- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Testage à St-Lô : du bon mais pas de pères en vue

(en ligne le 22 janvier 2010) Comme l’an dernier le testage des jeunes étalons de 3 ans approuvés lors des JSF s’est déroulé au CPE de St Lô du 15 au 17 décembre. Photo 1 sur 3
Les cavaliers experts Eric Navet, Christian Hermon, Jacques Bonnet et Bruno Rocuet étaient cette fois-ci accompagnés de nouveaux observateurs, Alain Fortin et Eric Girault appelés en experts commerciaux. Côté observation de la locomotion et du comportement Serge Cornut et Nicolas Blondeau étaient aussi de la partie. Cette année onze étalons poneys français de selle, et trois Anglo-Arabe ont aussi été expertisés par ce même jury. L’ANSF met tous les atouts de son côté pour essayer de tester au mieux la trentaine de jeunes étalons de 3 ans,  malheureusement le cru de cette année ne fut pas jugé excellent. Manque de sang, de force de réactivité... et surtout déception par rapport a ce qu’ils avaient montré lors des JSF. « On n’a pas l’impression de retrouver les mêmes chevaux, constate Bruno Rocuet. Nous n’avons pas eu le sentiment d’avoir en face de nous l’élite d’une génération. Plus de la moitié des chevaux n’ont pas leur place ici, par rapport à leur modèle, à leurs allures et à leur pedigree. Pour moi un étalon doit avoir quelque chose d’exceptionnel mais l’exception est tellement rare que ce n’est pas la faute des juges. Il n’y en a peut être qu’un par génération. Néanmoins je trouve qu’approuver trente étalons c’est beaucoup trop et on a l’impression de perdre notre temps. La meilleure idée serait un suivi sur quinze jours avec en plus un bilan de santé qui ne se limiterait pas à des radios. Aujourd’hui nous avons vu trop de chevaux qui n’étaient pas droits. On est dans le flou le plus total. Il faudrait pouvoir tester avant l’approbation car il y a une trop grande différence entre les chevaux présentés en octobre et ceux présentés ici en décembre. Nous ne les avons jamais vus avant alors nous avons un jugement assez juste, non influencé par leur démonstration au saut en liberté. Cela dit, mais nous savons qu’il est difficile pour un poulain de se présenter au mieux dans un manège qu’il ne connaît pas.
Pour Eric Navet « ce testage est très intéressant surtout quand on les regarde sauter sous la selle. Il faut être indulgent car ils n’ont que 3 ans et pour eux c’est plus difficile de sauter monter que de sauter en liberté car leur dos ne s’est pas encore fait. Pour moi ce qui m’importe le plus, c’est leur comportement, et j’attache beaucoup d’importance à l’intérêt qu’ils ont à sauter. Je trouve aussi très instructif d’avoir l’avis de Serge Cornut sur leur locomotion. Ces 3 ans en deux jours ont d’ailleurs souvent bien évolué entre le premier et le deuxième jour. Je pense qu’il faut produire des chevaux avec du sang et de l’influx, avec beaucoup d’énergie dans le coup de jarret. Sur ce testage nous avons rencontré trop de chevaux faibles dans l’arrière main ».

Jacques Bonnet est plus mitigé dans son constat : « L’ensemble des chevaux était correct mais ce qui nous a manqué c’est un cheval qui sorte du lot, qui se démarque et qui nous fasse envie. L’an dernier il y avait Ready Boy des Forêts qui représentait un vrai reproducteur, l’année précédente il y a eu Quartz du Chanu mais cette année il n’y en avait pas. On a vu quelques bons chevaux de concours, certes, mais pas d’exception ».

Les plébiscités

Pour la première année Eric Girault a été appelé pour apporter sa vision de marchand : «  Je représente la chambre des marchands au titre de consultant. Je trouve que les obstacles (oxer 1m15 pour finir) sont un peu forts pour des 3 ans. Les cavaliers devraient présenter leurs chevaux plus naturellement afin que l’on puisse mieux observer leurs qualités intrinsèques. En ce qui me concerne, je trouve que Seigneur Kervec (Quidam-Kannan) est au-dessus du lot. Il a un vrai coup de saut et un très bon mental. Il y a aussi Sublim des Grezils (Quincy-Socrate de Chivres) qui m’a frappé car il a du sang et de la force. Il y en a ensuite deux ou trois autres qui m’ont plu. Nous avons observé une trop grande différence entre les chevaux tant sur les aptitudes que sur le modèle. On n’est pas là pour juger des chevaux de sport mais des futurs pères destinés à apporter un plus, à améliorer la race. Ce qui me paraît le plus inquiétant, c’est que ces 3 ans ne sont pas le reflet exact de la production du SF. »
Cinq étalons vendus ou exportés, n’ont pas participé à ce testage qui est obligatoire pour pouvoir bénéficier d’un carnet de saillies et pouvoir faire la monte au SF. A l’issue de ce testage et après une réunion faite avec les juges, l’ANSF publiera en mars son guide des étalons avec le bilan de cette expertise.
Cette grande différence entre les chevaux approuvés en octobre et les mêmes testés deux mois plus tard, n’a pas échappé aux dirigeants de l’ANSF. Yvon Chauvin n’exclut pas une autre stratégie à l’avenir. La réflexion est engagée.

Jennifer Decamp
21/01/2010

Actualités régionales