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La formation dans la tourmente du Covid-19

Le point avec Nicolas Dornier, Coordinateur des formations DEJEPS au Parc du Cheval de Chazey-sur-Ain (01).

Dans quelles conditions physiques et psychologiques retrouvez-vous vos élèves et leurs chevaux ? Ont-ils pu maintenir une condition physique minimale ?

Le Parc du Cheval de Chazey accueille cette année (de septembre 2019 à juin 2020) une promotion de 28 stagiaires en formation DEJEPS ; perfectionnement sportif mention dressage et CSO. Cette formation se déroule en alternance entre l’organisme de formation de Chazey et les structures d’alternance de nos stagiaires. 

Suite à l’épidémie de Covid-19, nous avons arrêté d’accueillir nos stagiaires pour les journées de formation en présentiel depuis mi-mars. Nous avons cependant continué la formation sur le plan théorique en organisant des visioconférences de manière à limiter le retard dans l’acquisition des compétences.

Concernant l’alternance, plusieurs cas de figure se sont présentés :

- Les stagiaires étant déjà à leur compte, gérants d’une structure, ou salariés d’une écurie ont continué à exercer avec, pour certains, une augmentation de la charge de travail liée à l’interdiction pour les cavaliers propriétaires de pouvoir accéder aux structures.

- Les stagiaires de la formation professionnelle ont quant à eux complètement stoppé leur alternance et ont donc pris du retard en pratique et en pédagogie. 

Depuis le 18 mai, nous avons repris les journées de formation en présentiel sur le site de Chazey-sur-Ain. Nous respectons évidemment les gestes barrières et organisons nos journées de formation de manière à respecter les recommandations sanitaires.

Compte tenu de la diversité des situations de chacun de nos stagiaires, ils n’ont pas tous vécu cette période de la même manière. Certains sont très fatigués par la surcharge de travail, mais aussi très entraînés à monter plusieurs chevaux par jour. D’autres n’ont pas pratiqué l’équitation depuis près de deux mois et n’ont pas forcément réussi à maintenir un bon niveau de préparation physique.

Il faut aussi prendre en compte les chevaux qui eux aussi ont vécu le confinement de façon très différentes en fonction des structures dans lesquelles ils se trouvaient. Certains ont profité d’une période de repos et doivent reprendre l’entraînement de manière très progressive et mesurée, d’autres sont prêts pour redémarrer la saison dès que les concours reprendront. 

Nous pouvons conclure en disant que même si chevaux et cavaliers ne sont pas tous au même stade de leurs préparations, formateurs et stagiaires sont heureux de pouvoir se retrouver autour de cette passion commune pour l’équitation et l’entraînement sportif afin de reprendre le cours de la formation.

• Comment vont se passer ces prochaines semaines pour les préparer aux examens ? Comment ceux-ci vont-ils être organisés ?

Nous avons, pendant toute la période du confinement, été en lien permanent avec la DRDJSCS afin de trouver les meilleures adaptations possibles à notre formation mais aussi à nos process de certifications des différentes UC.

Concernant les UC 1 et 2 qui portent sur la méthodologie de projet, les évaluations auront lieu avec un mois de retard en visioconférence, ce volet de la formation ayant pu se dérouler presque normalement.

Concernant les UC 3 et 4 (pédagogie et techniques équestres), un arrêté du ministère Jeunesse et Sports paru début mai nous permet d’adapter l’évaluation des compétences de nos stagiaires par rapport au caractère exceptionnel de la situation. En effet, cette année sur ces deux UC, nos stagiaires seront évalués selon une formule qui peut s’apparenter à un contrôle continu sur les temps de formation en centre et en entreprise.

Cela semble une solution intéressante puisqu’il aurait été difficilement envisageable de demander à tous les cavaliers et leurs chevaux d’être prêts à présenter les tests dans de bonnes conditions d’ici au mois de juin.

• L’absence actuelle de compétitions vous impacte dans quelles mesures ? Comment y remédier ?

Pour nos stagiaires, l’absence de compétitions est un manque à plusieurs niveaux. En effet, le circuit de concours leur permet de se préparer au mieux, ainsi que leurs chevaux aux conditions de l’examen pratique de l’UC 4. Ce circuit leur permet aussi d’accompagner leurs tuteurs de se préparer à exercer leurs futures fonctions d’entraîneur sportif.

Pour pallier ce manque nous organisons des entraînements en situation de compétition. Nous avons la chance sur le site de bénéficier de toutes les infrastructures nécessaires.

Concernant le Parc du Cheval, nous sommes effectivement très impactés par l’absence de compétitions. En effet cette période est habituellement des plus actives au Parc avec des locations du site tous les week-ends pour des compétitions de tous niveaux et dans différentes disciplines. De plus, le Parc accueille en temps normal beaucoup de chevaux en transit à travers l’Europe pendant toute la saison de compétitions. Les concours étant arrêtés dans tous les pays, c’est là aussi une perte indirecte conséquente.

C’est donc une période délicate pour tout le monde. Nous en avons profité avec toute l’équipe du Parc du Cheval pour effectuer des opérations de maintenance difficiles à gérer dans un fonctionnement habituel et réfléchir à de nouveaux projets… Ce qui est encourageant, c’est que nous recevons beaucoup de sollicitations de cavaliers souhaitant venir s’entraîner sur les pistes du Parc du Cheval afin de se tenir prêt à la reprise de la compétition. 

Les organisateurs de manifestations sont également prêts à mettre en place leurs concours sur le site de Chazey dès que cela redeviendra possible. Nous sentons une grande motivation de toute la filière à redémarrer au plus vite les circuits de compétition. 

• Ces derniers mois ayant énormément fragilisé de nombreux centres équestres, comment voyez-vous les débouchés pour vos élèves ? Quels conseils pouvez-vous leur apporter ?

Effectivement, cette période aura certainement fragilisé un grand nombre de structures équestres. Nous ne connaissons pas encore exactement les conséquences de cette crise mais le contexte à la sortie de formation de nos stagiaires ne sera sans doute pas idéal. Ainsi, nous jouerons, avec l’ensemble des formateurs, le rôle de relais entre d’éventuels employeurs et nos stagiaires en recherche d’emploi. Certains ont déjà des postes qui les attendent malgré le contexte difficile, d’autres des projets pour s’installer à leur compte… 

Nous pouvons donc conseiller à l’ensemble de nos stagiaires de garder espoir car, avec la reprise de l’activité sportive et économique, de nouvelles opportunités vont apparaître. Il leur faudra être réactifs et motivés pour s’inscrire dans ce plan de relance.

Enfin, nous pouvons espérer un rebond de l’activité et des opportunités d’embauches pour nos stagiaires qui doivent mettre en avant leur polyvalence, entre l’enseignement, l’entraînement de cavaliers et de chevaux pour le sport, le commerce…

Propos recueillis par Anne Dupont

04/06/2020

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