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Passion

(en ligne le 19 février 2010) L’élevage a radicalement changé. La passion est en train de faire place à la raison. Si 90 % des éleveurs acceptaient, il y a vingt ans, de perdre de l’argent en élevant des chevaux (sondage réalisé par les HN), ce n’est plus du tout
le cas aujourd’hui. Du moins dans l’élevage de chevaux de sport. Depuis plusieurs années, les organisations professionnelles parlent, à juste titre, de rentabilité, de prix de revient, de charges à mutualiser. Termes qui, il y a encore une dizaine d’années, passaient pour grossiers.
Philippe Curti, François Lucas, la FNC ont été parmi les premiers à plaider pour que l’éleveur obtienne un revenu décent de son activité. Le slogan a fait son chemin, adossé à une amélioration génétique galopante. La crise, les crises (fédérales, institutionnelles et j’en passe) également. Beaucoup de « petits » éleveurs - la majorité de ceux qui font marcher le système - ont ou vont dételer ou faire saillir une année sur deux. Décisions motivées en grande partie par la morosité du marché, mais pas seulement. C’est bien le sentiment qui prévaut cette année, au moment où démarre le tour de France des étalons. Les juments moyennes sont sorties de la reproduction. Les bonnes iront aux valeurs sûres, pour avoir un maximum de chances au moment de la mise en marché.
Il est bien révolu le temps des rassemblements « bon enfant » autour des présentations des étalons HN. L’élevage a pris le tournant de la professionnalisation, de la raison, de la mondialisation. Le tour de France des étalons en est une illustration réussie et imaginative drainant autour de lui un vaste courant d’échange d’idées et d’expériences. Les progrès dans la circulation de la génétique sont considérables. Ne risquent-ils pas d’engendrer l’ennui de l’uniformisation avec un concept « cheval de sport français »? Le bon sens terrien fera la synthèse entre nostalgie et modernité. Toujours est-il que, de réglementations en recommandations, voire en injonctions, l’éleveur a perdu une bonne part de sa liberté. Cette liberté de manoeuvre, exception typiquement française et motrice de toute passion.
Politique. Quand la politique s’en mêle, rien ne va plus. Que manque-t-il aux sports équestres maintenant que nous avons les chevaux et les cavaliers du haut niveau ? Réponse : la mé-dia-ti-sa-tion. Une tentative d’origine privée mais soutenue par la fédé vient d’échouer dans l’oeuf. Raison? Politique. Le bras de fer qui a opposé, dans un passé récent et douloureux, l’ancien ministre des sports à la fédé est toujours d’une sinistre actualité.
En revanche, quand la politique régionale s’en mêle, c’est une autre histoire. Celle que déploie la Région des Pays de Loire est exemplaire. Ses initiatives locales et internationales (Chine, Hongrie) sont d’envergure. Le projet que vient de soumettre Philippe Rossi à l’exécutif régional est examiné avec attention. Il s’agit de créer au Boulerie Jump un pôle européen de la filière cheval en Pays de Loire. « Le projet de ma vie » dit Philippe Rossi : deux manèges avec pistes de détente dont un de 2 000 places assises avec réseau de boutiques, restaurant panoramique et la construction de 190 boxes en dur. Le tout couvert en panneaux photovoltaïques. Investissement : 7 millions d’euros. Au service de toute la filière. Il y a de la passion par là.

Etienne Robert

18/02/2010

Actualités régionales