- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Galoubet A, le légendaire

Entre victoires détonantes sur les plus grands terrains de concours et production exceptionnelle, l’étalon Galoubet A est devenu au fil des années un cheval de légende. Ce grand étalon bai d’1,73 m est né en 1972, dans l’Eure, chez Photo 1 sur 6
Colette Lefrant Ducornet. Issu d’une mère trotteuse, Viti, et d’un jeune étalon encore peu connu à l‘époque, Almé, Galoubet est présenté au concours-étalon de Saint-Lô à 3 ans, où il y terminera dernier et ne sera pas approuvé : son modèle anguleux aura raison de la notation des juges malgré une qualité à l’obstacle qui semblait indéniable. C’est finalement un amateur qui en fait l’acquisition pour le confier à Benoit Mauriac. Ce dernier le sort quatre fois à 4 ans et le cheval commence sa saison de 5 ans avant d’être repéré par Gilles Bertran de Balanda qui le fait acheter à Jean-François Pellegrin.
Graine de champion

Dès cette saison de 5 ans, en 1977, le couple Galoubet - Balanda fonctionne très bien et remporte le championnat des 5 ans à Fontainebleau. L’année suivante, il termine à la 6e place du grand critérium, et figure au 6e rang des 6 ans par les gains. En 1979, alors que le cheval n’a que 7 ans, il offre le titre de champion de France première catégorie à Gilles Bertran de Balanda et obtient une 15e place aux championnats d’Europe.

Ils deviennent dès 1980 un couple pilier de l’équipe de France et se classent 8e de la finale coupe du Monde de Baltimore et 8e lors des jeux olympiques alternatifs de Rotterdam (l’épreuve des Jeux de Moscou ayant été boycottée par de nombreuses nations ou fédérations, une autre épreuve avait été organisée aux Pays-Bas).

Outre ses performances sportives, Galoubet devient emblématique des sports équestres, notamment en raison des nombreuses ruades qui émaillaient ses parcours et qui sont devenues sa marque de fabrique.

En 1981, il explose en Coupe du Monde en remportant successivement trois étapes : Anvers, s’Hertogenbosch et Dortmund. Il termine à la 4e place de la finale à Birmingham, non sans avoir gagné ou bien figuré dans des grands prix comme Göteborg, Berlin ou Rotterdam. Partout en Europe la puissance et le style de l’étalon bai font des émules. Sa présence en piste ajoutée à ses facéties font de lui l’un des chevaux les plus populaires du circuit et sa notoriété dépasse bien vite le cercle des médias spécialisés.

Les excellents résultats sportifs de l’étalon incitent son propriétaire à mettre entre parenthèses sa carrière d’étalon en 1982, malgré un beau succès à l’élevage l’année précédente qui avait amené Galoubet à servir avec succès 131 juments ayant fait appel à ses services.

Ce choix pour le sport s’est avéré payant puisque 1982 sera l’année de la consécration pour Galoubet A avec une médaille d’or par équipe lors des championnats du Monde de Dublin, championnats dans lesquels il prendra la 5e place en individuel. Cette même année, il figure en bonne position dans les grands prix de Rome, Lucerne, Hickstead…

1982 verra la naissance de la première génération des produits de Galoubet. Une prolifique génération dans laquelle on retrouvera plus tard bon nombre d’étalons remarquables comme Quick Star, Qredo de Paulstra, Quiniou, Quabri de Laleu, Quintolet du Parc, Quatoubet du Rouet… Sans oublier Touchdown en Irlande, père de la puissante Liscalgot, championne du monde en individuel à Jerez en 2002 sous la selle de Dermott Lennon. 1982 marquera aussi la fin de la présence de ce cheval atypique sur les terrains de concours. A 10 ans le cheval n’avait plus rien à prouver et sa carrière sportive a été arrêtée pour lui permettre de se consacrer uniquement à la reproduction.

Titulaire d’un ISO de 181, Galoubet a cumulé plus de 745 000 francs de gains.
Les prémices de l’I.A.

Si Galoubet a été un véritable phénomène sur les pistes de jumping, sa carrière d’étalon a aussi marqué les avancées techniques de l’élevage, et notamment le développement de l’insémination artificielle (I.A.) qui était alors interdite ! En 1983, Galoubet saillit 110 juments dont la très bonne Javotte D pour engendrer Sophie du Château, la mère du petit crack d’Edwina Alexander, Itot du Château. Il laisse disponible une vingtaine de cartes de saillies sur le quota autorisé. Une saison de monte un peu décevante pour son propriétaire, Jean-François Pellegrin, qui accepte alors de vendre des parts du cheval à Meg Douglas-Hamilton, une Américaine qui gère le centre d’insémination d’Hamilton Farm. La syndication du cheval se poursuivra les années suivantes aux Etats-Unis où le cheval a donc été exporté, la vente de part donnant droit à une carte de saillie par an aux éleveurs en ayant fait l’acquisition. Grâce aux techniques de réfrigération et de congélation, plusieurs dizaines de juments ont bénéficié des services de Galoubet en Europe chaque année. Sa semence réfrigérée était envoyée par avion à Roissy chaque jour, et certains éleveurs étrangers comme Wiepke Van De Lageweg n’ont pas hésité à amener leurs juments à l’insémination non loin de l’aéroport d’arrivée pour être sûrs d’avoir des poulains de cet incroyable cheval.

Galoubet s’est éteint en décembre 2005, à Hamilton Farm à presque 34 ans, un âge plus que remarquable, tout comme l’empreinte qu’il aura laissé sur de nombreuses lignées françaises et européennes. Sa longévité de reproducteur avait permis de congeler sa semence jusqu’en 1999, ces paillettes ont permis de voir encore naître certains de ses produits en cette saison 2010. Sa formidable carrière de reproducteur lui a valu d’être sacré champion 2003 du « South Pacific Memorial Sire Award » qui récompense les meilleurs étalons aux Etats-Unis.
Le sang et l’énergie

Galoubet A a fait la monte de 1981 jusqu’à 2001 sauf en 1982. Il a engendré plus de 750 produits sur le sol français en ayant été à nouveau fortement sollicité à partir de 1990.

En quelques chiffres : il a plus de 450 descendants indicés en compétitions équestres dont une bonne centaine ayant obtenu un indice supérieur à 140. Près de la moitié de cette descendance élite en concours hippique est issue d’un grand-père maternel pur-sang anglais ou anglo-arabe. Galoubet a plus de 50 fils étalons approuvés dont certains suivent allègrement les traces du père. Le quinté de tête de ses meilleurs fils à l’élevage est composé de Quick Star, Qredo de Paulstra, Baloubet du Rouet, Skippy II et Touchdown. A ceux-ci peuvent s’ajouter Ephèbe For Ever et Quiniou. 6 de ses 7 fils ici nommés sont eux aussi issus d’un grand-père maternel pur-sang anglais ou anglo-arabe. L’exception est Baloubet du Rouet dont la mère est inbred sur le célèbre pur-sang anglais Rantzau.
Une origine maternelle boudée

Fruit du croisement de parents issus de stud-books bien distincts, Galoubet A n’est pas moins normand que son demi-frère Jalisco B qui a reçu les faveurs des meilleures poulinières de Normandie. Le Trotteur, appellation de naissance de sa mère Viti, n’est en quelque sorte qu’un normand spécialisé sur l’hippodrome qui a longtemps été utilisé dans les accouplements qui ont donné l’appellation Selle Français.

Galoubet A est en fait relativement bien imprégné du sang de l’étalon Fuschia (1883). L’origine de ce dernier se retrouve de part et d’autre de son ascendance. La descendance de ce trotteur né à Saint Côme du Mont dans La Manche, constitue une véritable élite de sujets : Fuschia a donné 115 fils étalons ayant fait la monte et 215 avec son fils Bémécourt et son petit-fils Intermède. Ils sont les piliers de leur race, porteurs de moyens et de courage pour le saut d’obstacles et dignes descendants du demi-sang Young Rattler (1811) tout comme Cherbourg (1880) qui a nettement œuvré pour le type selle. Caractérisés par une musculature développée, de nombreux points de force, une ligne de dessus puissante et de brillantes allures, ils transmettent toutes ces qualités bien au-delà de Galoubet A ou Jalisco B.

Véritable ambassadeur du Selle Français à travers le monde de par ses exploits, son style et son comportement atypique dans l’action, ses nombreuses frasques en concours hippique ont marqué les esprits. Son talent reste inégalé. Sa trempe traverse les générations. Il est le père du seul cheval triple vainqueur de la finale du circuit Coupe du Monde, Baloubet du Rouet dont la production s’illustre très sérieusement sur tous les terrains du monde.

Et cela risque de ne pas s’arrêter de si tôt puisque qu’un des fils étalons de la jeune génération des Galoubet, Taloubet Z, tout juste âgé de 10 ans, a pris la 4e place de l’étape du Global Champions Tour d’Estoril début juillet avec Christian Ahlmann. Nul doute qu’avec de tels produits, la légende de Galoubet continuera longtemps à vivre au travers des sports équestres.
Emmanuel Spinnewyn

« Galoubet, un humoriste de l’époque »

Colette Ducornet-Lefrant, la naisseuse de Galoubet, fut à la tête d’un élevage important. Retirée à Lyon depuis quelques années, loin des concours pour raison de santé, elle se tient parfaitement informée de ce qui se passe en élevage et en sport. Elle a conservé de solides amitiés dans le monde du cheval et il n’est pas rare de la voir à Riom chez Françoise et Laurent Laporte lors des grandes épreuves. Elle fut évidemment de ceux qui ont bondi de joie quand Kellemoi de Pépita accomplit ses premiers grands exploits avec Michel Robert. Kellemoi est issue de la souche maternelle qui était la sienne dans l’Eure. C’est une descendante d’Historiette AA x Barigoule qui fut cédée à Bernard Pierre Le Courtois lorsque Colette cessa l’élevage. Croisée avec Jalmé des Ménuls, Historiette donna naissance à Pépita du Parc qui après une carrière sportive sous la selle de Laurent Laporte fut vendue à Alain Gasnier. De son croisement avec Voltaire, naquit Kellemoi.

De Galoubet, Colette garde de précieux souvenirs. Pourquoi ce nom de Galoubet ? « Il y avait deux humoristes à l’époque, Brin d’Avoine et Galoubet, que nous aimions bien. Deux de nos chevaux ont donc porté leur nom. Nous trouvions cela rigolo. Personne n’en voulait de ce cheval, il a failli être castré à 2 ans. Les Haras cherchaient un 3 ans avec des origines trotteur, ils sont venus le voir mais comme il avait fini avant-dernier au concours-achat des 3 ans, ils ne l’ont pas acheté. Pourtant il avait été préparé par M. Vauvrecy, un maître en la matière. C’était un cheval chic qui avait beaucoup de prestance. Il a fini par être vendu 32 000 F à un cavalier amateur, Paluel Marmont qui l’a confié à Bruno Mauriac, un cavalier du côté de Rambouillet, jusqu’à ce que Gilles Bertan de Balanda découvre que c’était un grand cheval. Vous connaissez la suite...J’avais acheté Viti, sa mère, à 5 ans dans un club de la région. Elle avait un papier intéressant, car on recherchait des origines trotteur à ce moment là. Son modèle me plaisait, elle sautait bien mais elle n’avait plus que la moitié de sa langue. L’autre avait été arrachée dans un accident, si bien qu’elle se dirigeait très mal. Les virages étaient difficile à prendre. Elle a été saillie par Almé, étalon peu connu à l’époque, propriété de M.Graham et stationné chez Henriette Evain. Le cheval ne devait pas faire la monte, mais au dernier moment nous avons tout de même obtenu une saillie. Je trouve qu’aujourd’hui l’insémination artificielle est une erreur. Il n’y a plus de notions de terroir. C’est vraiment regrettable ».
Etienne Robert

13/08/2010

Actualités régionales