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La mobilisation du monde du cheval a payé : le « live betting » suspendu

La journée de mercredi a commencé bizarrement : alors que des cars venus de toute la France convergeaient vers la Porte Dorée, point de départ de la manifestation, on apprenait que Bercy suspendait les tests de live betting. La victoire avant d’avoir couru ! Incroyable ! Mais l’information n’avait pas encore fait l’objet d’un écrit de la part de Bercy... Donc il s’agissait de rester prudents. 

En marchant vers le ministère des Finances et du Budget, on pensait que Michel Sapin et Christian Eckert publieraient peut-être leur communiqué officialisant la nouvelle après avoir reçu les représentants du Comité de réaction des jeunes professionnels de la filière cheval (J.P.F.C.)... mais une fois de plus, Bercy anticipait et envoyait aux rédactions son communiqué, une heure avant l’arrivée du cortège au ministère.

En voici le texte complet :
« Michel Sapin et Christian Eckert annoncent la suspension de l’expérimentation de "paris événementiels" par la Française des Jeux.
Le "Grenelle du Cheval" lancé le 11 janvier 2017 par le Gouvernement en concertation avec l’ensemble des acteurs de la filière équine vise à esquisser les pistes qui permettraient de redynamiser à court, moyen et long terme une filière dont les paris hippiques constituent la principale source de financement.
L’expérimentation de paris événementiels dans le cadre du projet Olympia prévue auprès d’une centaine de points de vente du réseau de la Française des Jeux, a suscité des inquiétudes quant à son impact sur les paris hippiques. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement a décidé de suspendre cette expérimentation.
Cette suspension a vocation à offrir à la Française des jeux, au PMU et aux autres acteurs de la filière, le temps nécessaire à la concertation sur les conditions de cette expérimentation et sur les modalités d’évaluation partagées de ses résultats.
Par ailleurs, les représentants du Comité de réaction des jeunes professionnels de la filière cheval qui organisent une manifestation ce jour, seront reçus dans l’après-midi par le cabinet des deux ministres. »

 

Thibault Lamare : « Nous avons été écoutés et entendus »

Cinq minutes après avoir été reçu par les ministres, le porte-parole du Comité de réaction des jeunes professionnels de la filière cheval a donné sa première interview à JDG.

Jour de Galop. – Comment cela s’est-il passé lorsque vous êtes entré dans le bureau des minis- tres ?
Thibault Lamare. –
Nous avons été écoutés. J’irais même jusqu’à dire entendus. Ils ont été réceptifs. Quand nous avons échangé avec eux, nous avons compris qu’ils cernaient parfaitement le décalage qui existe entre ce qui est proposé actuellement aux parieurs hippiques et ce que nous aimerions pouvoir leur offrir. Il faut que les paris hippiques évoluent très vite, vers une meilleure connexion entre l’offre et la demande. Il faut que le PMU soit à la hauteur des attentes des parieurs. Aujourd’hui, la base a parlé en ce sens et je pense que nous aurons encore un rôle à jouer pour aider à optimiser le produit offert aux parieurs hippiques.

Donc on peut parler d’une forme de donnant- donnant, avec des efforts à faire aussi de notre côté ?
Il ne faut pas se leurrer. Tout reste à faire. On sait très bien que l’état de notre filière n’est pas satisfaisant. On sait très bien qu’il y a un lent déclin. Aujourd’hui, tout ce qui ne tue pas rend plus fort. Et demain, on doit abso- lument toujours garder en tête de placer le parieur au mi- lieu de notre attention et de toujours offrir un pari hippique qui permettra à ceux qui aiment jouer et à ceux qui aiment les courses de jouer avec plaisir au PMU. Or cela ne nous a pas semblé être toujours le cas ces derniers temps.

Quand vous avez fondé le Comité de réaction des jeunes professionnels de la filière cheval (J.P.F.C.), il y a très peu de temps, pensiez-vous être capables d’obtenir un tel résultat aussi vite ?

Non, c’était complètement inespéré. Simplement, la leçon que nous pouvons tirer de ce succès, c’est que nous nous sommes engagés dans un groupe uni, au sein duquel pas une tête ne dépassait. Nous y avons mis tout ce que nous pouvions, en complète intégrité et ç'a porté ses fruits.  Nous voudrions que la méthode que nous avons employée soit un véritable vecteur pour la suite : que, comme nous avons essayé de le faire, le plus de compétences possibles agissent en même temps et dans le même sens. Il y aura sans doute un avant et un après 29 mars. Il faut aller très vite maintenant. On doit avancer très fort.

Il y a une échéance électorale très importante prochainement. Comment allez-vous faire pour continuer à motiver tout le monde d’ici là et après ?

Chacun a pris en main son destin en venant, en pesant aujourd’hui. Notre filière a vraiment été représentée. Une journée comme aujourd’hui marquera les esprits. Nous allons pouvoir nous défendre au nom de tout ce que nous représentons. Il est évident que le 5 avril, à Saint-Cloud, nous rencontrerons les quatre principaux candidats à la présidence de la République. Nous devrons être entendus et très rapidement après l’élection, entrer dans une démarche constructive avec nos ministères de tutelle pour ne plus trembler à l’arrivée de la moindre concurrence nouvelle.

Des réactions

Olivier Delloye, directeur général de France Galop : « La nouvelle d’aujourd’hui, sur la suspension du test, montre qu’il est important de se mobiliser. C’est assez bluffant de voir qu’il y a eu cette capacité à se rassembler, à faire des kilomètres, à traverser la France pour être là et se faire entendre. Et se faire entendre positivement. Ce n’est pas vraiment un rassemblement contre, c’est vrai- ment un rassemblement pour et pour la défense de notre filière qui est en danger. S’il n’y a pas de bienveillance et d’écoute de l’État, nous aurons des difficultés.

Ce test sur le live betting, c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase, mais c’est bien le vase qui tombe plus que la goutte d’eau. La T.V.A. est au départ un sujet européen. Cette harmonisation autour de 20 % n’est pas un sujet franco-français mais la France a malgré tout son mot à dire pour défendre une position qui consisterait à revenir à une politique de taux réduit sur certains secteurs. C’est un sujet ouvert par la communauté euro- péenne. Il n’y a pas de sujets sur lesquels l’État est totale- ment ignorant, et même sur la T.V.A.

Je pense que les fondements de notre filière sont assez trans-partisans. Je ne suis pas absolument certain qu’il y ait un candidat bien meilleur ou bien plus mauvais qu’un autre, s’agissant de l’avenir de nos courses. Il peut y avoir des sensibilités plus ou moins fortes chez chaque candidat ou dans ses équipes, une connaissance même de la filière qui n’est peut-être pas tout à fait la même partout mais qui peut se corriger. De toute façon, nous serons bien obligés de faire avec et d’être présents auprès de la future équipe gouvernementale. Nous restons confiants. En voyant cela, nous sommes toujours confiants. »

Édouard de Rothschild, président de France Galop : « Je pense qu’il était nécessaire d’être là aujourd’hui pour rendre le secteur et la filière audibles. Vous savez que le gouvernement a suspendu le test de live betting : c’est un premier pas nécessaire, mais pas suffi- sant. Il faudrait remettre à plat la politique des jeux. Mais à chaque jour suffit sa peine... »

(Source Jour de Galop-www.jourdegalop.com)

30/03/2017

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