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Tout savoir sur les intoxications à l’herbage

  • Une bonne plante peut en cacher une autre, toxique, celle-ci
    Une bonne plante peut en cacher une autre, toxique, celle-ci
Les chevaux vivent souvent sur des prairies permanentes et sont donc confrontés à des plantes toxiques, et ceci de façon de plus en plus fréquente. Cela tient, d’une part, à la méconnaissance croissante des plantes et, d’autre part, à l’extension rapide de plantes envahissantes. De plus, les modifications climatiques, l’absence de variétés fourragères sélectionnées pour le cheval, la difficulté croissante d’utiliser des herbicides et certains comportements du public génèrent un risque accru. Dans les régions défavorisées climatiquement il devient difficile d’acheter ou de produire du foin ne contenant pas de plantes toxiques. Cela est d’autant plus dommageable que les plantes toxiques sont difficiles à identifier dans le foin, car elles sont souvent morcelées et peuvent avoir perdu leurs feuilles, qui sont les éléments permettant de les identifier.





Les comportements


à risque


Croire que les chevaux savent sélectionner ce qu’ils mangent est faux, tout du moins pour une partie d’entre-eux. Pour ces chevaux, toute présence de plantes ou d’arbre toxique dans l’environnement génère un risque important. Pour les autres, le risque augmente pour différentes raisons qui tiennent :


• A un stress environnemental : suite à un gros orage, ou une tempête de vent, les animaux voient souvent leur comportement alimentaire modifié.


• A l’ennui : un cheval doit pouvoir consommer de l’herbe ou des fourrages toute la journée. L’absence de ressource peut l’amener à grignoter n’importe quoi, comme par exemple en 2003.


• Au comportement humain : pour les chevaux, par essence des animaux domestiqués, le fait qu’un humain touche une plante suscite leur intérêt. Ainsi, il est très important d’arracher les plantes toxiques (quand c’est possible) hors de la vue des chevaux. De même, les résidus de taille doivent être ramassés et jamais distribués aux animaux. La plupart des haies de jardin sont réalisées avec des plantes susceptibles d’être toxiques comme le thuya, le troène, l’if, le buis, le laurier cerise et le laurier rose.


Enfin, il faut différencier cette notion de risque en fonction des saisons. Par exemple, en hiver seuls les arbres et les arbustes toxiques, ainsi que certaines plantes vivaces peuvent poser des soucis au pré. A la belle saison, la quantité disponible de graminées alimentaires augmente généralement, mais la variété des plantes toxiques aussi, avec l’évolution des plantes herbacées annuelles.





Les arbres et les arbustes toxiques


Sans faire un inventaire à la Prévert, certains arbres doivent absolument être évités en bordure de prairie voire dans l’ensemble de l’environnement où évolue le cheval. Si certains de ces arbres comme les chênes à feuilles caduques voire les robiniers faux acacia, très fréquemment présents en bordure de prairie, ne posent que rarement problème, ils sont néanmoins toxiques.





A l’inverse, d’autres arbres doivent être réellement éliminés de l’environnement des chevaux. Dans le Sud surtout, on évitera le cytise, le laurier rose, le fusain d’Europe. Dans toute la France, les ifs, les érables sycomores, les cognassiers, les cerisiers, voire cette année les noyers (en raison du développement d’une toxine sécrétée par des champignons parasites) ont provoqué des accidents souvent mortels.


En cas de doute sur l’identité d’une espèce, il est préférable de faire appel à un botaniste : il existe par exemple plusieurs espèces d’érable en France, dont une seule est toxique (l’érable sycomore : Acer pseudoplatanus) et une autre soupçonnée de l’être (l’érable à feuilles de frêne ou érable américain : Acer negundo).





Les plantes herbacées toxiques


Celles qui à ce jour posent le plus de soucis sont des « aliens ». Disposant d’un pouvoir de dissémination important, par exemple grâce à des akènes plumeux qui volent au vent (comme ceux des pissenlits), certaines plantes de la famille des Astéracées, ont colonisé notre territoire.


C’est par exemple, le problème des séneçons (Senecio) avec surtout le séneçon du Cap (Senecio inaequidens) qui a été introduit involontairement d’Afrique du Sud et qui couvre maintenant l’ensemble de la France. Cette plante représente un problème majeur car son extension s’est considérablement aggravée depuis la limitation de l’utilisation des herbicides le long des autoroutes, des routes...et les jachères. Cette plante, bien que facile à arracher, colonise maintenant beaucoup d’herbages. Quasiment impossible à identifier après sa coupe dans le foin, elle doit être absolument détruite avant fenaison si elle se trouve sur la prairie.


Une autre plante ayant pris ses aises depuis la sécheresse de 2003 est la porcelle enracinée (Hypochaeris radicata) qui provoque un harper bilatéral chez les chevaux la consommant. Si beaucoup de chevaux évitent cette plante, d’autres l’apprécient particulièrement voire acquièrent une véritable toxicomanie qui les poussent à la rechercher. Les animaux atteints semblent souffrir d’une parésie, voire paralysie des muscles extenseurs des membres postérieurs. Il n’existe pas de traitement à l’heure actuelle, à part soustraire les animaux de la plante, atténuer les problèmes de spasticité avec des antiépileptiques (Phénytoïne) et attendre...Malgré une guérison clinique apparente sur la plupart des chevaux, spontanément ou après intervention chirurgicale, les animaux ne guérissent réellement jamais car la plante est toxique pour l’ensemble du système nerveux y compris central. Tout épisode de stress, toute blessure voire un changement brutal de terrain pourra, même des années après, déclencher de nouveau des mouvements de harper.


Ces animaux deviennent des non valeurs économiques même si cette intoxication ne se transmet pas au conceptus durant la gestation. Aussi, une jument peut être conservée à la reproduction, à condition qu’elle ne consomme plus jamais la plante et qu’elle n’assomme pas son produit à cause de son harper. Contrairement au séneçon, la plante est quasiment impossible à arracher et il faut traiter les prairies avec des herbicides sélectifs (anti Dicotylédones) au printemps ou à l’automne.





A ce jour que faire ?


Il est désormais important de comprendre qu’une prairie doit être régulièrement entretenue. Les prairies destinées à être fauchées doivent être régulièrement traitées avec des herbicides lorsqu’elles sont colonisées ou re-colonisées par des plantes toxiques. Notons par exemple que les graines de porcelle enracinée et de séneçons sont des akènes plumeux régulièrement amenés par le vent. La pousse des graminées doit être encouragée (fauche des refus, amendement adapté, eau) et la prairie sursemée régulièrement avec des semences adaptées au climat, au sol et aux chevaux.


Les prairies où pâturent les chevaux doivent elles aussi être entretenues très régulièrement. L’arrachage des plantes toxiques (hors de la vue des chevaux) et le ramassage des crottins permettraient de limiter l’extension des herbacées toxiques (en effet, de nombreuses plantes toxiques sont sélectionnées par l’excès d’azote local que présente le fait de laisser les crottins au sol). A plus long terme, il serait utile de replanter des haies en choisissant soigneusement des essences non toxiques, éviter le surpâturage qui pousse les chevaux à brouter à ras et à manger n’importe quoi.


29/03/2018

Actualités régionales