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Jean Brohier, le Père de Narcos II

  • Jean Brohier nous avait reçus à Tamerville en 2014, où il a tenu à être photographié devant un tableau de Narcos II
    Jean Brohier nous avait reçus à Tamerville en 2014, où il a tenu à être photographié devant un tableau de Narcos II
Jean Brohier s’en est allé. Il avait 94 ans. Belle vie de cavalier et d’éleveur inspiré que fut la sienne. Nous l’avions rencontré en février 2014 à Tamerville alors qu’il coulait une retraite paisible. Pas un souvenir ne manquait à l’évocation de cette histoire d’éleveurs dont il représentait la 4ème génération.

D’Arpège Pierreville à Narcos, les Brohier ont écrit une des plus belles pages de l’histoire des chevaux de sport normands.

Jean Brohier est attaché à la vieille maison. La pièce où il nous accueille est chargée de souvenirs, des photos d’Eric Navet, des portraits de Narcos II entourent le grand âtre ancien. Jean Brohier va s’asseoir pour parler de Narcos II et prend ses notes, soucieux de ne rien oublier. Narcos II, il le revendique, vient d’une intuition et de beaucoup d’observation : deux pur-sang qui faisaient la monte au Pin l’attirent lorsqu’il est jeune éleveur : Foudroyant II et Furioso.

Le reste a l’air d’aller de soi : « Je voulais acheter deux juments, une par Furioso, l’autre par Foudroyant II, et croiser les souches ». Il sourit presque timidement : « Et ça a marché ».
Il se souvient de Ma Pomme, fille de Furioso, qu’il a achetée dans l’Orne : « C’était la propre sœur de Pomone, la jument qui avait remporté les Championnats du Monde de Buenos Aires avec  Pierre Jonquères d'Oriola. »
Et la deuxième jument, c’est Il Pleut Bergère, fille de Foudroyant, souche de très bons chevaux de CSO. Il croisa les deux souches : une jument d’une souche, un étalon de l’autre. Il croisa Il Pleut Bergère avec l’étalon Tanael, porteur du sang d’Ibrahim, et naît la pouliche Gemini. Croisée à Fair Play III, Il Pleut Bergère donnera Lisbeth, mère de Totoche du Banney (Grand Veneur) auteur d’une remarquable production chez Michel Gabillot à Luxeuil (70).
Il croise Ma Pomme avec Quastor, étalon fils d’Ibrahim et Jus de Pomme dans la souche basse ; naît l’étalon Fair Play III : « Ce cheval était premier de sa catégorie. Les Haras voulaient l’acheter. Je n’ai pas voulu. Avec la jument Gemini, il a eu quatre produits seulement : il est mort de tétanos à l’âge de 7 ans. Larry II, frère de Narcos fut vendu en Italie, et connut les scènes internationales. Mazarin V fut vendu aux Etats-Unis à 6 ans. A l’époque les étrangers étaient nombreux à vouloir monter des chevaux français. Gemini a également produit Quat’Sous HN*, qui connut une longue carrière avec Guy Martin. »
Jean Brohier marque un temps d’arrêt : « Le drame de ma carrière, c’est Copelia, une des filles de Narcos II, née en 1968. Elle était bai foncé, près du sang. Elle avait beaucoup de classe. J’ai vendu sa sœur (cinquième mère de Nino des Buissonnets), parce que j’avais Copelia. Mais elle est morte dans un accident, une fracture d’un postérieur impossible à soigner. Elle souffrait tellement qu’elle s’est précipitée vers le van qui l’emportait, comme si elle sentait qu’on allait la soulager. Elle n’a pas eu le temps de produire… » Il se tait.

Pendant plusieurs années, Narcos II fut classé meilleur étalon français par les gains de tous ses produits. Il débute brillamment sa carrière internationale avec Eric Navet dans tous les grands rendez-vous européens ainsi qu’aux Etats-Unis. Force et amplitude étaient ses qualités, qu’il retransmit à ses produits : son fils Twist du Valon est sacré meilleur cheval de l'année 1998 aux Etats-Unis.
Nombreux sont ses produits qui concourent en épreuves internationales tels Trophée du Rozel avec Olivier Jouanneteau, Urbain du Monnai avec Roger-Yves Bost, Twist du Valon avec Hervé Godignon, Tisca avec Gilles Bertran de Balanda, Une des Cresles avec Patrick Martin, Ulanne du Plessis avec Annick Chenu, Anisette Brécéenne avec Bruno Rocuet, Altesse de Boêle avec Patrick Martin et Viking du Tillard, Champion de France avec Hervé Godignon en 1996.
Jean regarde une photo de Narcos avec Eric Navet lors de la puissance à 2,30m à la porte de Versailles : « Vous savez, dès que les gens entendaient son nom, ils accouraient sur le Grand Parquet. Il avait de si gros moyens et puis, il était surtout très aimé. »

Nous assurons la famille Brohier de notre sympathie attristée.

ER

28/07/2020

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