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Semilly, Talma, haras d’Elle : tour d’horizon chez les étalonniers

  • Hubert Pignolet/El Dorado d'Elle
    Hubert Pignolet/El Dorado d'Elle
  • Easy star de Talma dans ses oeuvres
    Easy star de Talma dans ses oeuvres
  • Ekano DKS le champion Semilly des 5 ans
    Ekano DKS le champion Semilly des 5 ans
Il fallait s’y attendre, la période de confinement n’est pas annonciatrice d’une des meilleures saisons de monte du siècle. Si la plupart des étalonniers ont le sentiment qu’il y a un peu d’hésitation chez les éleveurs, ils n’en tirent pas pour autant de conclusions pessimistes. Retard ne veut pas dire abandon loin de là. Le protocole sanitaire mis en place par la filière a sécurisé les transports et les pratiques pour la mise à la reproduction des juments. C’est compliqué mais réalisable et indispensable pour les éleveurs de pur-sang. Température dans quelques grandes maisons.

Sophie Levallois : « Un « carton » au salon de St Lô

 « Confinement ? Forcément oui. On a mis un protocole en place pour pouvoir permettre aux juments d’arriver et aux gens de rester en toute sécurité mais cela dit il y aura des gens qui ne feront pas saillir cette année, c’est évident et je les comprends.

Pour l’instant on ne le ressent pas trop d’effets négatifs parce qu’on a fait un excellent début de saison avec un « carton » au salon de St Lô mais on sent maintenant les gens attendent. Alors que d’habitude, on commence toujours très fort la saison, là on voit que les gens ont la tête ailleurs et qu’ils ont autre chose à penser. Certains pensent même qu’ils ne feront pas saillir cette année. En Normandie, nous ne sommes pas encore hyper impactés, par contre dans certaines régions c’est complètement bloqué. Il y a aussi beaucoup de centres qui sont dépendants de vétérinaires qui eux ne veulent plus passer, du coup ces juments-là ne seront pas saillies tout de suite. On n’est qu’en tout début de saison, il ne faut pas non plus dramatiser les choses, mais il y aura un impact, il ne faut pas rêver.

Pour ce qui est de l’activité, tout le monde doit respecter le protocole strict qui a été mis en place et ça c’est une excellente décision des sociétés-mères qui permet de continuer une activité de manière raisonnée, donc ça c’est une bonne chose.

De toute façon la vie continue forcément parce que, d’abord on a le véto sur place, donc il ne sort pas du haras et c’est Richard qui insémine les juments qui sont déjà là. Les étalons sont là aussi. Et nous personnellement, ça ne change rien car on est toujours « confinés » pendant la saison de monte, on n’a pas le temps de faire autre chose ».

 

Michel Guiot : « Un impact sur le nombre de saillies »

« Beaucoup de juments sont là à l’année donc on a de quoi travailler et on a une activité pur-sang donc ça, ça fonctionne. Pour le sport ça ne démarre jamais avant le mois d’avril mais il y a déjà des juments qui sont venues à la saillie. On sent de l’hésitation de la part de certains amateurs qui disent qu’ils vont peut-être faire l’impasse cette année et qui veulent être remboursés de leurs saillies. Vraisemblablement il y aura une baisse dans les élevages des amateurs. C’est inévitable mais bon ça c’est encore rien à côté de tout le reste qui est au point mort. Pour l’élevage c’est catastrophique. On a tout arrêté. Ce qui est rageant c’est que dès qu’on met quelque chose en place, on est critiqué. J’ai travaillé à la rédaction du protocole avec les pur-sang, les trotteurs, la SHF, les vétos pour que l’activité se fasse quand même, dans des conditions strictes, mais c’est critiqué. Si tu ne fais rien c’est critiqué, si tu fais quelque chose c’est aussi critiqué. Ce protocole permet à tout le monde de travailler. Les gens qui viennent à l’insémination ne descendent pas de leur voiture, on nettoie les poignées du van avant de sortir la jument, les papiers sont faits par internet avant, on ne côtoie personne et ça se passe bien comme ça. On donne un horaire de rendez-vous, les gens viennent, déposent la jument et s’en vont.

Quant à la période de confinement, les quinze jours ne suffiront pas. On va atteindre le pic vers le 5-6 avril. Il y aura une prolongation, c’est certain.

Le plus grave, c’est l’économie du pays. Mettre tout le monde au chômage, ce n’est pas une solution. Au final, c’est nous tous qui paierons ».

Contaminé il y a une quinzaine de jours par le Covid-19, l'étalonnier éleveur de Talma a vaincu cette attaque virale. 

Hubert Pignolet : « Le tout en frais était notre point fort… »

Avec une clavicule cassée (chute au paddock à Auvers avant le GP des 7 ans), Hubert Pignolet prend le confinement avec philosophie. « J’ai eu la chance d’être opéré très vite et j’aurais pu assez rapidement remonter à cheval. Le confinement tombe bien pour moi. Pour ce qui est de la saison de monte, j’ai l’impression que tout le monde va retarder sa décision. Il n’y a pas de temps de perdu, les juments ne sont pas encore cyclées. Il est possible qu’il y ait un peu moins de naissances l’an prochain, en tout cas pas chez nous, nous ferons naître nos 35-40 poulains comme chaque année. El Dorado, le champion des 3 ans, est toujours très demandé, il produit très bien. Notre point fort, c’était tous nos étalons en frais. Le Covid-19 en a fait notre point faible….

Pour les concours, on attendra. Les 4 ans sont déferrés et retournés au pré ».

E. R.

Nous poursuivrons ce tour d’horizon « élevage » avec les haras et centres de mise en place dans une prochaine news

25/03/2020

Actualités régionales