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SAUMUR COMPLET : CÔTÉ SPORT ET PERFORMANCES

  • Birmane, le sésame de Tom Carlile pour Tokyo (© M. Guillamot)
    Birmane, le sésame de Tom Carlile pour Tokyo (© M. Guillamot)
  • La talentueuse Birmane fait encore parler d'elle sous la selle de Tom Carlile (© M. Guillamot)
    La talentueuse Birmane fait encore parler d'elle sous la selle de Tom Carlile (© M. Guillamot)
  • Selle français et coach français pour le champion japonais Atsushi Negishi (© M. Guillamot)
    Selle français et coach français pour le champion japonais Atsushi Negishi (© M. Guillamot)
  • Guillaume Blanc, un homme de terrain en accompagnement de la filière équine (© M. Guillamot)
    Guillaume Blanc, un homme de terrain en accompagnement de la filière équine (© M. Guillamot)
  • Le médaillé olympique Arnaud Boiteau et son binôme Quoriano IFCE (© M. Guillamot)
    Le médaillé olympique Arnaud Boiteau et son binôme Quoriano IFCE (© M. Guillamot)
Retour sur cette compétition du début du mois par des entretiens avec Jean-Pierre Blanco, Thomas Carlile, Arnaud Boiteau et Guillaume Blanc.

Jean-Pierre Blanco, le couple Carlile/Birmane, une force pour la France ?
« Ils sont très réguliers et ils alignent les performances, tout à fait. Birmane est une jument fantastique qui ne cesse de progresser et qui s’améliore aussi dans son tempérament. Elle mûrit, et nous le montre sur cette performance. Elle a énormément de qualités et sur les trois tests ».

Thomas Carlile, Meilleur cavalier français de ce CCI4*L, comment allez-vous ?
« Je reste réaliste, je vais bien, la jument va très bien aussi, j’aimerais vraiment faire partie de cette équipe, mais je reste un brin pessimiste sur la tenue des jeux. Ça me tient particulièrement à cœur surtout depuis Rio. J’essaie de tout faire au mieux, en étant conscient qu’il faut se détacher des facteurs qu’on ne peut pas maîtriser. Ce que je peux maîtriser ? La bonne performance de ma jument et mon équitation, cela j’y travaille au quotidien ».

Tu as une constance au fur et à mesure des années sur tous les concours, et on se rend compte que tes chevaux aussi. On dirait que vous gérez les émotions comme personne ?
« Je fais partie des cavaliers qui essaient de monter tous types de chevaux. Pour avoir un mode d’emploi sur chacun, j’ai un facteur commun dans l’éducation et leurs conditions physiques. Je sais où j’aime avoir mes chevaux, dans la catégorie d’âge, dans la saison. Quand j’en ai un qui est au point, très bien, et quand j’en ai un qui est un peu en retard, et bien je passe plus de temps avec. Cela me permet d’avoir des générations homogènes, ça se voit avec mes deux 7 ans, qui finissent 8 et 9e sur 90 partants, ce qui est assez drôle car il n’y a pas plus opposé que Birmane et Zanzibar. J’ai encore des réglages avec Zanzibar mais j’y crois énormément et de plus en plus quand je le vois évoluer. Sinon c’est un travail acharné au quotidien, il faut venir passer plusieurs semaines aux écuries pour s’en rendre compte. J’ai une éthique de travail peu commune pour la France, mais plus présente à l’étranger. Concrètement, je commence à monter quand je peux et je finis quand le travail est fait. Je ne travaille pas à l’horloge ».

Arnaud Boiteau, un retour sur la compétition ?
« Quatre jours qui se sont passés magnifiquement. Déjà avec 4 chevaux à monter, c’était copieux. Tous sont classés, donc que vouloir de plus, du moins sportivement parlant.

Je suis ravi déjà de Quoriano*IFCE qui, une fois de plus, a prouvé toute sa fraîcheur à 17 ans. J’enchaînais les Grands nationaux, qui ne sont pas faciles mais plus courts. Cette fois, un cross de 10 minutes, c’est différent. Il a prouvé hier sur le tour qu’il était tout à fait dans le coup physiquement. Encore aujourd’hui sur l’hippique. Nous avons eu de très bonnes sensations, nous étions bien connectés tous les 2, on se connaît plus que par cœur et il aligne les performances de manière incroyable. 4e à Saumur en début d’année, 3e à Pompadour, 4e cette fois-ci. C’est un cheval qui est exceptionnel. Les « esprits chagrins » diront qu’avec lui, nous ne sommes jamais sûrs de son bon-vouloir. L’année dernière à Pau, il s’est arrêté de manière peu compréhensible. Là nous courons à domicile, je ne l’oublie pas non plus, mais on ne va pas lui reprocher de faire ce qu’il a bien fait et il l’a très bien fait ».

On vous sent très en forme ?
« C’est vrai que la sérénité découle de cette régularité. On vieillit tous les deux, et plus on vieillit et dès lors que nous sommes encore en forme, mieux on monte. Il y a l’expérience, le relâchement ».

Ce travail sur le relâchement, c’est ce qui permet d’impacter l’émotivité du cheval ?
« Ils sont vraiment des éponges et lorsqu’on le dit, nous sommes encore en-dessous de la vérité. C’est évidemment une aide ce relâchement, cela permet d’avoir l’action juste au bon moment, ciblée, d’éviter les gestes parasites et surtout de polluer le cheval. C’est particulièrement le cas avec des chevaux aussi sensibles que le mien qui ressentent tout. On le dit souvent, c’est un cheval, il nous parle. J’ai eu beaucoup de chevaux dans ma carrière mais avec ce niveau de sensibilité et de finesse… J’ai mille exemples qui parfois nous donnent des doutes quant à son côté « basiquement animal. » ll vit chez moi, dans la famille, nous l’avons quasiment sous les yeux jour et nuit ».

Il est au box quand même ?
« Absolument pas, justement, c’est un cheval qui appartient à l’IFCE, avec qui nous avons signé une convention pour le faire vivre dehors. Ça n’allait plus du tout, il était malheureux. La question du bien-être animal est, à juste titre, au cœur des actualités. En ce sens, nous avons avec Quoriano vraiment un cas d’école, sur le rapport bien-être animal et performances, et performances de très haut niveau, nous sommes quasiment au top. C’est une combinaison qui fonctionne très bien avec ce cheval-ci, à la base de laquelle il y a tout aussi simplement le fait que c’est un crack ! »

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Guillaume Blanc,victoire allemande pour Selle Français sur ce CCI4*L de Saumur ?
« Bérengère Lacroix, la directrice du Selle français, me confiait à l’instant que ce Saumur Complet 2021 était presque un concours des races françaises puisque les onze premières places sont tenues par des SF ou des AA. ».

Nos races plaisent également beaucoup aux cavaliers du tour asiatique…
« C’est à mon sens un point différent, les Français sont des coachs de très bonne qualité, pour preuve les dernièrs Jeux asiatiques, les 4 premières places étaient tenues par des coachs français. (ndlr pour 2018, derniers Jeux : L.Bousquet/Japon, M. Livio/Thaïlande, R.Scherer/Inde, P.Boutet/Chine

Bien entendu lorsque l’on a un coach et qu’on vient travailler sur un pays, nous allons avoir des chevaux qui sont issus de ce pays, et c’est là aussi que la filière se tient dans son ensemble. Il ne faut pas opposer les uns par rapport aux autres. Le fait de pouvoir travailler entre l’élevage, l’utilisation, la production permet que nous travaillions dans le même sens ».

Tendances lourdes et signaux faibles, la nécessité d’une gestion transversale ?
« Les problématiques de la filière sont indiquées par toutes les tendances lourdes ou les signaux faibles que renvoient la société, donc il va être question du bien-être animal, d’utilisation des équidés, tout ce qui touche à la donne TVA, aux aides, à la PAC. Autant de problématiques qui sont transversales, ce n’est absolument pas une réflexion qu’il faut mener dans son segment. 

Si on prend le bien-être animal, le travail au niveau des courses, le hastag #raceandcare, il y a un vrai travail sur la sanction des jockeys. On note également une véritable prise de conscience de la nécessité de voir quelle est la perception par le grand public de nos activités. Le constat est que nous échangeons entre techniciens, jouissons d’une image stéréotypée de nantis alors que le cheval est porteur d’une image forte.

Encore une fois, le monde des courses rebondit et affirme ses prises de position. Le basketteur français Tony Parker vient d’acquérir plusieurs chevaux de courses. Par son impact et son image, il va toucher des catégories de personnes que nous ne connaissons pas du tout. Force est de constater que nous avons besoin de relais médias, nous avons besoin de grand public. L’écrivain Jean-Louis Gouraud indique en ce sens que le cheval n’est pas un animal de compagnie, ce n’est pas un animal de rente, c’est un animal familier, c’est-à-dire avec lequel on va interagir de manière quotidienne. C’est une clef de communication. Lorsque l’on parle du couple cavalier/cheval, c’est une vraie valeur. Pour aller, à un niveau élevé de compétitions, on n’y va pas avec n’importe quel cheval, ni n’importe quel cavalier. Il y a une confiance qui s’instaure entre le cavalier et le cheval, dans la façon de travailler, de partager une émotion, ce point est fondamental.

On n’est pas performant si on n’est pas avec le cheval. On ne peut être performant qu’avec le cheval ».

Propos recueillis par M. Guillamot

26/05/2021

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