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L’Ivraie, un label

« Le Cantal a du sang » dit le slogan. Les Cantalous, eux, ne manquent ni d’imagination, ni de talent. On les a vus en 2008 sur le devant de la scène médiatico-promotionnelle à Pompadour et à St Lô. Ardents défenseurs de l’Anglo, ils cherchent Photo 1 sur 2
aussi la diversification dans la qualité avec le Selle Français

Terre d’élevage aux riches et verdoyants pâturages, royaume des Salers, le Cantal en Auvergne n’est pas qu’une belle région touristique. Les hommes ont un tempérament d’acier trempé, pugnace et volontaire, sachant donner au temps le temps de rire et s’amuser. « Nous sommes loin de tout, dit Laurent Tourdes, loin des concours d’élevage, loin des CSO. Le moindre déplacement, c’est trois heures de camion. »

Place forte de l’élevage jusqu’à ces dernières années, le haras d’Aurillac a perdu petit à petit de son aura. L’association d’éleveurs que préside Patrick Delaunay a repris les rênes et tente avec efficacité en partenariat avec les institutions régionales de construire l’avenir. C’est plutôt bien parti. La grande semaine du cheval qui va se tenir du 11 au 14 juin, l’HIPCA, la fédération de la filière qui vient de voir le jour, témoignent d’une réelle volonté d’aller de l’avant. Le Cantal a trois cordes majeures à son arc élevage, l’Anglo de sport, l’Anglo de courses et le Selle Français. Et de fortes personnalités dans chacun des registres.

Le bon grain de l ‘Ivraie

Stéphane Chalier et son épouse, installés à Naucelles dans un joli havre de confort de vie et d’élevage depuis une dizaine d’années, se sont forgé une sérieuse réputation en Anglo à partir de souches testées sur descendances. Avec Oiseau d’Ivraie (Hermès d’Authieux et Belle du Loup AA x Jouan de Frely AA), vendu aux Haras nationaux puis O’Pif (Hermès d’Authieux et Jaliska de Tanues x Iago C) qui tourne sous la selle d’Edouardo Blanco après avoir fait ses classes sous la selle de Philippe Fréquelin. O’Pif, syndiqué depuis l’année dernière, a 32,89 % de sang arabe, indicé à 140 (0,88) et figure à la 3e place du palmarès 2008 des 6 ans. L’anglo, c’est le crédo du couple de Naucelles. Il y croit fort à cette race. Lucide, Stéphane sait qu’à l’heure actuelle elle n’a pas le vent en poupe et que ces dernières années, la race a perdu en effectif et en notoriété. Et pourtant, le sang de l’Anglo est recherché dans les souches maternelles. Il est présent à deux ou trois générations dans la plupart des bonnes lignées maternelles du SF. L’élevage allemand s’y intéresse très fort avec Hermès d’Authieux parti outre-Rhin… pour refaire le coup de Cor de la Bryère, peut-être.

L’association de race a pris des mesures pour enrayer le déclin, maintenir et valoriser son cheptel. Seront-elles suffisantes ?

Stéphane estime qu’il faudrait qu’un bon étalon perce au haut niveau pour redorer le blason de l’Anglo de sport. O’Pif sera-t-il celui-là ? Il lui reste encore quelques années pour convaincre en attendant que sa jeune descendance fasse elle aussi ses preuves.

Un Scandale !

Ce Scandale-là ne soulève pas l’indignation. Bien au contraire. Il s’agit du frère utérin d’O’Pif par Laurier de Hère, Scandale d’Ivraie. Un mâle sérieux avec beaucoup de force, des rayons en place, une belle tête et un beau geste au saut. Prometteur et attendu sur les concours de 3 ans.

Les chevaux d’Ivraie bénéficient de conditions exceptionnelles pendant leur croissance. Les herbages sont riches et le printemps dure longtemps dans le Cantal, pour peu que l’on puisse jongler avec la pousse de l’herbe en plaine et sur les hauts plateaux. C’est le cas pour la demi-douzaine de poulains qui nait ici chaque année et qui, à trois ans, sont vendus ou mis au travail. L’environnement est professionnel jusque dans la commercialisation.

L’Ivraie, un label.

Etienne Robert

20/05/2009

Actualités régionales