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Emmanuel Macron offre un cheval à Xi Jinping par Jean-Louis Gouraud

  

Venant d’Emmanuel Macron, l’idée d’offrir un cheval à son homologue chinois est d’autant plus surprenante que - comme je l’avais révélé en son temps (La Revue n°73, sept.-oct. 2017) - le tout jeune président avait refusé d’en recevoir un en cadeau lors de son premier déplacement hors Hexagone, le 19 mai 2017. Voulant encourager le corps expéditionnaire français au Mali, il s’était alors rendu à Gao, où il avait enjoint au président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, de le rejoindre. Pour honorer son hôte, ce dernier avait alors voulu, comme c’est la coutume, offrir à son distingué visiteur, un cheval. Non sans maladresse, Macron avait alors refusé le présent, un bel étalon blanc choisi avec soin.


Il semble que le président chinois ne lui ait pas infligé un tel affront. Il aurait eu pourtant quelque raison de prendre ombrage du fait que le sympathique cheval offert n’est qu’un hongre, c’est-à-dire un cheval castré. Or la tradition impose d’offrir des mâles entiers, aptes à la reproduction. Offrir un cheval incapable de saillir des juments, c’est offrir une horloge qui ne donne pas l’heure : presqu’une insulte.


Je crains surtout que le président chinois interprète le geste de son jeune homologue français conformément à la tradition chinoise, c’est-à-dire comme un geste d’allégeance (ce qui est d’ailleurs peut-être le cas ?). Car, dans la coutume locale, l’offrande d’un cheval au souverain est une façon de lui témoigner davantage encore que du respect : sa soumission.


Emmanuel Macron devrait le savoir, lui dont on vante l’immense culture : un des principaux musées parisiens, le musée Guimet, possède en effet un magnifique rouleau panoramique dû au peintre Lang Shining (alias Giuseppe Castiglione) montrant l’empereur Qianlong, lointain prédécesseur du président Xi Jinping, recevoir des mains de chefs de tribus kirghizes de fringantes montures, en signe de ralliement à l’Empire.


Selon l’Agence France-Presse, « lors de sa visite à Paris en 2014, le président Xi avait été escorté des Invalides à l’Élysée par cent quatre cavaliers de la Garde Républicaine et avait été fasciné par ce savoir-faire d’excellence »*.


C’est en souvenir de cet épisode que les services du protocole de l’Élysée auraient suggéré au président Macron d’offrir au président Xi un de ces cent chevaux qui lui avaient tellement plu. Charmante intention, mais geste bien maladroit.


D’autant que, sur la fascination qu’aurait exercée sur le président chinois notre cavalerie, j’ai un doute : n’était-ce pas plutôt un sourire de commisération ?


Comment expliquer autrement que les Chinois aient mis au programme de la visite de Macron un petit tour à Xi’an, où se trouve la célèbre armée de terre cuite datant de trois siècles avant notre ère ? N’a-t-on pas voulu montrer que, dans ce domaine comme dans tous les autres, la Chine n’avait pas grand-chose à envier à l’étranger : pour escorter l’empereur Qin dans l’au-delà, ce ne sont pas cent chevaux qui avaient été mobilisés, mais près de sept cents.





* On raconte que c’est dans des circonstances similaires que Vladimir Poutine aurait eu l’idée de créer une cavalerie d’apparat au Kremlin. Le président Chirac lui aurait alors proposé l’aide et les conseils de la Garde Républicaine. Des officiers russes n’ont en effet pas tardé à venir à Paris étudier le fonctionnement de la Garde, dont plusieurs éléments (en particulier le chef d’escadron Gabriel Cortès, aujourd’hui colonel et numéro 2 du régiment) ont été ensuite conviés à Moscou pour expertiser - et apprécier - le résultat : impeccable paraît-il !


25/01/2018

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