René Lopez, sans l'ombre d'un doute

  Il faut bien convenir que le Colombien, classé au-delà de la quarantième place dans chacune des qualificatives avait à affronter pas moins de soixante cavaliers appartenant au Top 100 mondial. Du grand, du beau sport, digne d'un quatre étoiles et du suspense aussi, grâce à une nouvelle partition sans fausse note de Jean-Paul Lepetit. Si l'objectif de Jean-Claude Heurtaux et de ses complices de SLCO, consistait à démontrer que Saint-Lô mérite bien le qualificatif de « Capitale du Cheval », alors il est une nouvelle fois plus qu'atteint.
Qualificatif pour le Grand-Prix de dimanche, le Prix de la Région Basse-Normandie est remporté par Simon Delestre, avec Bijou Orai, une jument belge de neuf ans, fille du grand gagnant international Toulon, et qui se classa à la 5e place de la Finale du Championnat de France des 6 ans en 2007. Le Lorrain, qui s'impose à deux autre reprises durant le week-end, remporte le titre de meilleur cavalier du concours et enregistre, de plus, avec satisfaction, le retour au premier plan de son « crack » Couletto, Old (Couleur Rubin), gravement blessé lors de la dernière étape de Coupe du Monde de Bordeaux, et qui n'est écarté du barrage qu'en raison d'un peu de temps dépassé.

Quatre nations présentes au barrage

A l'issue d'un premier parcours, comportant seize efforts répartis sur treize obstacles et disputé devant une assistance record, ils n'étaient plus que cinq, sur les cinquante-neuf au départ, à pouvoir s'imposer dans ce Grand Prix. Repêché, et de ce fait contraint à s'élancer en ouvreur, René Lopez avait bouclé d'entrée le tour sans complexe et sans-faute, en 71''27, soit près de huit secondes de moins que les soixante dix-neuf initialement accordées. Dans son sillage, le Bâlois Hansueli Sprunger (SUI), associé à Kepi de Valse (Duc de la Cour) faisait encore mieux, en 70''25, de sorte que sans plus attendre, Jean-Paul Lepetit décidait de ramener la limite autorisée à 73 secondes. Petite cause, gros effets, puisqu'il fallut, dès lors, attendre le passage de la toute récente Vice-Championne du Monde, Pénélope Leprévost et Myss Valette (Col Canto), pour voir le barrage s'étoffer. Le Malinois Patrick Spits et le rapide petit-fils de Jus de Pomme, Cyber Van Vryhern (Perhaps vh Molenvond), Bwp, parvenaient à les imiter. Au nombre des victimes de marque : Marc Dilasser/Obiwan de Piliere, Simon Delestre/Couletto, tout comme la tenante du titre, Pilar Lucrecia Cordon Muro/Concetti, Jérôme Hurel/Ohm de Ponthual, ou encore le « Hollandais volant », Maikel van der Vleuten/VDL Groep Verdi et l'Irlandais Alexander Butler/Will Wimble, tous écartés pour un petit point dépassé. Grosses déceptions également pour un public tout acquis à leur cause, lorsque les Champions de France, Alexis Gautier et Helios de la Cour II (Papillon Rouge), concèdent une faute de postérieurs sur le gros oxer tricolore, au pied de la tribune nord, tout comme un peu plus tard Ideo du Thot (Arioso du Theillet), associé au jeune Martin Fuchs (SUI).

Oh gloria inmarcesible

A nouveau premier à s'élancer dans le « money time », René Lopez, fidèle à sa stratégie habituelle, prenait tous les risques pour le plus grand plaisir d'un public époustouflé par la maestria du cavalier colombien et la « niaque » de la fille du grand Cumano. Il bouclait à nouveau « clear-round » et plaçait, dans le temps de 39''43, la barre très haut pour ses adversaires. Mission impossible d'ailleurs pour Hansueli Springer et le grand Kepi de Valse, qui quittaient la piste avec un passif de huit points et un chrono de 42''10, tout comme Pénélope Leprévost (41''12), malgré tout satisfaite de retrouver sa jument tout près de son meilleur niveau. Même Patrick Spits et Cyber Van Vryhern, pourtant réputés parmi les couples les plus rapides outre Quiévrain, ne parvenaient pas à relever le défi du colombien, de sorte que contre toute attente, ce sont bien les notes du Oh gloria inmarcesible (1) qui résonnaient quelques minutes plus tard dans les travées d'un CPE au public debout.

(1) Oh gloire impérissable

Daniel Sebire

René Lopez : « Le fait de partir en N°1 ne m'a pas mis de pression particulière. Lorsque j'entre en piste, je fais le vide dans ma tête avec tout ce qui a pu se passer les jours précédents. A chaque tour je joue ma chance à fond. La Normandie, c'est un peu mon deuxième pays. Il me tenait à c€ur de venir à Saint-Lô et à y gagner un jour, c'est désormais chose faite. Noblesse est née tout près d'ici dans le Calvados et c'est une super jument avec un c€ur gros comme ça. Elle a toujours envie de bien faire. J'étais qualifié pour les JEM de Lexington, mais avec son propriétaire, Bertrand Darier (ndlr - lauréat lui aussi ancien vainqueur du CSI de St Lô), nous préférons laisser le temps au temps et ménager la santé et le moral de la jument. Notre objectif immédiat ce sont les Jeux panaméricains de Guadalajara (Mexique) en octobre 2011, puis si tout se passe bien, les JO de Londres en 2012. Je ne serai pas à Caen la semaine prochaine, du simple fait que les nouveaux organisateurs de ce Jumping sont les seuls en France qui me demandent depuis vingt ans de l'argent afin de pouvoir participer à leur concours, alors que moi je veux juste pratiquer mon sport et ne pas payer pour faire mon métier€ »

Les Potins

Ideo de retour sur ses terres
Vainqueur de la Finale de la Coupe du Monde de Las Vegas (USA) en 2007, sous la selle du styliste Beat Mändli, le fils d'Arioso du Theillet ne semble pas avoir perdu grand-chose de ses qualités, et évolue désormais sous la selle de Martin Fuchs, neveu de Markus et fils de Thomas, lui-même ancien grand champion international. Au terme d'un remarquable parcours, seulement entaché d'une petite faute de postérieurs, ces deux-là sont au classement (14e), plus précisément au quatrième rang des 4 points, dans l'excellent temps de 69''38 qui en dit long sur les capacités du jeune Martin (18 ans et n°167 mondial) à intégrer très rapidement l'élite mondiale.

L'Elevage manchois à la fête
L'un des mérites, et non le moindre, de ce rendez-vous concocté chaque année par l'association SLCO, présidée par Jean-Claude Hertaux, c'est de permettre aux éleveurs de voir évoluer quelques-uns des meilleurs sujets nés dans le berceau de race, et qui portent haut et fort les couleurs de l'élevage normand, sur toutes les pistes du monde. Cette édition 2010 les a particulièrement gâtés, puisque pas moins de treize chevaux, nés en Basse-Normandie, étaient au départ du Grand Prix de la Ville de Saint-Lô (1,50 m) de dimanche. A côté de ceux montés par les pilotes « du cru », et dont la présence ne constituait pas un réel évènement, et d'Ideo du Thot, il a ainsi été possible, aux naisseurs concernés, de voir ou de revoir, avec beaucoup de plaisir mêlé de fierté légitime :
- Myss Valette (Col Canto), née chez Pierre Foulon à Urville-Nacqueville (50), 3e ce dimanche sous la selle de la Vice-Championne du Monde, Pénélope Leprévost.
- Kepi de Valse (Duc de la Cour), 4e avec Hansueli Sprunger (SUI), et qui a vu le jour à Virandeville (50), chez Maurice Sanson,
- Loreal d'Utah (Drakkar des Hutins) né à Ste-Marie du Mont (50), chez François Vasche.

Pas de triplé pour Hélios de la Cour
Un long murmure de désappointement a parcouru les tribunes du CPE, lorsque les postérieurs du fils de Papillon Rouge ont légèrement accroché la barre du gros oxer tricolore, sans conteste l'un des « juges de paix » de ce CSI. Un simple contretemps, qui ne remet nullement en cause le formidable « come back » de l'étalon fétiche de l'élevage de la famille Couétil, beau vainqueur du GP Pro1 d'Auvers au printemps dernier, et surtout récent Champion de France avec son cavalier de toujours, Alexis Gautier.

Thibault Pingeon, le jeune qui monte
A la surprise quasi générale, il avait cet été grillé la politesse aux « grosses pointures », en s'imposant sans complexe, et de belle manière dans le récent GP Pro 1 de Saint-James. Thibault Pingeon s'essayait cette fois à la Cour des Grands, avec l'excellent Jasmin du Perron, né chez Jean-Louis Poulain à Subligny (50), et seul fils étalon vivant en France de l'illustre Palestro II. Une première sévèrement ponctuée de 13 points, mais il faut dire que la marche était haute avec un tracé qualifié, par les plus expérimentés, de « difficile ». Néanmoins, sur ce qu'ont montré ces deux-là dimanche, avec un peu plus de « métier » tous les espoirs leurs seront permis.

Un second trois étoiles pour Saint-Lô, en attendant mieux €
Le rendez-vous saint-lois progresse chaque année au niveau de l'organisation et de la communication, comme en atteste un plateau de participants des plus qualiteux, et qui fidélise un nombre grandissant de cavaliers étrangers, parmi les plus performants. Au point que se pose désormais, avec insistance, la question d'une croissance raisonnée, et donc l'éventualité du passage à un quatre étoiles. Une perspective que n'éludent nullement les organisateurs, mais qui pose un certain nombre de questions, de surcroît dans un contexte économique tendu, tel que le retard accumulé dans la restructuration du site qui nécessite actuellement d'investir chaque année des sommes considérables (140.000 € cette année JSF et CSI confondus), dans des aménagements non pérennes. D'autre part, le désengagement accéléré de la puissance publique (ndlr. Les locaux de l'IFCE n'abritent plus qu'une vingtaine d'étalons, là où on en comptait encore le double il y a peu), pose également la question d'une utilisation à terme suffisante et donc rentable, de l'outil envisagé. Pour toutes ces raisons et l'échéance de 2014 approchant, qui impose un rayonnement accru de la Normandie du Cheval de Sport, on semble davantage s'orienter, à court terme, vers la création d'un second trois étoiles qui s'inscrirait, en complément de l'étape du Grand National, dès 2011, dans le cadre d'un « Normandie Horse Show » porté à deux week-ends, et qui intégrerait également, en son sein, des compétitions internationales à l'adresse des jeunes chevaux (5, 6 et 7 ans). Affaire à suivre donc.

Le CSI* pour Bruno Coutureau
Nouveauté cette année, le traditionnel rendez-vous international intégrait, en complément du CSI4E, une compétition une étoile dont les épreuves se sont déroulées, par des conditions climatiques conciliantes, sur la carrière Uriel. Au terme d'un barrage à six, Bruneau Coutureau et Maidelis d'Elke (Calisco du Pitray) sont les seuls à s'immiscer sous les quarante secondes, et s'imposent donc dans la GP du Conseil Général de la Manche. Précédant Thomas Rousseau/Pascha du Gué et Fabrice Paris/Lavande des Forets.


Les classements

GP de la Ville de Saint-Lo & Ccasl - FEI Rolex Ranking (1,50 m) : 1. René Lopez (COL)/Noblesse des Tess, SF (Cumano) (0+0 et 39''43) 8.020 €; 2. Patrick Spits (BEL)/Cyber van Vryhern, BWP (Perhaps vh Molenvond) (0+4 et 40''95) 6.400 €; 3. Pénélope Leprévost (FRA)/Myss Valette, SF (COL) (Canto) (0+8 et 41''12) 4.800 €; 4. Hansueli Sprunger (SUI)/Kepi de Valse, SF (Duc de la Cour) (0+8 et 42''10) 3.200 €; 5. Marc Dilasser (FRA)/Obiwan de Pilière, SF (Diamant de Semilly) (1 et 73''09) 2.560 €; 6. Simon Delestre (FRA)/Couletto, OLD (Couleur Rubin) (1 et 73''76) 1.920 €; 7. Pilar Lucrecia Cordon Muro (ESP)/Concetti, OLD (Concetto) (1 et 74''21) 1.600 €; 8. Jérome Hurel (FRA)/Ohm de Ponthual, SF (Voltaire, Han) (1 et 74''87) 1.280 €; 9. Maikel Van Der Vleuten (NED)/VDL Groep Verdi, KWPN (Quidam de Revel) (1 et 75''29) 320 €; 10. Alexander Butler (IRL)/Will Wimble, ISH (Touchdown) (1 et 75''41) 320 €.

Prix Conseil General de la Manche (1,45 m) : 1. Simon Delestre (FRA)/Oslo du Chalet, SF (Concorde, KWPN) (0+0 et 44''05) 1.875 €; 2. Reynald Angot (FRA)/Othello du Phare, SF (Kannan, KWPN) (0+0 et 44''62) 1.500 €; 3. Eduardo Alvarez Aznar (ESP)/Odiel (Kannan, KWPN) (0+0 et 47''08) 1.125 €; 4. Dan Nielson (GBR)/Chauvanist, Bwp (Vigo d'Arsouilles) (0+4 et 44''18) 750 €; 5. Cameron Hanley (IRL)/Classic Star 004, KWPN (Contender) (0+4 et 44''97) 600 €.

Prix Carrefour (1,30 m) : 1. Guy Williams (GBR)/Carland, BWP (Kashmir van't Schuttersho) (0 et 46''55) 750 €; 2. Dan Nielson (GBR)/Milena, DWB (Coriander) (0 et 46''78) 600 €; 3. Janika Springer (SUI)/Valentyn, KWPN (Oklund) (0 et 47''53) 450 €; 4. Martin Fuchs/Riot Gun, BWP (Chin Chin) (0 et 47''77) 300 €; 5. Eric Navet (FRA)/Celtic Sonata H, BWP €Quick Star) (0 et 47''92) 240 €.

Prix Credit Agricole - FEI Rolex ranking (1,45 m) : 1. Simon Delestre (FRA)/Bijou Orai, BWP (Toulon) (0 et 60''98) 5.000 €; 2. Hansueli Sprunger (SUI)/Kepi de Valse, SF (Duc de la Cour) (0 et 61''73) 4.000 €; 3. Jean Le Monze (FRA)/Mitsouko d'Amaury, SF (Fakir de Kreisker) (0 et 64''77) 3.000 €; 4. Jemma Kirk (GBR)/Wexford (0 et 64''80) 2.000 €; 5. Martin Fuchs (SUI)/Karin II CH, CH (Shan) (0 et 65''76) 1.600 €.

Prix Region Basse Normandie - Six Barres : 1. Jean-Marie Martin (FRA)/Johnny Boy II, SF - 1,95m - 1.138 €; 1ex. Laura Renwick (GBR)/Roller Coaster - 1,95m - 1.138 €; 1ex. Jan Sprehe (GER)/Paolini, WESTF (Polyroyal) - 1,95m - 1.138 €; 1ex. Pénélope Leprévost (FRA)/Sisley de la Tour Vidal, SBs (Ogano Sitte) - 1,95m - 1.138 €; 5. Julie Lahaye (FRA)/Kalinka des Bois, SF (Diego du Chesnay) - 1,75m - 1.138 €.

Prix Sorapel (1,30 m) : 1. Alexander Butler (IRL)/Kilcor Amber, ISH (Don Juan de la B) (0 et 23''00) 1000 €; 2. Martin Fuchs/Riot Gun, BWP (Chin Chin) (0 et 23''30) 800 €; 3. Patrick Spits (BEL)/Wrangler vd Withoeve, BWP (Gotha Brecourt) (0 et 24''27) 600 €; 4. Brunon Jazede (FRA)/Obisco des Rondets, SF (Flipper D'Elle*HN) (0 et 24''36) 400 €; 5. Cédric Angot (FRA)/Ninaricci'Jac, SF (Cumano) (0 et 24''48) 320 €.

Prix Eurogen (1,35 m) : 1. David Aïssa (FRA)/In The Wind Corubert, SF (Papillon Rouge) (0 et 30''12) 1.000 €; 2. Thibaud Leconte (FRA)/Laslo du Hequet, SF (Espoir du Prieuré) (0 et 30''55) 800 €; 3. Antoine Duflocq (FRA)/Nouba de la Botte, SF (Flipper D'Elle*HN) (0 et 32''05) 600 €; 4. Rudy Cock/Mach des Bignons, SF (Karnak) (0 et 32''77) 400 €; 5. David Jobertie (FRA)/Pin Up Ouistreham, SF (Jarnac) (0 et 33''85) 320 €.

Prix Cabinet Faudais - FEI Rolex Ranking (1,45 m) : 1. Guy Williams (GBR)/Toronto vd Middelstede, BWP (Remondo) (0+0 et 37''19) 5.000 €; 2. Martin Fuchs (SUI)/Karin II CH, CH (Shan) (0+0 et 37''41) 4.000 €; 3. Hubert Pignolet (FRA)/Nikyta D'Elle, SF (Richebourg) (0+0 et 37''91) 3.000 €; 4. Cameron Hanley (IRL)/Complete, DWB (Comeback II) (0+0 et 37''96) 2.000 €; 5. Laura Renwick (GBR)/Roller Coaster (0+0 et 38''90) 1.000 €.

Prix Hotels Mercure Ibis Etap (1,35 m) : 1. Koen Vereecke (BEL)/Bush vh Prinsenvelt (0 et 25''43) 1.000 €; 2. Dirk Demeersman (BEL)/Tymoon Caloo Meerchen, BWP (Skippy II) (0 et 26''12) 800 €; 3. Jerome Guery (BEL)/Ramiro de Belle Vue, SBs (Mozart des Hayettes) (0 et 26''54) 600 €; 4. Patrice Delaveau (FRA)/Baritchou DBT, BWP (Kannan) (0 et 26''86) 400 €; 5. Manuel Anon Suarez (ESP)/Baldo DS, BWP (Kannan) (0 et 27''02) 320 €.

Prix IFCE (1,30 m) : 1. Simon Delestre (FRA)/Bijou Orai, BWP (Kannan) (0 et 44''69) 750 €; 2. Laura Renwick (GBR)/Parvati de Breve, SF (Dollar de la Pierre) (0 et 46''54) 600 €; 3. Martin Fuchs (SUI)/Riot Gun (Chin Chin) (0 et 47''02) 450 €; 4. Alexander Butler/Kilcor Amber, Ish (Don Juan de la B) (0 et 47''17) 300 €; 5. Laurent Goffinet (FRA)/Ketmye du Bois, SF (Diamant de Semilly) (0 et 47''26) 240 €.