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Le chevalier Henry

Carnet Ce fut son dernier geste, son dernier acte de grand patron de l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation : Philippe de Guénin, appelé dès le lendemain « Ã  d’autres fonctions Â» (la direction de la DRAF de Poitou-Charentes), a accroché le samedi 20 octobre la croix de Chevalier du Mérite Agricole à la veste de notre ami et confrère Guillaume Henry. Photo 1 sur 1

La cérémonie s'est déroulée dans les locaux de l'École Nationale d'Équitation, quelques minutes avant la désormais traditionnelle soirée automnale et musicale du Cadre Noir de Saumur, en présence du directeur de l'École, Robert d'Artois, de l'Écuyer en Chef, le colonel Faure, et de nombreux invités, au premier rang desquels se trouvaient Marie-Claude Brossollet, l'ancienne pédégère des éditions Belin et Jean-Louis Gouraud, auquel nous avons demandé de présenter le jeune récipiendaire (pas encore 44 ans) à nos lecteurs. Nos chaleureuses félicitations à Guillaume.

Etienne Robert

Equitation et cultures équestres

Toute la vie - encore bien courte (il est né le 5 janvier 1969) - de Guillaume Henry a été orientée vers le cheval, l’équitation et les cultures équestres.

Bon sang ne saurait mentir : Guillaume est le fils de Raymond Henry, une grande figure du monde du cheval (décédé alors que Guillaume n’avait qu’un an), cofondateur de l’ANTE (Association nationale du tourisme équestre), créateur d’un magazine mensuel, Plaisirs Équestres, qui fut longtemps la lecture préférée des cavaliers curieux et cultivés, et animateur de ce qui était alors la principale maison d’édition de la spécialité, Crépin-Leblond, qui publia, par exemple, les premiers livres en français de Nuno Oliveira.

Très tôt passionné par l’équitation, Guillaume passe son monitorat dès 1991, puis entre en perfectionnement à l’Ecole nationale d’équitation, dont il sort en 1997, son instructorat en poche. Mais le jeune Henry n’est pas qu’un praticien doué et passionné. Il fréquente autant les bibliothèques que les manèges et lit, dans le texte, ceux que André Monteilhet, dans une encyclopédie célèbre, appelle « Les maîtres de l’œuvre équestre Â». Désireux de partager sa passion, il créé, (1989) l’ADCE, une association qui se propose de contribuer à la diffusion de la culture équestre. Cette association donnera naissance à l’Académie Pégase, aréopage au sein duquel on trouve d’éminentes personnalités comme le général Durand, ancien Ecuyer en chef du Cadre Noir et ancien directeur de l’Ecole nationale d’équitation.

Cette académie, dont Guillaume Henry est le secrétaire perpétuel, récompense chaque année un ouvrage  - roman ou essai - contribuant au développement de cette culture qui lui est si chère. Décerné pour la première fois en 1990 (au colonel Bogros, un ancien du Cadre Noir), ce prix est attribué depuis 2005 en coopération avec l’Ecole Nationale d’Equitation, et s’est dédoublé pour récompenser non plus un, mais deux ouvrages. L’un plus « grand public Â» : le prix Pégase-ENE. L’autre plus technique, ou plus savant, décerné à un travail de recherche : le Prix Pégase-Cadre Noir.

A ma demande, l’ADCE a également abrité, dès le début des années 90, le Comité Tsarskoye Selo, destiné à récolter des fonds pour aider à la restauration du cimetière des chevaux créé par l’empereur Nicolas Ier et abandonné lors de la révolution de 1917, alors qu’il se composait de 120 sépultures. Menacé par les bulldozers, le site a pu être sauvegardé grâce aux actions d’information et de collecte du comité hébergé par l’association.

Guillaume ne se contente pas de plaider les bonnes causes. Il met en pratique ses recommandations, et prend, en 1997, la direction d’un important centre équestre de Seine et Marne (Hautefeuille), tout en produisant d’utiles manuels : de 1996 à 1999, il publie une série de fascicules pratiques sur L’usage des mains, L’usage des jambes, L’assiette, les assouplissements, le placer, le travail au pas, au trot, au galop, le changement de pied, le travail à la longe, etc…

Jusqu’à ce que Marie-Claude Brossollet, présidente-directrice-générale des Éditions Belin, et cavalière amateure, décide de créer dans sa maison d’édition, jusque là plutôt spécialisée dans les ouvrages scientifiques, scolaires et universitaires, un département qui proposerait à tous les publics des traités et manuels d’équitation - et d’en confier le lancement et la coordination à Guillaume Henry.

Douze ans plus tard, ce dernier se trouve à la tête d’un catalogue de plus de 130 volumes, ayant hissé les Éditions Belin en tête de toutes les maisons d’édition de la spécialité.

Composé principalement d’ouvrages pratiques - des manuels pour débutants jusqu’aux traités pour cavaliers de haut niveau - cet impressionnant ensemble éditorial a su toutefois prouver son éclectisme en accueillant également des Å“uvres littéraires, comme les Deux « confessions Â» du cheval Crac, écrites avec humour par Sylvie Overnoy, ou les cinq volumes de ma « Géographie amoureuse du cheval Â».

Soucieux toujours de rendre accessible au plus grand nombre la culture équestre, Guillaume Henry a inscrit au catalogue de Belin une très belle collection, « les grands maîtres expliqués Â», forte déjà de cinq volumes signés Marion Scali, d’un volume signé Michel Henriquet - et bientôt de deux nouveaux volumes, consacrés au commandant Rousselet et à Jacques de Saint-Phalle, qui seront signés cette fois par Guillaume Henry lui-même. Déjà auteur d’une petite vingtaine d’ouvrages (édités, naturellement, chez Belin) ce dernier vient de réaliser un beau livre, illustré par des photos de Alain Laurioux, consacré au Cadre Noir de Saumur. Avec ce superbe ouvrage, Guillaume Henry prouve qu’il mérite, plus que quiconque, de siéger (depuis 2010) au comité directeur de l’association des Amis du Cadre Noir.

Jean-Louis Gouraud

07/11/2012

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