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Maxime Livio : « Une étape du Grand national »

Alors heureux ? « Oui, très. Déjà parce que mes chevaux ont effectivement répété ce que j’espérais qu’ils puissent faire, mais en plus ils se sont bien comportés. Ce sont des chevaux qui sont en formation et ils se forment bien, ils commencent à répéter les perfs et je suis très content pour ça. Ensuite je suis surtout très content pour la réussite de ce concours, c’est tout neuf mais vraiment ils ont assuré une super première édition. Il y avait du public, ça faisait même très longtemps qu’on n’avait pas eu les applaudissements sur le cross, donc retrouver ça en Bourgogne sur un concours qui m’a demandé de leur filer un petit coup de main et qu’ils aient autant de réussite c’est doublement un plaisir ».

Tu as répondu spontanément à la demande ?

« Oui, tout à fait. D’abord je suis né à Dijon. Et puis je pense que c’est aussi notre rôle en tant que cavaliers. On ne peut pas juste espérer qu’il y ait des concours, qu’il y ait de l’argent dans les concours et ne rien faire pour que les concours s’en sortent. C’est obligatoire, donc à chaque fois qu’on me sollicite j’essaie de trouver du temps pour filer un coup de main. Ce n’est pas forcément grand’chose mais le fait de montrer qu’on est dans le même bateau et qu’on veut des belles épreuves, qu’on veut du public, qu’on veut de l’argent à gagner, et bien ça c’est notre rôle aussi ».

Tu es parti quand de la Bourgogne ?

« Je suis parti pour faire mes études après mon Bac à Saumur, donc à 18 ans, j’en ai 34 maintenant, donc ça fait un petit peu de temps. Mais quand je suis arrivé là-bas je suis tombé un peu amoureux de cet endroit qui est une terre de cheval et de Concours Complet, et je me suis surtout installé là pour la Verrie (hippodrome de Saumur-Verrie). La Verrie c’est quand même un centre d’entraînement qui est unique en France, tous les cavaliers de France vont s’y entraîner et je suis à 3 km de cet endroit-là. Mais je ne désespère pas, il y eu une belle époque de Complet avec Dijon-Bonvaux ; si Saulieu reprend un petit peu le flambeau de cette épreuve qui drainait quand même beaucoup de monde, ce serait magnifique : il y a avait le championnat des 7 ans, il y avait un championnat Pro Elite, il y avait beaucoup de choses, donc on leur souhaite d’avoir le même parcours que Bonvaux ». 

Conquis par le cadre ?

« Oui, il y a un potentiel formidable. L’épreuve de cross on peut faire 3*, on peut faire 4* difficile, donc oui il y a de tout pour que ça devienne une étape du Grand National, et d’ailleurs j’en ai déjà parlé avec Thierry qui était venu voir le site au tout début, et Pierre Michelet aussi, il avait 2 000 idées parce qu’il y a du dénivelé, il y a des gués naturels. Il y a un gros potentiel donc c’est bien qu’ils aient démarré raisonnablement. Mais qu’ils l’aient fait avec ce niveau de qualité c’est énorme. Après viendront les opportunités, les gens qui vont les suivre, qui feront qu’ils deviendront un grand concours, mais il y a vraiment tout pour faire ».

Bons souvenirs de Tokyo ?

« Oui, tout à fait. On peut tirer un grand coup de chapeau aux Japonais parce qu’organiser dans ces conditions-là c’était vraiment difficile. Malgré tout je pense que pour tous les athlètes et les accompagnateurs c’était bien pour le sport, c’était moins bien pour l’ambiance, c’était moins bien pour visiter Tokyo, c’était moins bien pour tout ça, mais pour le sport c’était bien. Les chevaux ont été reçus dans de supers conditions, le cross était bien. Mes cavaliers (Maxime est entraîneur de l’équipe thaïlandaise, ndlr) ont peu de métier, ils ont fait de toutes petites erreurs qui leur ont coûté très cher mais ils les ont déjà bien digérées et on est déjà plutôt entrain de voir ce qui nous a manqué pour préparer la suite.  Pourquoi pas les Championnats du Monde à Pratoni ? Ce sont des jeunes qui en veulent et moi je suis là tant qu’ils auront besoin de moi pour les aider ».

Ils ont un bon potentiel en Concours Complet ?

« Oui, d’autant plus que là on a fait un peu avec « les chevaux qu’on avait », on a pris des chevaux d’expérience, des chevaux de cross, mais on n’avait pas un budget extensible donc on a dû faire des concessions sur plein d’autres choses et le jour où ils auront des chevaux à la hauteur de leur talent , ils seront performants c’est sûr ».

Tu les équipes de chevaux français ?

« Oui, pour le moment ce ne sont que des chevaux français qu’ils avaient. Moi ce que je j’espère c’est qu’on va pouvoir anticiper un peu, acheter des jeunes chevaux de 6, 7, 8 ans, qu’on va former d’ici Paris, ça ce serait super parce que faire du one shot à 1 an des Jeux... C’est toujours compliqué de créer une relation avec un cheval qui a déjà appris, surtout en Complet ça compte vraiment de bâtir une relation avec le cheval.

Mes cavaliers thaïlandais sont tout le temps chez moi. J’ai 10 chevaux de la Fédération qui sont en permanence à la maison. Les cavaliers font quelques allers-retours des fois pour rentrer un peu en Thaïlande, mais les  chevaux sont tout le temps-là. Quand ils ne sont pas là on les prépare, et quand ils reviennent ils concourent. »

Mais comment tu vas gérer le fait d’être éventuellement compétiteur à Paris aux Jeux Olympiques et être entraîneur ?

« C’était déjà le cas cette année. On avait déjà discuté avec les deux Fédérations. Quand la Fédération thaïlandaise est venue me chercher je leur ai dit que j’étais avant tout cavalier mais que j’enseignais aussi et ils ont plutôt pris le côté positif du truc de se dire qu’au moins ils auraient un entraîneur qui faisait du haut niveau, qui était tout le temps dans le coup, à la page de ce qu’il fallait savoir faire. Ils ont pris le côté positif, en respectant le fait que des fois j’étais à cheval et qu’il fallait prendre le bon côté et accepter les côtés moins bien. Et Thierry, j’en ai toujours parlé avec lui parce qu’il sait que ça fait partie de mon système, c’est aussi ça qui me permet de garder mes bons chevaux, de ne pas être obligé de les vendre, donc il accepte que ça fasse partie de mon métier, et là quand il m’avait demandé d’être réserviste des Jeux on en a reparlé et il m’a dit « de toute façon tu le fais tous les week-ends donc pourquoi tu ne le ferais pas aux Jeux ? ».

Aux Jeux, la tension est quand même là ?

« En Concours Complet, quand on va sur le Cross on sait tous qu’on risque notre vie, on sait tous qu’on risque de blesser nos chevaux, on ne se tire pas dans les pattes, chacun fait au mieux et puis le meilleur gagnera, mais il n’y a pas de concurrence comme ça, vraiment. Je ne dis pas ça pour la forme, c’est vraiment un état d’esprit qui est comme ça dans le Complet. Et après, pour moi il n’y a pas non plus de concurrence. Sandra Auffarth coache un indien qui était en individuel et elle s’est fait battre par cet Indien-là, personne ne lui a reproché ça, il n’y a pas de problème, on est entraîneurs, on est cavaliers, il n’y a aucun souci et encore une fois je le fais tous les week-ends ».

Propos recueillis par ER

30/08/2021

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