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Santé-Bien-être - Maux de l’hiver : vigilance accrue !

Protégé par son poil ou par une couverture, le cheval s’acclimate bien aux descentes de températures. Mais lorsqu’il reste mouillé après le travail, qu’il pleut sans discontinuer ou qu’il séjourne dans des lieux humides, les ennuis commencent… Zoom sur les principaux maux de l’hiver et les moyens de les prévenir : de petits gestes simples et de bons réflexes qui font toute la différence.

Affections au niveau des pieds

En hiver, la sole et la fourchette, ramollies par l’humidité permanente, se retrouvent fragilisées. La macération altère en effet l’intégrité de la corne, favorisant l’entrée d’agents pathogènes qui vont venir s’y loger et s’y développer. Le cheval est ainsi plus sujet à la pourriture de la fourchette, aux abcès de pied et aux bleimes à cette saison. 

Affections cutanées au niveau des membres, voire du dos et de la croupe

Pendant l’hiver, la barrière cutanée est souvent agressée par le froid et l’humidité ambiante. Irritations, petites plaies, crevasses… autant de portes d’entrée pour les agents pathogènes qui, en s’y réfugiant et s’y multipliant, sont susceptibles de provoquer diverses infections, notamment au niveau des membres : dermatophilose (communément appelée « gale de boue »), lymphangite… Outre les membres du cheval, le dos et la croupe peuvent être également touchés (dermatophilose).

Les jeunes chevaux, les chevaux à membres très poilus ou à peau très fine sont plus sujets aux affections de peau. De même, les membres à balzanes et les pieds blancs sont plus fragiles. 

Quels moyens de prévention ? 

Le cheval doit être entretenu et examiné quotidiennement avec attention, en s’attardant notamment sur :

• Les pieds, en particulier le dessous (sole et fourchette) : vérifier l’absence d’atteintes du pied (bleime, cloue de rue…), de boiterie, de douleur et/ou de chaleur

• Et le bas des membres, en particulier le creux des pâturons, les pâturons, les boulets et les canons : vérifier l’absence de lésions (plaies, crevasses…) sur les membres, risquant de passer inaperçues dans les longs poils, ainsi que l’absence de rougeurs, croûtes, douleur et/ou chaleur

Si aucune affection n’est avérée, il est fortement déconseillé de tondre le bas des membres (s’arrêter maximum en-dessous des genoux pour les antérieurs et des jarrets pour les postérieurs). Les longs poils et les fanons apportent en effet une barrière protectrice naturelle contre le froid et favorisent le drainage de l’eau. Les poils des fanons en excès peuvent éventuellement être coupés pour limiter la stagnation d’humidité dans le poil. 

Chevaux au travail : limiter la douche et bien sécher les membres et le corps

Travailler sur des terrains humides nécessite une certaine vigilance. Le sable mouillé s’insinuant partout, les blessures de la peau par abrasion sont fréquentes.

• Prendre le temps de bien sécher le cheval mouillé de sueur après le travail (avec une couverture séchante, au solarium…) à l’abri des courants d’air : Dans le cas de chevaux régulièrement travaillés, l’idéal est de les tondre (au moins en partie) pour limiter les risques de coup de froid liés à une sudation excessive et gagner du temps au séchage.

• Toujours rentrer le cheval avec des membres propres et secs, sans systématiser la douche : Nous avons trop souvent tendance à doucher les membres du cheval après chaque séance de travail. En pensant bien faire, on va en réalité au-devant des problèmes ! Bien souvent, un bon coup de brosse pour éliminer les saletés une fois que les membres ont séché suffit. Ne réservez la douche qu’aux moments où les membres sont vraiment mouillés et sales (boue, sable) en prenant soin de les sécher minutieusement avec un linge propre. Et ce, d’autant plus s’ils ne sont pas tondus.

• Eviter de savonner sans raison : L’eau courante et la plupart des produits d’entretien (shampoings, savons…) altèrent le biofilm naturel qui protège la peau, la prédisposant aux agressions et au développement de germes indésirables.

• Vérifier l’absence de boue/sable sur les membres avant la pose des protections (bandes, guêtres, protège-boulets, cloches) et l’absence de blessures lors de leur retrait. Bien rincer et faire sécher le matériel après utilisation pour disposer d’un équipement propre à la séance suivante.

Chevaux au box : veiller à la propreté de la litière et à la qualité de la ventilation

Dans une atmosphère souvent confinée aux écuries, l’humidité de l’air ambiant, associée à la chaleur des animaux, sont propices au développement du microbisme ambiant. Tout l’enjeu réside dans la conservation d’un environnement propre et sain afin de limiter le développement d’agents pathogènes potentiels et ainsi d’éviter l’apparition de certaines affections, comme la pourriture des fourchettes due à la macération. Ainsi, une attention particulière doit être accordée :

• D’une part à la ventilation de l’écurie pour limiter l’humidité ambiante et assainir l’air ;

• Et d’autre part à l’entretien régulier des litières, en retapant le box quotidiennement après avoir retiré les crottins et en repaillant dès que nécessaire. 

Chevaux au pré : limiter les séjours prolongés dans la boue

Sous nos latitudes, les équidés habitués à vivre au pré peuvent tout à fait être hivernés en extérieur. Les sols devenant boueux et parfois profonds, il importe cependant de sélectionner les parcelles les plus adaptées et de respecter certaines mesures préventives :

• Privilégier les grandes parcelles présentant des abris naturels ou artificiels, où les animaux peuvent s’abriter des intempéries (pluie, neige, vent…) idéalement les pieds au sec.

• Le fourrage peut être distribué dans l’abri pour inciter les chevaux à y séjourner, sous réserve de pouvoir retirer le fumier régulièrement. S’il est distribué à l’extérieur de l’abri, veiller à changer régulièrement l’emplacement du râtelier pour ne pas former des zones de piétinement, où les chevaux stagnent dans la boue. La mise en place d’aires stabilisées constitue une alternative pour éviter le piétinement et faciliter l’accès à la parcelle.

• Ne couvrir que si nécessaire : Les chevaux non tondus sont tout à fait capables de s’adapter aux températures hivernales sans recours aux couvertures. Seuls les chevaux ne disposant pas d’abri ou les vieux chevaux ayant facilement tendance à perdre de l’état pourront être couverts. Il faudra alors fréquemment retirer la couverture pour vérifier l’étanchéité et l’absence de toute affection cutanée.

• Penser à raccourcir les queues qui, détrempées et pleines de boue, entretiennent l’humidité au niveau des postérieurs.

Bien entretenir les pieds : le bon produit, au bon moment, sur des pieds secs 

Si les pieds doivent être entretenus toute l’année, ils nécessitent un suivi encore plus poussé durant la mauvaise saison, pour lutter soit contre le dessèchement soit contre le ramollissement de la corne :

• De l’huile/onguent sur le dessous et le dessus du pied, 3-4 fois par semaine, voire quotidiennement si la corne devient trop sèche et cassante, pour nourrir, hydrater, assouplir, favoriser la pousse d’une corne de qualité.

• Du goudron sur sole et fourchette pour raffermir et assainir la corne en cas de pied gras ou imperméabiliser le pied en prévision de conditions humides.

• Suivant les affections, le maréchal-ferrant pourra aussi conseiller des produits de soin, comme un produit de soin pour les fourchettes dans le cas de pourriture de la fourchette.

A la différence de l’huile/onguent qui sont des produits d’entretien, pouvant être utilisés régulièrement, le goudron est un produit de soin à utiliser avec parcimonie, seulement si nécessaire.

Dans tous les cas, huiles, onguents, goudrons ne doivent être appliqués que sur des pieds parfaitement propres et secs, au risque d’enfermer l’humidité dans le pied et de favoriser le développement de potentiels agents pathogènes à l’origine de diverses affections (maladie de la ligne blanche par exemple…). Mal utilisés, ces produits peuvent faire plus de mal que de bien. 

Coups de froid, courants d’air et mauvaise ventilation des bâtiments : ennemi n°2

S’il n’est pas mouillé et en courant d’air, le cheval est moins gêné par les températures hivernales que beaucoup de cavaliers ! Fermer en permanence les portes et volets augmente l’humidité de l’air dans les écuries et le microbisme ambiant. Il faut donc trouver un juste équilibre entre trop d’air et pas assez d’air. Pour cela, il faut mettre en place un bon système de ventilation dans l’écurie pour permettre un renouvellement régulier de l’air intérieur, tout en évitant les courants d’air, afin de limiter la propagation d’affections respiratoires liées :

• A une stimulation plus importante du système respiratoire par temps froid, notamment au travail

• A la stagnation des gaz toxiques, tels que l’ammoniac émanant des litières lorsque portes et volets sont maintenus fermés

• A des densités d’animaux au box souvent plus importantes l’hiver, dont la proximité favorise la circulation des germes : ceci est d’autant plus marqué chez les jeunes chevaux, dont l’immunité est encore en construction

Ceci peut être pensé dès la conception des bâtiments, mais doit également être gardé à l’esprit au quotidien, notamment aux moments de distribution des fourrages et de renouvellement des litières (qui génèrent beaucoup de poussière) mais également pendant le pansage…

L’inactivité : ennemi n°3

Lorsque le mauvais temps s’installe, le nombre et la durée des sorties s’amenuisent. La réduction de l’activité engendre :

• Une moins bonne stimulation de la circulation sanguine dans les membres, prédisposant aux engorgements (poteaux) : c’est le moment de remettre le tapis roulant/marcheur en route. Le mouvement est la clé de la bonne santé du cheval ! Des bandes de repos peuvent également être posées pendant la nuit pour favoriser la circulation sanguine dans les membres.

• Une énergie décuplée lors des sorties, notamment en extérieur, qui les rendent sportives et exposent le cheval aux blessures musculaires/ligamentaires/tendineuses lors de démarrage soudain sur un organisme peu échauffé, mais également aux chutes.

Les maladies : ennemi n°4

Ces conditions environnementales (hygrométrie importante, baisse des températures, courants d’air…) mettent le système immunitaire du cheval à rude épreuve et favorisent le développement et la circulation de germes, bactéries, microbes… donc de maladies à la fois :

  Parasitaires : teigne, poux…

Infectieuses : gourme, rhinopneumonie, grippe équine…

En hiver, le cheval dépense de l’énergie pour maintenir sa température corporelle. Suivant les conditions météos, cette saison peut ainsi conduire à une perte d’état du cheval. Il est important de surveiller l’état corporel des chevaux avec attention, en associant la palpation à l’observation visuelle. Les longs poils d’hiver peuvent masquer un amaigrissement important, qui ne se révèle souvent qu’au moment de la mue de printemps. Attention en particulier aux vieux chevaux qui auront du mal à reconstituer leurs réserves au printemps. 

Ce qu’il faut retenir 

Surveillance quotidienne accrue, sens de l’observation, bons réflexes… sont le meilleur moyen de prévenir les maux de l’hiver. Pour cela, examiner son cheval au quotidien, observer son comportement et :

• Limiter autant que possible les temps prolongés en conditions humides :

- Permettre aux chevaux hébergés en extérieur de pouvoir s’abriter dans un endroit sain, propre et sec

- Entretenir régulièrement la litière et bien ventiler les bâtiments pour les chevaux hébergés en intérieur

- Bien sécher le cheval dès qu’il est mouillé et entretenir ses pieds correctement

• Eviter les courants d’air et faire attention aux coups de froids

• Bien échauffer le cheval avant chaque séance de travail ou sortie en liberté et favoriser une mise en mouvement régulière, surtout à l’allure du pas, en plus des séances de travail (à pied/marcheur/tapis roulant/sorties en liberté sur sable…)

• Bien vacciner ses chevaux contre les maladies infectieuses

Source IFCE
Par Nelly Genoux, Laetitia Marnay-Le Masne, Marie Delerue, James Etiemble

20/02/2020

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