique !


Longtemps meilleure joueuse du monde et encore plus longtemps meilleure française, Caroline Anier fait partie des six grandes joueuses qui ont marqué ou marquent encore l’histoire du polo.

Et ici, il ne s’agit pas de polo exclusivement féminin, mais de polo tout court, hommes et femmes confondus. Car cette femme de caractère, qui a débuté le polo à l’âge de 14 ans, « élevée à la dure » à l’école de Pepito Gontier en Sologne, sans moyens, est devenue une cavalière respectée sur le circuit mondial. Elle est devenue meilleure joueuse française à 19 ans… et l’est restée pendant 38 ans, jusqu’à l’avènement récent d’Elena Venot ! Elle a été également meilleure joueuse du monde trois années consécutives de 1999 à 2002.

Elle a ainsi été recrutée dans bon nombre d’équipes de la planète, notamment en France et aux États-Unis où elle était engagée tous les hivers pour la saison californienne. Elle a atteint le handicap mixte de 4 ; seules deux femmes ont fait mieux qu’elle : l’Anglaise Clare Tomlinson et l’Américaine Sunny Hale (5). C’est cette dernière qui l’avait fait venir aux États-Unis. Elles ont remporté ensemble le premier Open féminin de l’histoire en 1996.

Femme de cheval accomplie, Caroline Anier n’est pas du genre à attendre sur le bord du terrain qu’on lui apporte ses chevaux tous sellés : elle les ferre et les transporte elle-même et cela va sans dire qu’elle ne laisse à personne d’autre le soin de les éduquer. Elle est réputée pour son sens du jeu, sa « malignité » sur le terrain et elle est toujours sollicitée pour compléter des équipes mixtes grâce à ses qualités et à son expérience lui permettant encore aujourd’hui de jouer des tournois du niveau le plus élevé en France comme la Coupe d’Or de Deauville ou l’Open de France de Chantilly.

Au cours de sa longue carrière, elle a notamment remporté l’Eldorado League en polo mixte avec une équipe entièrement féminine, la première édition de l’Open de France mixte en 2000, avec une deuxième femme dans l’équipe (Céline Charloux), la Ladies Cup de Deauville (2018, 2020 et 2021), six championnats de France dont le dernier en 2007, deux Opens de Paris (mixte) et l'Open de France féminin à deux reprises, en 2015 et 2020. Elle a été la première Française à participer à l’Open d’Argentine (2016). Elle est elle-même très fière de s’auto-surnommer la Jeannie Longo du polo !

Pascal Renauldon

11/08/2022

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