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Je père sévère... Consensus, vous avez dit consensus…

Maison-mère par François Lévy (en ligne le 26 février 2009) Puisque le projet, sans programme et sans objectif, de maison - mère autour de la SHF semble se concrétiser et que personne n'a demandé, à ma connaissance, l'avis de mon syndicat départemental et que personne ne m'a demandé mon avis non plus,
je le donne au cas où cela intéresserait quelqu'un...

Si j'ai bien compris, cette maison - mère, dont on ne nous a montré que le bout de l'oreille, va tout résoudre. Mais c’est quoi « tout » ? Cette grande idée me fait penser à celle du général Stumm et de Diotime dans "L'homme sans qualité". L'idée de la maison du cheval de sport est une idée bien gauloise qui réussit le paradoxe d'être Colbertiste et Jacobine à la fois. Miracle des idées qui ne cherchent pas à résoudre des problèmes, mais à créer des statues à la gloire de leurs initiateurs.
Les pouvoirs publics sont favorables à cette idée. Ils y trouveraient donc un intérêt. Celui de continuer à ne pas nous aider !
Cette idée est un rêve comme personne n’en a jamais rêvé ! Idée qui permettra de voir fleurir, sous l'autorité bienveillante de l'être suprême, le bonheur des petites ouailles qui, malgré elles, recevront baumes, primes et reconnaissances multiples.
Dès que cette entreprise aura abouti, le grand sage va s'occuper du fil à coudre et de la toile de Jouy en créant la maison - mère du textile. Cette nouvelle entité regroupera les cultivateurs de coton et de lin, les éleveurs de moutons, lamas et chameaux, les filateurs de laine et de coton, les tisseurs, les bonnetiers, les fabricants de caleçons et de chemises, les remailleuses et enfin les teinturiers. Ce sera la gloire.
Enfin pour clore ce cycle en trois actes, le grand sage s'attaquera à la maison - mère de la crème fraîche. Cette noble institution regroupera les éleveurs de vaches, les marchands de bestiaux, les équarisseurs, les abattoirs, les tripiers, les bouchers - charcutiers, les fromagers, les fabricants de yaourts, sans oublier les fabricants de pinceaux en poils de vachette. Ce sera l'apothéose.
Toute moquerie bienveillante mise à part, dont je ne suis pas fier, et pour revenir à la maison - mère du cheval de sport qui va regrouper les éleveurs, les inséminateurs, les marchands, les cavaliers, les centres équestres et peut-être les vétérinaires et les maréchaux-ferrants, je crains, qu'après la FIVAL, on assiste à la création d'une nouvelle usine à gaz, budgétivore et inefficace.
Pourquoi ?
L'argent public ne doit pas transiter au travers d'organismes répartiteurs ? Le MEDEF ne répartit rien, il négocie pour le compte de ses adhérents. Les problèmes sur le terrain sont très simples et n'ont pas besoin de sociétés savantes pour être résolus. Il y a en bas, chez ceux qui sont la filière du cheval de sport, 3 problèmes, simples, identifiés et différenciés les uns des autres.
Que les sociétés savantes soient soutenues dans leur fonctionnement par les pouvoirs publics, c’est normal, mais les aides aux éleveurs, les dotations aux concours, doivent être versées directement par les pouvoirs publics aux intervenants.
Premier problème :
Il faut augmenter les aides publiques aux éleveurs.
- Pourcentage des gains en compétition reversés aux éleveurs à augmenter. Idem galop et trot. Notre revendication est opposable aux tiers ?
- Primes PAC à l'hectare pour chevaux identiques aux autres animaux. Les primes PAC à l’hectare des élevages de chevaux doivent s’aligner sur les primes données pour les vaches. Notre revendication est opposable aux tiers ?
- Primes PACE et primes des concours d'élevage à augmenter significativement.

Deuxième problème :
Augmenter les gains en concours pour que les cavaliers amateurs et professionnels puissent pratiquer leur sport comme des nageurs ou des footballeurs, c'est-à-dire sans frais. Les gains moyens en concours doivent couvrir les frais du cavalier. Le nageur ne paye pas la piscine et le cavalier paye le cheval, le van, l’inscription, le box, etc… et reçoit une aide publique pour pratiquer son sport qui ressemble à de la poudre de perlimpimpin.

Troisième problème :
Créer une législation du commerce du cheval de sport pour les marchands, les éleveurs les cavaliers. Cette législation qui existait n'existe plus. Elle permettrait de résoudre nos problèmes au tribunal de commerce sur la base d'un texte officiel et de la jurisprudence qui se constituerait.
Alors ?
Pourquoi se compliquer la vie, sachant que nos problèmes sont simples. Ce n'est pas à la SHF de les résoudre. Marc Damians son président, pense que "l'équitation est un loisir" et que "les éleveurs sont des amateurs qui font cela en plus du reste" et que" ce n'est pas leur moyen d'existence principal". J'ai entendu ces propos de sa bouche à de nombreuses reprises. Quelqu'un qui pense comme ça n’est pas habilité à négocier pour moi.
Pour trouver des réponses aux trois problèmes que je viens d'évoquer, il faut s'organiser. Pour la législation sur le commerce, il y a la chambre syndicale qui ne semble pas, pour l'instant, s'intéresser à cette question, mais qui pourrait s'y intéresser un jour, si nous la motivions tous dans ce sens.
Pour les primes des éleveurs, il faut que les syndicats régionaux créent un syndicat national, pour négocier enfin directement avec le ministère de l'agriculture. Négocier enfin sans passer par les FNC, FIVAL et autres.
Pour revaloriser les dotations en concours, il faut, là aussi, créer un syndicat professionnel des cavaliers. Peut-être l'ACSOF pourrait-elle changer de statuts et de comportement ? Alors ils pourraient aller négocier notre survie au ministère de la jeunesse et des sports.
Pour faire aboutir nos revendications professionnelles il faudrait s'organiser et, s'il le faut, aller déposer du fumier sous les chaussures des préfets, des députés et des sénateurs.
Nous n'avons pas besoin de maison - mère, mais de syndicats professionnels forts. Nous sommes, en France, une des rares professions, avec les marchands de marrons chauds, les joueurs de Bonneteau et les marchands de peaux de lapin, à ne pas avoir de syndicat professionnel.
Les pouvoirs publics veulent certainement nous aider mais ils ne savent pas avec qui négocier. Un syndicat qui défend dans un même élan, les chevaux, les ânes, les baudets et les potioks, n'a aucun pouvoir. On l'a vu ! C’est le cas de la FNC et de la FIVAL.
Une maison - mère qui mélange le sport, le commerce et l'agriculture n'aura aucune efficacité. C'est une vision obsolète car les intérêts des adhérents sont souvent contradictoires.
Nous qui travaillons sur cette filière du cheval de sport, représentons une force économique très sérieuse, avec des milliers d'emplois au plan national, organisons-nous en syndicats professionnels forts et nous serons entendus.
L’argument principal des défenseurs de cette idée de maison - mère du cheval de sport, est de se comparer au galop et au trot. Mais nous n’avons rien de comparable :
- pas de PMU
- l’équitation est un sport populaire (centres hippiques, championnat, avec des milliers de pratiquants et de salariés).
- le galop et le trot, ce n’est pas un sport, au sens strict, c’est un sport, un jeu, et un pari mutuel. Lorsque la télévision filme une course, si un ou plusieurs jockeys tombent, la caméra suit la course en tête et le speaker ne donne aucune nouvelle du jockey.
- le monde du trot et le monde du galop sont des mondes bien cohérents, unifiés et dont les intérêts sont communs à tous les intervenants.
L’idée de la maison - mère, est une idée généreuse, mais irréaliste. Elle est idéaliste, en ce sens que les promoteurs veulent gérer la filière. Il ne faut pas gérer la filière, il faut obtenir, des pouvoirs publics, que des dotations soient dirigées vers des secteurs très différenciés que sont le sport d’un côté (ministère de la jeunesse et des sports) et l’élevage de l’autre côté (ministère de l’agriculture). Entre les intérêts contradictoires des intervenants éleveurs, marchands, cavaliers, aucune institution ne peut se poser en arbitre. L’idée de la maison - mère est une idée ambitieuse, mais je le crains, plus gentille qu’efficace. Comme par hasard, les instigateurs de cette grande idée ne sont ni des éleveurs renommés, ni des marchands réputés, ni des cavaliers reconnus.

Il faudrait nommer à la tête du syndicat des cavaliers, un cavalier jeune et dynamique digne représentant de la profession. A la tête de la chambre syndicale des marchands, il y a un marchand très compétent, mais les statuts de la Chambre Syndicale, sont ceux d’une association et pas d'un syndicat.

Il faudrait les changer. Enfin Il faudrait nommer à la tête d' un syndicat national représentant les syndicats régionaux, un éleveur réputé.

Les négociations à mener par ces trois organismes auprès des pouvoirs publics, devraient aboutir à améliorer financièrement et directement, le sort des adhérents . L'argent de l'état, de la PAC, du fonds Eperon ou d'où qu'il vienne, doit être versé aux adhérents et pas aux usines à gaz.

Nos problèmes sont simples et si nous n’obtenons rien actuellement, c’est simplement parce que nous n’avons pas de syndicat professionnel pour demander et donc nous défendre.

Une solution simple serait, je crois, efficace. La maison - mère est contre-nature et si les pouvoirs publics la sollicitent, c’est que, là encore, en négociant avec une SHF qui représenterait le loisir et l’art équestre, ils seront confortables pour ne rien nous donner.

L'élevage de chevaux est une branche de l'agriculture qu'il faut défendre comme telle auprès du ministère de tutelle.
Le sport hippique amateur et professionnel est un sport comme les autres, qu'il faut subventionner comme les autres, en négociant avec le ministère de tutelle.
Le commerce de chevaux est un commerce comme les autres qu'il faut réserver aux professionnels.
L’idée FIVAL était mauvaise, je crains que l'idée de maison - mère du cheval de sport ne soit, elle aussi, une fausse bonne idée, sauf pour les pouvoirs publics !

F. L.

26/02/2009

Actualités régionales