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Muriel et Victoire Ranger : elles élèvent comme elles « EMM »

  • Victoire avec Edimbourg d'Emm
    Victoire avec Edimbourg d'Emm
Etonnantes ces femmes ! Avec elles, Muriel et sa fille Victoire, se joue en permanence l’hymne à l’amour des chevaux de sport. Leur ambition : le bien-être de leurs animaux, chevaux, canards, oies, chiens, avec un goût prononcé pour le travail bien fait. Muriel et sa fille ont construit leur élevage (physique et génétique) selon un seul critère : « comme on aimait »

Environnement exceptionnel, près de Chalamont, au milieu de la Dombes aux 1000 étangs. Une cinquantaine d’hectares avec au milieu un plan d’eau de 7 hectares, un barn, un manège, une carrière en sable, des arbustes, des fleurs. Tout ici transpire la sérénité. C’est ici que Muriel a créé l’élevage d’EMM (2 M comme Mumu, son petit nom familier, le M seul étant déjà pris) il y a une vingtaine d’années. Fille d’agriculteur (passionné, lui, de bateau), elle a préféré le cheval et la compétition qu’elle a commencée dès son plus jeune âge. Passion qui s’est transmise de mère en fille. L’élevage a démarré avec ses juments de concours qui, au moment voulu, lui ont donné ses premiers poulains. D’autres poulinières sont arrivées plus tard à l’élevage quand les travaux d’aménagement ont été réalisés. Il y eut jusqu’à dix naissances par année.

A la recherche d’un lieu pour donner libre cours à sa passion, Muriel et son mari qui vivaient en région lyonnaise, ont acquis ce bien.

Le bois et le verre

« On a cherché un endroit pour installer nos chevaux et on est arrivés ici en 2005, guidés par la Safer. C’était un terrain agricole, il n’y avait rien. On a construit d’abord nos écuries puis ensuite notre maison et l’élevage s’est développé. J’aime beaucoup l’élevage, j’ai la chance d’avoir une fille qui adore monter à cheval, qui monte depuis qu’elle a 4 ans. Elle est venue s’installer ici après avoir passé 3 ans en Angleterre. Voilà comme on s’est retrouvés à Chalamont dans l’Ain, dans le pays des étangs. C’est un endroit assez sympathique.

On a essayé de faire une écurie qui nous plaisait. En utilisant beaucoup le bois et le verre. Je déteste le béton. On a fait en sorte que les chevaux puissent aller tous les jours en paddock. Ils sont nourris à l’herbe et au foin avec très peu de granulés. C’est une nourriture saine avec laquelle on a très peu de problèmes. On élève les chevaux de façon naturelle. Ils vivent jusqu’à 4 ans quasiment dehors nuits et jours. Nos prés ont des abris et des plateformes en concassés. Qu’il pleuve, qu’il vente, ils sont dehors en vivent en troupeau. Ce qui fait que quand on a des chevaux de concours qui repartent au pré pour l’élevage, ils reprennent sans soucis leurs habitudes de troupeau ».

Elevage-passion

« On est allés jusqu’à 10 naissances par an et on s’est retrouvés avec plus de 50 chevaux. Je vendais pas mal de poulains au sevrage. Quand le taux de TVA est passé à 20%, nous avons eu plus de difficultés à commercialiser les chevaux.  On s’est retrouvés avec un bon stock de chevaux sur les bras et j’ai décidé de réduire le nombre de naissances. Economiquement nous avons des pensions de propriétaires, des poulinages pour des particuliers qui nous confient leurs juments et la vente de chevaux pour faire tourner la boutique, comme tout le monde, ça c’est indispensable. Ça reste une passion l’élevage, j’adore faire naître, voir mes poulains grandir, et garder de temps en temps une jument. J’ai beaucoup de mal à me séparer de mes pouliches… je me bats pour en garder quelques-unes. C’est le cas de Pink Lady d’Emm, une jument que j’ai fait naître. Elle est indicée 151 et j’ai toujours dit que celle-là je ne m’en séparerais jamais ». 

Pink Lady est une fille de For Pleasure et de Namira (BWP) x Ramiro. Namira qui fait partie des heureuses retraitées (« nos petits nuisibles » dit Victoire en faisant le tour des parcs). Elle fit du concours, avec Muriel entre autres cavaliers, puis fut mise à la reproduction. Pink Lady est une de ses filles. Démarrée par Stanislas Lafond elle fut ensuite confiée à Jérôme Ringot qui la monta en GP 145 jusqu’en 2014. Elle passa ensuite sous la selle de Victoire à son retour d’Angleterre puis fut mise à la reproduction il y a 5 ans. Elle est notamment mère d’une jolie pouliche bai mélangé de 3 ans par Clarimo, I am Lady d’Emm. Elle est pleine de Conthargos. 

« J’avais une petite-fille d’Ifrane de Chalusse dont j’ai gardé une fille qui nous a fait une pouliche (Narcos-Galoubet) vendue sur photo à un Allemand. Le commerce est bien plus facile avec les Allemands qu’avec les Français souvent indécis…Elle fut revendue en Hollande ». 

A l’élevage

•Shannon d’Emm (Corrado-Benroy-Ukase,) avec du pur-sang, née chez nous. Vide et on lui cherche un étalon. On a sa fille Fair Lady d’Emm, (Armitages Boy) une 5 ans qui s’est blessée à 3 ans et que l’on l’a mise à la reproduction. Elle nous a fait une pouliche par Chacoon Blue, Lagoon Blue d’Emm. Elle a pour demi-frères et soeurs : Nash Pleasure ICC 137, Opale d’Emm ISO 147, bonne gagnante en Suisse (1,50, 1,55 m) sous la selle de David Deillon, Rubens d’Emm cycles classiques 5 ans en 2010... ISO 141 et en 2011 vice-champion de France Hunter,  Ti Punch d’Emm exporté USA, Vinch d’Emm ISO 125 , CSO 140. 

•Nachka d’Emm (Quick Star-Benroy) ISO 133-7,5 points pace, la demi-sœur de Shannon. Elle a fait la finale des 6 ans à Fontainebleau où elle finit 20e puis fut sortie en concours par Victoire. L’année dernière elle a fait une pouliche de Rock’n Roll Semilly. Cette année je pense qu’on va lui mettre Dourkhan Hero Z. Sa mère Urielle d’Or a fait une très bonne carrière en Suisse sous le nom de Debra Geen, puis de retour en France fut une très bonne gagnante en classe B et A : ISO 137.

Elle a pour demi soeur Miss Cruising (Crusing) ISO 142, vendue pouliche et  revenue à l’élevage  suite au décés de sa propriétaire et amie Agnés Busschaert. Elle a produit Phantom d’Emm (Parco) ISO 123 et Shamane d’Emm (Lando) agréé étalon à 3 ans, vendu et castré par ses nouveaux propriétaires 

•Air Blitz Z, une fille de Roofs (Air Jordan-Caletto I). Roofs est l’ancienne jument de Grands Prix de Ian Tops avec laquelle il a fait tous les Jeux Mondiaux, les Coupes du Monde. Elle nous a fait une dizaine de poulains.  Elle est suitée d’un Solid Gold Z et ma fille a voulu Chacoon Blue cette année.

•Kisba d’Elle (Arpège Pierreville et Capucine d’Elle x Jalisco) qui a bien produit. C’est une sœur utérine de Germino d’Elle, Niagara d’Elle. On avait aussi une Rox de la Touche que j’avais achetée à un ami éleveur André Michon ». 

Victoire, cavalière-maison

Victoire monte tous les chevaux de la maison depuis qu’elle est revenue d’Angleterre où elle a passé trois ans chez Shane Breen puis quelque temps chez Kevin Staut. « Quand on s’est installés ici on a eu quand même 3 ans de travaux, donc petit à petit j’ai passé la main à Victoire.  C’est elle aussi qui gère tout. Aujourd’hui le côté administratif est assez important et de plus en plus compliqué. Il y a toujours de nouvelles règles à la MSA de nouvelles réglementations pour les stagiaires et les apprentis. Elle a gardé des relations avec les Anglais et le fait qu’elle parle couramment anglais facilite les échanges commerciaux.

Je suis dans la commission cheval de la Safer, à la commission GDS. J’ai été au bureau de l’assemblée des éleveurs mais j’ai un peu levé le pied. C’est beaucoup de travail, on doit tourner autour de 70 hectares ».

Dont 7 hectares de « piscine » ?

« D’étang. Ici il y a une formule qui consiste à vider les étangs tous les trois ans pour toucher des primes, ce que j’ai refusé de faire parce que je trouve ça dommage d’avoir un étang vide. D’ailleurs il se vide déjà assez bien l’été. En plus on a des canards, on a des oies. J’ai des oies domestiques et puis  il y a des gens qui viennent larguer leurs oies ici. Toutes ces bêtes-là ne volent pas, pas comme les canards sauvages donc s’il n’y a plus d’eau, les renards attaquent. 

Donc ici c’est un peu un mix, il y a un élevage, il y a une écurie de concours, une écurie de propriétaires et nos clients sont quasiment nos amis aussi. Ce sont tous des passionnés même s’ils n’ont pas un grand niveau équestre. Ils aiment venir ici passer du temps avec les chevaux.

Notre vie c’est de l’élevage et de la pension. La moitié des chevaux qui sont ici sont des chevaux de propriétaires. Il y a 18 à 20 poulinages par an, pour nous et des clients. L’espace a été conçu pour ça. La grande stabulation à côté du manège est modulable elle peut se diviser en 8 boxes de 30 m2 et on peut faire des grandes parties pour les poulains l’hiver et les vieux chevaux. Dans le barn, il y a 25 boxes et les aires de pansage ».  

J’ajouterai : et pas un seul brin de paille à la traîne.

Etienne Robert

29/04/2021

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