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Jean Morel : le naturel revient au galop

« On ne me verra plus faire de photos ». Un rideau se baisse, un autre se lève. Jean Morel, 63 ans, l’entrepreneur aux multiples facettes revient à ses premières amours, le dressage. « Le sport, c’est dans mon ADN. Je suis un compétiteur, dit-il. J’ai mis des gens en place dans mes entreprises, maintenant je me fais plaisir dans ce que j’aime. J’apporterai ma bonne humeur, ma motivation à une équipe de sportifs de haut niveau pour faire progresser le dressage. Je ne suis pas entraîneur, je n’en ai pas les compétences, mais sélectionneur et chef d’équipe ».Focus sur ce champion de la focale qui fut dresseur avant d’être photographe et détenteur de la plus riche banque d’images des sports équestres. Ambition, dynamisme, parler-vrai.

Pourquoi cette nouvelle aventure ?
« J’aime bien les défis et puis Serge Lecomte me l’a proposé, on en a parlé aussi avec Emmanuelle Schramm, je pense que je peux apporter quelque chose à l’équipe, un nouveau regard pour créer une dynamique  autour des cavaliers et des propriétaires. On a créé un projet sportif où tout le monde doit trouver sa place. Aujourd’hui le but est de remettre la compétition en avant. Je suis un compétiteur et je pense que les Jeux Olympiques et les Championnats se préparent en compétitions et pas à la maison, ça c’est mon avis, après il faut faire attention à ne pas user les chevaux de compétition, mais c’est en compétition qu’on gère les cavaliers. Mon rôle est assez simple, je vais les accompagner le week-end sur les concours et on va regarder ensemble comment progresser.

S’il n’y a pas de progression, malheureusement on n’accompagnera pas les non-résultats sportifs. Aujourd’hui il y a des bons cavaliers, des bons chevaux mais ce n’est pas toujours simple. Le dressage c’est du long terme, on ne va pas faire de miracle, on doit essayer de trouver une ambiance dynamique entre compétiteurs. Il va falloir aussi que tout le monde se mette en ordre de marche sportive. Je vois que dans les autres disciplines sportives il y a des gens qui déménagent pendant 2 ans pour être à côté d’une piscine pour s’entraîner, il y en a d’autres qui s’investissent auprès d’un stade de foot, c’est de la motivation. C’est vrai qu’il y a des cavaliers qui sont loin des événements, on les aidera.  C’est ce qui a été décidé avec la DTN mais ce n’est pas une rente qu’on va leur donner. Pour noud il n’y a que les objectifs et les résultats qui comptent. On les accompagnera, on les aidera pour travailler avec leur entraîneur.

 Le challenge est difficile je ne vais pas dire le contraire mais je pense que déjà les motiver leur dire qu’on est là, qu’on est prêt à les aider, c’est encourageant. Je veux que les cavaliers aillent à l’étranger, qu’ils ne restent pas seulement en France, sur le Grand national ».

C’est clairement au-dessus de 70% que la barre est fixée ?
« Oui en dessous de 70% c’est ce qu’on a actuellement. Dans le Groupe 1 il n’y a que Morgane qui est au-dessus. Les autres vont y arriver je pense. Il y a des nouveaux cavaliers qui sont derrière, il y a des gens qui ont à priori envie de faire des choses, c’est aussi à nous de les aider, de discuter avec eux et de mettre en place une stratégie de progression, et puis il faut une volonté, il faut que tout le monde aille en avant et cesse de se plaindre. Dans mon passé je n’étais pas meilleur qu’eux mais quand j’ai décidé de faire une tournée internationale, de me confronter aux autres, je l’ai fait. C’est vrai que j’ai commencé en étant dernier à Aix-la-Chapelle…Mon orgueil de compétiteur m’a motivé et j’ai grimpé dans la hiérarchie, je n’ai pas été sur le podium mais j’ai quand même progressé. Aujourd’hui je pense que nos Français doivent tourner à l’étranger et montrer à la discipline internationale de Dressage qu’ils sont repartis sur le circuit.

Les propriétaires vont voir aussi comment on accompagne leurs chevaux parce que c’est important qu’ils aient une visibilité sur l’avenir, et une fois que tout ça est en place c’est au cavalier de s’énerver. On leur met un projet sportif voulu par la DTN. Il va falloir qu’il rentre dans des cases, après ceux qui ne veulent pas rentrer dans des cases, ça ne les empêchera pas de faire du concours. Le projet sportif ça commence par exemple par une visite véto du cheval parce qu’on ne va pas investir sur des chevaux qui ont des problèmes ».

A-t-on les bons chevaux pour ce projet sportif ?
« Oui et il y a pleins de choses à faire, travailler avec les juges, travailler avec nos cavaliers, les remotiver, leur redonner confiance en eux pour démarrer sur des concours à hiérarchie mondiale. Il faut aller se battre sur les gros concours pour savoir à quel niveau on se situe ».

Le Grand National de Dressage a-t-il fait émerger des cavaliers ?
« Bien sûr. Corentin Pottier par exemple, un très bon cavalier de dressage qui va cette année démarrer l’international à plus haut niveau. Ce sont les chevaux comme les siens qui nous intéressent. Réussir sur le Grand National c’est la première phase après il faut réussir dans les internationaux à moindre importance et ensuite il faut progresser. Monter le Grand National, c’est un fait mais il faut le gagner. C’est comme en CSO, ceux qui gagnent ont le droit d’aller faire du 3*, s’ ils confirment en 3* ils vont en 4*, la logique c’est de démarrer dans l’international. La DTN a créé des épreuves pour les jeunes chevaux avec les figures du Grand National, du Grand Prix, pour commencer à voir les chevaux jeunes et les accompagner et ça c’est important aussi de repérer les chevaux d’avenir, de les aider parce que c’est très long la progression d’un cheval et ça coûte cher. C’est aussi dans la logique 2024 de recréer une équipe de dressage de haut niveau. Parce que 2 ans ½, c’est court et je n’ai pas de baguette magique.

Notre objectif c’est le concours. Emmanuelle Schramm a fait pendant des années des détections qui ont été très bien, qui ont motivé les gens, mais dans mon rôle de sélectionneur et de chef d’équipe il n’y a que le concours qui m’intéresse. C’est un peu réducteur mais c’est ça. Aujourd’hui chaque cavalier, quelle que soit la discipline, à son propre entraîneur et c’est lui qui voit les chevaux. Ce n’est pas mon rôle d’entraîner, je n’ai pas un cursus sportif qui me le permet. En revanche le regard extérieur que j’apporterai peut favoriser la cohésion et la motivation de l’équipe. Les résultats feront qu’après, avec Emmanuelle Schramm et Sophie Dubourg, on décidera ensemble des gens qu’on va mettre en équipe. Seul le résultat compte, il faut être factuel, c’est ça qui fait durer ».

Toujours au pilotage du Grand National ?
« Je garde le Grand National mais Marie le fait très bien avec moi, je piloterai de loin, j’y serai le week-end sur les concours de dressage avec grand plaisir parce que ça fait partie de la formation. On a fait tous les règlements ensemble avec la DTN, il est sur les rails. Marie va s’affirmer un peu plus, il y en a d’autres qui vont s’affirmer aussi.  Et puis ça fait quand même 15 ans que je fais le Grand National donc il y a un moment il faut lâcher son bébé ».

ER

10/02/2022

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