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Les grands chantiers de l’ANSF

L’ère Chauvin est celle des grands chantiers. L’AG qui vient de se tenir, face à un nombre important d’éleveurs, avait tout d’une feuille de route. 2008, année du cinquantenaire de la marque - race n’est pas le terme exact - est celle de Photo 1 sur 3
l’orientation. Mais ce sont toujours les moyens financiers qui manquent le plus

Pour mettre en œuvre le programme d’avenir qui doit sortir l’élevage du marasme économique qu’il traverse, les dirigeants de l’ANSF ont besoin d’autres ressources que ‘‘l’aumône’’ qu’ils reçoivent de la tutelle. Le problème est bien là, résumé par la métaphore employée par Bernard Le Courtois : « Dans le divorce, on a oublié la pension alimentaire ».

Néanmoins, l’ANSF avance. Le stud-book évolue, envers et contre toute la lourdeur administrative. Le dispositif concernant la voie mâle est en route, mettant un terme à ce qui était devenu le champ privilégié du testage de la génétique étrangère. Les jeunes étalons approuvés dans les körung devront dorénavant se soumettre aux règles françaises pour être autorisés à produire en SF. Pour tous, l’approbation est provisoire pendant sept ans et le testage des jeunes, expérimental cette année avec les séquences hivernales de Saint-Lô et des Bréviaires, est désormais obligatoire. Un réel succès que ce testage. Les témoignages des cavaliers experts, des juges, des éleveurs-propriétaires, des cavaliers des chevaux sont concordants. Yves Chauvin a toujours en travers de la gorge le refus du Fonds Eperon pour cette opération. Au nom de la transparence et pour l’information objective des éleveurs, les observations relevées à Fontainebleau et lors de ce testage sont rassemblées dans un guide des étalons SF qui sera adressé gratuitement dans la première quinzaine d’avril à tous les éleveurs.

Pour ce qui est de la voie femelle, dont la capacité à transmettre la performance ne fait aucun doute pour Jean-Baptiste Thiébot, l’éleveur des B’Néville, rapporteur de la commission, la labellisation est une réalité. Les jeunes pouliches vont hériter des points de leur génitrice, points Pace qui seront attribués à partir de l’indice 120. L’idée étant de valoriser les juments qui produisent des chevaux performants.

Le chantier des indices

Un acquis : les performances internationales sont désormais intégrées au calcul des indices. Reste maintenant à revoir en profondeur le calcul de cet outil d’évaluation en tenant compte du niveau de difficulté des épreuves de CSO traduit par la hauteur des barres et non plus des gains. Une nouvelle estimation est demandée à l’Inra et aux Haras nationaux, estimation adaptée aux nouveaux programmes lancés cette année par la FFE.

Pas simple de faire circuler cette information aux sources multiples. Xavier Guibert a été entendu : ?« Nous ferons tout pour que ça marche ». Yves Chauvin a de nouveau insisté pour que le temps de réponses des chercheurs soit raccourci...

Saint-Lô et Lyon, capitales du SF

La grande semaine du SF, ce sera à Saint-Lô du 13 au 19 octobre. Foals, 2 ans, 3 ans mâles et femelles y seront regroupés pour ce que le président veut « l’événement majeur de la race ». Avec pour les 3 ans une épreuve de saut monté. C’est là encore une avancée considérable. L’aptitude à porter l’homme devient déterminante. Cette exception française va ainsi démarquer la sélection du SF de celle pratiquée par les stud-books étrangers qui se contentent des exhibitions en liberté. L’épreuve de saut monté est désormais obligatoire sur toutes les qualificatives.

Lyon est l’autre point d’ancrage de sélection pour les 3 ans femelles et hongres. « Ce fut une réussite totale, constate Yves Chauvin. Beaucoup de monde et du commerce. Six chevaux ont été vendus le jour de la finale ». Ce championnat, il est vrai, est enfin sorti de l’anonymat, dopé par l’effet Equita qui renforce sa position de leader par l’affluence, la diversité, l’ambiance, la haute qualité de ses installations et la nature internationale des épreuves sportives. « J’invite les Normands et les Bretons à venir plus nombreux » a dit Yves Chauvin.

Autre événement d’importance à Lyon : le congrès de la WBFSH (du 2 au 4 novembre) qualifié d’événement de l’année pour le stud-book SF.

La solitude du coureur de fonds

Epuisante, la course aux fonds. Heureusement le bureau de l’ANSF ne manque pas de souffle pour rechercher des solutions financières pérennes. Le contexte économique demeure fragile et bride les actions. Une éclaircie semblait se dessiner avec les livrets dont une partie des recettes (cf. « la pension alimentaire ») devait être reversée aux races. Un an de négociations et une quinzaine de réunions ont abouti à « un échec total ». Au début de cette année, une réponse affirmative a relancé l’espoir pour 2009 à la condition qu’une importante campagne d’information soit menée. Reste maintenant à s’accorder sur les montants.

Autre piste à explorer : les cartes de saillie qui pourrait faire l’objet d’un prélèvement de 20 €.

Garder les qualités de nos chevaux

Patron-président du corps des juges, Michel Gaspard, qui a entrepris un vrai travail de fond pour former et garantir l’intégrité des juges, a fait le tour des épreuves de sélection de tous les stud-books européens. Il en a ramené une somme de réflexions intéressantes, parmi lesquelles :

- sévérité des jurys avec les chevaux trop préparés (chevaux généralement sifflés par le public);

- la France est le seul pays où trois jurys officient (garantie d’intégrité certes mais frein à une vision globale des qualités du cheval);

- la France est le seul pays où les notes sont communiquées après chaque atelier;

- présentation soignée partout, avec des professionnels portant des tenues aux couleurs de la race;

- sélection à outrance sur le look et les allures, ce qui oblige certains éleveurs à chercher un supplément de force.

« Notre force, conclut-il, est de présenter des chevaux montés. Nous devons garder nos qualités : force, oblique, envie, dessous, volonté et intelligence de nos chevaux. »

L’indépendance

Thème récurrent des débats qui ont animé l’assemblée : l’indépendance de l’association vis-à-vis des tutelles. Un grand pas reste encore à faire pour y parvenir. La volonté de l’ANSF est là mais tant que l’autonomie financière n’est pas réalisée, l’indépendance ne sera qu’une illusion. Les Haras nationaux continuent à décider seuls, sans concertation avec la race, l’achat d’étalons (dernier exemple en date, l’acquisition de Conterno Grande).

Autres interrogations : la refonte des encouragements, la Fival. A ce sujet, Philippe Lemaistre a fait un résume limpide de la crise. Le sport, qui n’était pas représenté dans l’interprofession, y a été invité. « D’accord dit-il, mais il faut remettre le budget à plat. La traçabilité du steak de cheval n’est pas notre priorité. Nous avons fait des avancées qui nous permettent de dire que nous sommes les bons élèves de la profession. C’est peut-être trop beau pour être vrai. Il faut que cette Fival soit dirigée autrement ». Dernier round le 25 mars au ministère.

L’ANSF demain ? Yves Chauvin en a tracé les grandes lignes :

- décentralisation sur le terrain, autour des régions;

- une société de services aux éleveurs avec un guichet unique pour les engagements (c’est opérationnel dès maintenant);

- une meilleure assise financière et des ressources pérennes;

- une aide à la commercialisation.

L’engagement dans la promotion est flagrant : visibilité sur toutes les grandes manifestations et salons avec un stand et la présence active de Brice, ligne de vêtements aux couleurs du SF. Le Guide des étalons à paraître mi-avril sera la première tentative éditoriale. La seconde sera réalisée dès cette année avec l’édition trois fois par an du magazine ‘‘Le Selle Français’’ envoyé gratuitement aux éleveurs et soutenu par des partenaires qui sont : le Reverdy, Cavalassur, le Haras des M, les Vans Théault et Cheval Liberté qui ont signé leur engagement au cours de cette assemblée générale.

Du concret encore avec le cahier des charges des concours établi par Daniel Blanc. Excellent ‘‘vade mecum’’ de l’organisateur de concours d’élevage. Moyens, méthode, objectifs y sont énumérés de façon exhaustive. Il est disponible sur simple demande à l’ANSF.

Etienne Robert

27/03/2008

Actualités régionales