- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Journées du Complet à Saumur : sous le signe de la sécurité

  • Michel Asseray et Philippe Mull
    Michel Asseray et Philippe Mull
Il y avait de l’animation ce week-end-là à l’Ecole nationale d’équitation : samedi et dimanche, les journées du Complet orchestrées par France Complet (président Pierre Barki) et le lendemain, la journée sport de l’IFCE (lire par ailleurs). 

Traditionnellement organisées en novembre depuis 12 ans, ces journées du Complet ont pris place dans le calendrier de janvier cette année. Juste avant le démarrage de la saison, les adeptes du Complet ont totalement souscrit à cette idée et ont rallié en nombre le site de Saumur. Clinics, conférences, cross indoor dans le manège des écuyers (plein d’une assistance conquise) ont rythmé ces journées autour de personnalités de premier plan tels Michel Asseray, DTN adjoint en charge du Concours Complet, Jean-luc Force ou Philippe Mull. La sécurité sous toutes ses coutures fut au centre des débats : sur la piste, à l’entrainement, avec les coaches. C’est l’affaire de tous, dira Michel Asseray qui reprend le slogan fédéral « Tous responsables » (lire ci-contre). 

La sécurité est aussi et surtout le souci N°1 des organisateurs qui doivent prévoir un protocole très strict et très détaillé en cas de crise c’est-à-dire d’accident grave pendant le déroulement de la manifestation. L’équitation est un sport à risques, inutile de se le cacher mais c’est à la prévention des risques qu’il faut s’attarder : le cavalier a-t-il le niveau pour monter l’épreuve choisie, a-t-il un cheval adapté à son niveau, est-il en bonne forme physique le jour de l’épreuve. Autant de questions que doivent résoudre les coaches qui parfois doivent s’opposer au départ d’un élève qui ne réunit pas toutes les conditions. Tout clientélisme doit être banni dans ce sport et en particulier dans le Complet, « la base de l’équitation » selon Rodolphe Scherer. Riches débats sur ce thème comparé à ce qui se passe dans les courses avec les expertises d’Emmanuel Lagarde (Lignières) et Erik Grandière. Médecin et infirmier psy ont indiqué les bons gestes et la bonne conduite à tenir en cas d’événements graves. 

La partie festive avait pour cadre les caves Akermann. Joli moment de plaisir avec remise de trophées. Ce fut un beau week-end, en particulier pour Luc Château et Propriano de l’Ebat qui ont gagné le cross indoor organisé dans le manège (archicomble) des écuyers. Grand moment de sport mis en scène par Philippe Mull et Thierry Touzaint.

E. R.

 

Charles Marteau « Ma vie de coach free lance »    

« Ma vie de coach au quotidien c’est de m’occuper de mes élèves, de les fidéliser, de leur offrir le maximum de prestations cohérentes avec ce qu’ils attendent, de les préparer eux et leurs chevaux à monter en toute sécurité, d’adapter les niveaux dans lesquels ils vont courir au niveau de leurs chevaux et de leurs compétences, dans un premier temps qu’ils soient capables de se faire plaisir et ensuite capables de mettre en application ce qu’ils apprennent à l’entraînement ».  

Un bon coach, c’est un ancien cavalier ?

« Je pense que pour être un bon coach il faut d’abord avoir pratiqué la discipline, ça c’est clair, ensuite il faut être capable de bien éduquer les chevaux, il faut être capable de bien enseigner donc il faut être enseignant et avoir des connaissances pédagogiques assez développées pour faire passer le message ».

Vous fonctionnez de quelle manière ?

« Je suis entraîneur indépendant, j’ai une quarantaine de cavaliers dont je m’occupe, je vais chez eux régulièrement et j’assure leur travail chez eux, dans leurs installations ou dans les centres équestres qui veulent bien m’accueillir, et en plus j’organise leur saison de compétitions, j’organise leur travail sur le plat, j’organise les suivis vétérinaires de leurs chevaux, je prends tout en compte.

Pour moi c’est mieux, je suis plus autonome dans ma façon de fonctionner, je me déplace, bon je roule beaucoup mais je prends plus de temps à consacrer à mes élèves ».

Le trophée qui vous a été décerné, c’est en fonction des résultats ?

« C’est en fonction des résultats qu’ont eu mes élèves. Ce sont mes élèves qui ont participé à ce challenge et qui ont communiqué leurs résultats et après par décorticage c’est moi qui ai eu le Trophée ».

E. R.

 

Michel Asseray : « On est tous responsables »

Vous êtes intervenu sur  le thème « Tous responsables »,  pouvez-vous développer ?

« Oui tout à fait. Actuellement on parle énormément de la sécurité en Concours Complet, avec les faits qui sont arrivés en fin d’année. La Fédération y travaille énormément, on a fait énormément de réunions et de groupes de travail en faisant venir tous les acteurs à tous les niveaux, cavaliers  amateurs, cavaliers professionnels, organisateurs, chefs de piste, vétérinaires pour les chevaux, etc. Ce qui en ressort surtout c’est qu’on est tous responsables de notre discipline, à notre étage, et c’est vrai qu’avant d’en arriver à l’accident il faut que tout le monde réfléchisse, est-ce que je monte le bon cheval ? Est-ce que mon cheval est adapté à ma discipline ? Est-ce que sa technique de saut est adaptée à notre discipline ? Est-ce que je lui fais faire les épreuves dans son niveau ? Est-ce que je fais des plannings progressifs ? Est-ce que j’accepte de redescendre de niveau ? Et tout ça avec une décision en tant que cavalier mais aussi avec l’encadrement d’un coach qui va pouvoir orienter, planifier les saisons, et prendre les décisions justes, et si le cheval par hasard n’est pas adapté à notre sport, ne pas hésiter à en changer ou lui faire changer de sport, donc ça c’est la décision de chacun, la décision des officiels aussi qui vont avoir à prendre position sur des épreuves, si le cheval ne remplit pas les critères techniques suffisants pour avoir un contrôle sur le cross et puis c’est la responsabilité du vétérinaire aussi d’emmener un cheval en pleine forme, c’est la responsabilité d’un cavalier d’arriver en pleine forme, pas fatigué, d’avoir bien dormi, évidemment de ne pas prendre de produits comme de l’alcool ou de la drogue. Donc tout ça fait que si on est tous responsables, si déjà à la base on prend tous les responsabilités qui sont les nôtres je pense que c’est déjà un grand pas vers la sécurité en Concours Complet ». 

En ce qui concerne la dangerosité, vous avez cité des chiffres ?

« C’est vrai qu’on parle beaucoup en chiffres, il faut se dire que la France est le 2e pays en nombre de participants en Concours Complet avec l’Angleterre, loin devant les autres pays. Quant aux chutes, source FEI 2018 :
1 chute tous les 19 partants et 1 chute sérieuse, c’est-à-dire avec évacuation, 1 chute tous les 609 partants, sur les épreuves qui correspondent chez nous aux Amateur Elite, Amateur 1 et Pro. Chez nous on enregistre plus de chutes : 1 chute tous les 41 partants, donc vous voyez on a le double comparé aux stats internationales. Pour les chutes graves on est quasiment à 3 fois plus., pour les chutes sérieuses, parce que nous c’est tous les 1635 partants. Par contre il y a une donnée que tout le monde ne connaît pas : 30 % des chutes ont lieu en compétition alors que 70 % ont lieu à l’entraînement et que 1/3 des chutes sont le fait de cavaliers qui ne sont pas encadrés. On va avoir une vraie réflexion dans notre sport si il faut, le coach sera obligatoire pour aller faire du Concours Complet
».

Qu’est-ce qui fait le bon coach ?

« Le bon coach c’est celui qui évolue, qui suit notre sport, qui suit l’évolution de notre sport, qui est courageux pour prendre des bonnes décisions pour le sport et pour son élève et là ça peut aller beaucoup plus vite ».

Mais il y a des critères pour trouver un coach ?

« On travaille beaucoup là-dessus à la Fédération avec Clément. Il y a vraiment des gros travaux qui sont mis en place pour peut-être établir des listes de coachs spécialistes en Concours Complet, etc. La Fédération met énormément de moyens en ce moment pour produire quelque chose d’efficace ».

Globalement, vous pensez quoi de ces Journées du Complet ?

« Moi je suis toujours bien ici. On est toujours très ouverts à l’échange. Laisser parler les gens, laisser parler les émotions, c’est toujours intéressant, on a toujours à apprendre, surtout en équitation. Laisser s’exprimer des gens qui ne parlent pas beaucoup et qui ont des choses à dire, je pense que c’est toujours très riche et je n’ai pas raté beaucoup des ces journées ».

E.R.

20/02/2020

Actualités régionales