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Grand National : l’esprit du sport

  • Philippe Guerdat à Auvers, avec Alain Hinard : créer un circuit haut de gamme, et repérer les talents
    Philippe Guerdat à Auvers, avec Alain Hinard : créer un circuit haut de gamme, et repérer les talents
A Cluny, en Bourgogne, ils sont 85 couples au départ du Grand Prix dessiné par Jean-François Morand. Soixante-dix écuries sont engagées dans ce circuit formateur, pour les cavaliers et les chevaux qui « en ont ». Le secret de cette réussite, c’est une géniale idée de départ, associer les cavaliers en écuries, associer des sponsors-le nerf de la guerre- de belles dotations à la clef, un cahier des charges exigeant, surtout au niveau des pistes, des chefs de piste et des obstacles. Mais cela n’aurait sans doute pas suffi. Loin de s’endormir sur ses lauriers, l’équipe Grand National - une vraie équipe - évolue chaque année et affiche ses ambitions. Décryptage avec l’homme–orchestre, Jean Morel, au pied du camion.
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Huit ans d’existence.


En 2007 naît le Grand National. Objectif affiché : créer un circuit haut de gamme à destination des bons cavaliers, créer une émulation, pour qu’un vivier de couples se détache, soit détecté, et intègre l’équipe de France, en vue des grandes échéances : Jeux Olympiques, circuits 5*, Coupes des Nations, Jeux Equestres Mondiaux. C’est une énorme machine qui se met en place. Derrière, ce sont des personnes. Jean Morel, son grand ordonateur, est là. Sur chaque étape. Au pied du camion, dont il est fier. Avec son équipe, comme Marie Guibert, depuis le début. Elle connaît tous les cavaliers, qui viennent aux classements, rassure, rit avec eux. Jean résume : « Après 8 ans, cela crée des liens forts ! De complicité, entre autres. » C’est un beau tremplin, et une aventure humaine qui s’appelle le sport. Au camion se retrouvent jeunes cavaliers, depuis que le circuit les intègre, belle nouveauté aux seniors confirmés, mais aussi, ici à Cluny, Olivier Bost, Thierry Pomel (il est ici chez lui), Michel Azeray et la DTN, Sophie Dubourg. Tout le staff fédéral est là, et observe les couples. Mais pas que. Les échanges sont nombreux, passionnés, les conseils sont transmis. On ne s’occupe pas du haut niveau ? Les cavaliers qui seront à la Coupe des Nations de Lummen sont à Cluny. Jérôme Hurel, avec Ohm de Ponthual-JO/JEM, Aymeric de Ponnat/Armitages Boy-/JO/JEM et Cédric Angot avec Rubis de Preuilly-JO/JEM. Les résultats étaient au rendez-vous aux JEM, l’année 2015 a bien débuté. Le Grand National, un vrai vivier.


Un brassage, et l’esprit d’équipe


L’esprit d’équipe, c’est le deuxième maillon de cette belle idée : créer une écurie, encadrer un jeune, cela demande des qualités indispensables en équipe de France. « C’est le creuset de demain. Les « vieux » sont en piste, mais faire venir les juniors c’est créer les cracks de demain. » C’est un exemple aussi, et une émulation. Pour les cavaliers amateurs présents sur d’autres épreuves, pour les cavaliers régionaux. La présence de grands cavaliers fait venir également du monde. Tout bénéfice pour l’organisateur, et pour la dynamique des concours.


Cracks chevaux


Pour les chevaux, le meilleur a été demandé aux organisateurs. Les meilleurs terrains, les meilleurs parcours, avec des conseils avisés : « Ici à Cluny les chefs de piste ont dessiné le parcours avec Olivier Bost et Thierry Pomel. Car on sait que les meilleurs chevaux sont sur les meilleurs terrains. » C’est aussi une chance pour les cavaliers de jeunes chevaux : comme ils peuvent en engager trois différents, ils testent leurs meilleurs jeunes chevaux... Et cela assure des engagements aux organisateurs. » Tout le monde s’y retrouve donc.


Toujours plus...


Jean a les yeux qui brillent : « Il ne faut pas s’endormir, si on ne veut pas mourir. » Après avoir ramené les cotes à 1,50m, suscité l’intégration de jeunes cavaliers dans les écuries, quoi de neuf dans l’avenir proche ? « Encore améliorer le choix des étapes, pour vraiment aller dans toutes les régions. Barbaste, cette année, c’était dans cet esprit-là. Ensuite, finaliser nos discussions avec l’IFCE. C’est un beau mariage, on doit s’épauler pour mettre en valeur et profiter des lieux existants, surtout s’ils sont chargés d’histoire. On a besoin de lieux pour organiser des complets ». L’an prochain, il y aura de nouvelles dates, il y en a une en préparation en CSO. Enfin, l’audience est le vrai challenge à venir. Le « Petit Journal » (condensé des épreuves à voir sur FFE TV, et sur les réseaux sociaux, initialement limité à 7 minutes) a grandi. « Il passe à un quart d’heure de diffusion, et nous avons obtenu qu’il soit diffusé sur Equidia en replay. Mais il y a de plus en plus de demandes pour qu’il soit diffusé tous les dimanches à la télévision, au moins le CSO et le dressage. Pour tout cela il faut des moyens. Nous avons toujours été suivis par la direction, la Fédération n’a jamais rien bradé, au contraire, elle continue à nous accompagner. »


Une économie qui tourne


Cela fait tourner toute l’économie de la filière. Jean, montrant les chevaux en piste : « Tous ces chevaux ne tournaient pas, avant. Maintenant, ils gagnent de l’argent. Il y a toute une économie de marché derrière. L’Amateur Gold Tour, c’est pareil : cela crée une dynamique pour les cavaliers amateurs, avec des dotations qui en valent la peine, une finale à Lyon qui fait rêver, et il leur faut des chevaux ! Parce que ces amateurs-là, ils ne paient pas comme à Cannes, il faut qu’ils se qualifient ! Cela crée un tout autre esprit, l’esprit du sport. »


La boucle est bouclée


Jean Morel a un enthousiasme communicatif. Une énergie dévorante. Défendre son bébé, il aime ça. Thierry Pomel renchérit : « Le Top 7 c’est un circuit pour les jeunes chevaux, à leur taille, à leur mesure, parce que ce sont les cracks de demain. » Nous avons longuement détaillé l’originalité du circuit Top 7 dans notre édition du 8 mai 2015. La boucle est bouclée : on prend les petits par la main, on leur donne envie, le marché du poney tourne, les clubs aussi. L’émulation est entretenue : les amateurs, des tout jeunes aux moins jeunes, ont leur circuit : l’Amateur Gold Tour. Les professionnels, ils ont leur championnat, à Fontainebleau. Ce sont les Masters Pro. Le Grand National prépare l’élite et les échéances internationales. Le Dress Tour, Eventing Tour et French Tour réunit les plus beaux internationaux de France, et met en valeur nos champions. Quant aux jeunes chevaux, on leur crée un écrin à la hauteur de leurs sept ans. La boucle est bouclée. Tout n’est pas parfait ? Sans doute. Perfectible ? Sans doute. Mais cela tourne...


21/05/2015

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