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Equita’Lyon - CSI***** : Shutterfly l’extra-terrestre

2-4 novembre Dimanche 4 novembre à 15 h, les Gardes républicains lancent la fanfare sur un air militaire, laissant présager un rude combat devant près de 6000 personnes. Kevin Staut sort tout juste de la reconnaissance : « Ca va être chaud pour mon Jo de Labarde Photo 1 sur 5
(Quat’Sous*HN) ! Mais on va donner le maximum et on verra bien... » Il est vrai que le parcours est impressionnant avec des cotes à 1,60 m et des oxers qui flirtent avec les 2 m de largeur ! Les 37 500 € remis au vainqueur doivent se mériter. Franck Rotenberger, en chef de piste avisé, tenait sans-doute à redonner du suspens en mettant en doute les capacités des uns et des autres à bien finir le tour.

Le premier en piste n’est autre que Jos Lansink, champion du Monde en titre en selle sur Spender S, un étalon suédois de 12 ans. Il nous dévoile tous ses talents, enchaînant les combinaisons jusqu’au dernier oxer très large vers la sortie où il manque un peu de trajectoire et fini à 4 pts... Le ton est donné, les autres savent qu’il va falloir tenir et rester concentré.

Jan Tops s’approche de la piste car sa compagne Edwina Alexander prend le départ avec Socrates, BWP de 9 ans par Darco. La cavalière réussit le sans-faute sous un tonnerre d’applaudissement. On pense alors que ce n’est pas si difficile. Markus Fuchs entre avec La Toya. Mauvais abord sur le 1 en sortie de tournant et 4 pts d’entrée de jeu pour ce couple pourtant redoutable la veille au soir dans l’Equita Masters (4e). Redoutable mais peut-être un peu fatigué, La Toya sort difficilement du triple et Markus préfère en rester là. Abandon également de la tête de série Philippe Leoni, après une faute sur le 1 et une arrivée trop près du ?5 en sortie de triple.

C’est la jeune Judy-Anne Melchior qui va réalise un nouveau sans-faute avec son petit nuage Levisto Z, suivie également avec réussite de Meredith Michaels-Beerbaum et Shutterfly, laissant dire au speaker que ce sera le jour des dames...

Il faut attendre le tour de Julien Epaillard pour revoir un sans-faute. Dix ans après son titre de champion d’Europe jeune cavalier, le voilà signant un de ses meilleurs parcours parmi l’élite mondiale en se qualifiant pour le barrage avec Kanthaka de Petra SF (Apache d’Adrier). Première surprise du jour mais pas la dernière...

Pas de barrage pour Gerco Schröder, Daniel Deusser, Luciana Diniz ou encore le tant attendu Ludger Beerbaum. Pour Bosty et Jovis de Ravel, ce sera dur. « J’ai hésité à prendre le départ car je savais que cela allait être difficile pour Jovis. Il est encore un peu juste pour ces épreuves, même si il a du cœur. C’était gros pour lui, j’ai mis un peu trop de pression et à l’arrivée j’ai manqué de contrôle ! On va le laisser souffler un peu et on verra la suite... »

Dommage aussi pour Patrice Delaveau et Katchina Mail, auteur d’une petite touchette sur le 4 mais ensuite d’un remarquable parcours, tout en légèreté et laissant augurer un bel avenir. Laurent Elias en a été de sa petite note de déception, lui qui les aurait bien vus au barrage.

Ce ne sera pas le cas non plus de Michel Robert et Koro d’Or. Le régional de l’étape est sans-faute jusqu’au dernier double, mais le train élevé pour cette combinaison entraîna une faute sur le premier élément qui déstabilisait le respectueux Koro d’Or, fautif une seconde fois sur le deuxième plan de l’oxer.

Après le beau sans-faute de Steve Guerdat et Trésor V, Daniel Etter, troisième Suisse en piste, entre avec Hermine d’Auzay SF (Rosire), la préférant à Peu à Peu, légèrement fatigué. Tout juste remis de sa fracture à l’épaule suite à une chute à Heackstead, Daniel négocie mal l’entrée du triple. Ne pouvant couvrir l’oxer, Hermine fait banquette, éjectant son cavalier dans les barres du troisième élément. Plus de peur que de mal, même si Daniel semblait bien secoué en sortie de piste. Pas de chance encore une fois.

Et Kevin Staut créa la surprise

S’il avait quelques doutes à la reconnaissance, cela ne se voyait plus sur la piste. L’entier de ?10 ans Jo de Labarde (Quat’Sous), avec un brin de réussite, signe le deuxième et dernier sans-faute français, au grand ravissement de sa propriétaire, Sophie Dela Vallée, et de tous ceux qui ont assisté à ce fabuleux parcours. « Je suis heureux pour tous ceux qui me soutiennent. On était qualifié pour le GP suite à des désistements, et on se retrouve au barrage »

Il rejoint ainsi les onze qualifiés pour le dernier round, dont Markus Ehning/Sandro Boy et l’insatiable Albert Zoer/Sam KWPN (8 ans par LightBay). Hubert Bourdy est amer car il signe un sans-faute avec Toulon mais prend un point de dépassement de temps.

Barrage à onze

Un barrage à onze dans une ville championne de France de foot, qui dit mieux ? Edwina Alexander ouvre le bal, prend des risques et commet deux fautes. Les repères sont pris. Judy-Ann Melchior s’offre le premier double sans-faute avec Levisto en 39’’21’.

Mais voilà déjà Meredith Michaels Beerbaum, qui se concentre au maximum sur le tracé. Shutterfly est sur orbite et rien ne semble pouvoir l’arrêter, pas même les options incroyablement audacieuses de sa cavalière qui coupe au plus court pour partir entre deux obstacles rejoindre le dernier et finir avec l’époustouflant chrono de 36’’21...

Julien Epaillard doit mettre le paquet. Bon départ, bonne courbe mais un peu moins d’énergie pour Kanthaka dans cette dernière manche et une barre en 39’’25. Après les 4 pts de Léopold Van Asten et sa Flèche Rouge, Steeve Guerdat prend des risques et commet deux fautes.

Mais voilà le phénomène Frühmann et son Sixth Sense. La tension est palpable car l’on connaît l’hardiesse et la rapidité de l’Autrichien. Toutes les options sont prises, sans fautes mais pas assez vite (93 centièmes de plus).

Le Belge Patrick Mac Entee emmène Sherry Mury Marais Z sans faute mais dans un chrono d’assureur (43’’65) !

Pour Kevin Staut et Jo de Labarde, les choses se sont un peu gâtées sur la fin avec deux barres (10e place). Grand bravo tout de même du public d’Equita qui reconnaît tout leur mérite.

En bord de piste, les paris sont ouverts entre les Beerbaum, Markus et Ludger, qui soutiennent bien évidemment Meredith face à des Whitaker et autre Kutscher, plus enclins à soutenir Markus Ehning (lauréat 2006) ou Albert Zoer, les deux derniers prétendants au titre. Sandro Boy est lancé et rien ne lui résiste, si ce n’est son cavalier qui prend l’option longue pour venir sur le dernier obstacle et perdre ainsi un temps précieux (plus d’une seconde). A moins que ce ne soit par galanterie... Albert Zoer s’élance et la salle retient son souffle. Une barre et le voilà encore entrain de pousser pour finir en 37’’74 derrière Frühmann au temps mais 6e au classement final.

Pour Miss Beerbaum, c’est l’apothéose et le phénoménale Shutterfly vient de laisser tout le monde derrière lui. Quel cheval et quelle cavalière ! Les organisateurs avaient eu du nez en mettant la championne d’Europe et son bai foncé sur les affiches. Et s’ils mettaient un Français sur l’affiche d’Equita’ 2008 ?

Les jeunes chevaux en prélude

On commence tôt chez les cavaliers de Grand Prix, et le dimanche n’est pas exception. La première épreuve du jour commençait en effet à 8h30. Les tribunes sont presque vides mais cela n’enlève rien à la motivation des concurrents.

Un parcours à 1,50 m en deux phases pour des chevaux qui se révèlent ou confirment leurs potentiels cette année, à l’image de Kissmi des Nauves sous la selle d’Olivier Guillon. Cette fille de Chenu du Plessis qui va sur ces 10 ans a signé un magnifique sans-faute et remporté l’épreuve devant Christian Ahlmann et Firth of Clyde, un Hanovrien par For Pleasure. Troisième place pour le Brésilien Alvaro de Miranda avec Ad Picasso, un Oldenbourg par Andiamo Z. Suivent ensuite deux couples franco-français : Julien Epaillard/Lord du Janlie, fils de Brazilia Paluelle (Rosire), et Michel Robert/Galet d’Auzay (Leprince de Thurin).

Dans les autres SF classés, on retrouve Julien Epaillard/Labrador de Brekka (Olisco), Philippe Rozier/Idéal de Pressey (Le tôt de Semilly) et Philippe Leoni, auteur d’un beau sans-faute avec le prometteur 8 ans Lavillon (Diamant de Semilly) 6e à Arezzo en septembre.

En fin de matinée, pour faire patienter le public de plus en plus nombreux, les organisateurs avaient tablé sur deux épreuves réservées aux 6 et 7 ans.

De beaux parcours conclus au barrage pour ces jeunes recrues qui ont su montrer leurs moyens, à l’image de Bjussicat KWPN (Larino) sous la selle du Belge Kristof Cleeren, gagnant de l’épreuve des 6 ans.

Les Français n’étaient pas en reste puisqu’ils se sont adjugés les trois places suivantes : Roger-Yves Bost avec Nap’One SF (Avec Espoir), Philippe Rozier avec Lauterbach Old (Landor) et Jérôme Ringo avec Noah de Bacon SF (Quick Star). Marcus Ehning a signé le dernier des cinq sans-faute avec Fiona, une Westphalienne par For Pleasure.

En 7 ans, Patrice Delaveau et Mistinguette (Quidam de Revel) ont échoué pour un dixième de seconde derrière Daniel Deusser et Triomphe BWP, fils d’un étalon des Ecuries Tops. Troisième place pour Christian Ahlmann avec Abano (Aloube Z), un hongre Holsteiner de son écurie.

Christian Gerhard
16/11/2007

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