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Économie - Le Brexit : premiers effets et nouvelles tendances

Depuis le 1er janvier 2021, le droit de l’Union Européenne ne s’applique plus au territoire britannique et le Royaume-Uni est devenu un pays tiers. Les changements de réglementation liés à l’entrée en vigueur du Brexit touchent la mobilité des équidés : transport, procédures administratives et sanitaires.

 

Auparavant, l’accord tripartite conclu entre la France, l’Irlande et le Royaume-Uni autorisait des échanges fluides pour les équidés dit de « haut statut sanitaire » avec l’édition d’un simple DOCOM.  Aujourd’hui, cet accord est devenu obsolète. Chaque équidé passant la frontière doit disposer d’un certificat sanitaire signé par un vétérinaire officiel pour pouvoir être exporté ou importé en Grande-Bretagne.
En ralentissant, renchérissant et compliquant le transit des chevaux (pur-sang notamment), le Brexit porte atteinte au dynamisme du secteur des courses comme à l’économie de la filière. Il diminue, de fait, l’activité des acteurs les plus sensibles aux variation de coûts et de charges administratives.
Seules des données partielles sont disponibles en 2022. En outre, aux effets du Brexit sont venus s’ajouter ceux de la crise sanitaire. Il est donc encore trop tôt pour faire une analyse détaillée précise du seul impact du Brexit sur la filière. Néanmoins, cette première enquête permet d’estimer l’importance de la baisse de l’activité et des surcoûts entraînés par le Brexit.
Entre 2019 et 2021 les mouvements de pur-sang entre l’Europe et la Grande-Bretagne (tous motifs confondus) ont chuté de 31%. Ils ont même chuté de 45% si l’on retient seulement les mouvements à des fins de courses. Les mouvements de pur-sang à des fins de courses entre la Grande-Bretagne et l’Irlande ont chuté de 67% sur la même période.
Les frais moyens de transit d’un équidé (hors frais de douane) sont passés de zéro à 1700 euros. Le temps de transport entre Deauville et Newmarket peut atteindre 25h, soit le double du temps de transport avant le Brexit. Le bien-être des équidés en est directement affecté.
Les petits éleveurs, propriétaires ou cavaliers sont les premiers touchés et remettent en question un déplacement qui allait de soi auparavant. Il en résulte une moindre participation aux compétitions d’importance intermédiaire (jusqu’à trois étoiles) ainsi qu’une diminution des échanges pour des raisons d’élevage. Les compétitions d’équitation en France, et plus généralement en Europe, semblent accueillir moins de cavaliers britanniques qu’auparavant. Les évènements de très haut niveau ne sont pas touchés, les coûts de déplacements restant marginaux à ce stade.
Si le Brexit donne un coup d’arrêt à certains flux, il provoque parallèlement l’apparition de nouveaux flux économiques. En France, les sociétés de vente de chevaux de course tirent leur épingle du jeux en gagnant des parts de marché sur leurs concurrents anglais et irlandais. À titre d’exemple, le chiffre d’affaires d’Arqana a augmenté de plus de 9% entre 2019 et 2021.
Face à la baisse d’activité qui se dessine pour le secteur du galop et le sport équestre de niveau intermédiaire, il est essentiel de réfléchir, dès maintenant aux propositions susceptibles de faciliter le déplacement des équidés d’un bord à l’autre de la Manche. Réduction des coûts globaux liés au transport, simplification des démarches administratives, réduction des délais d’attente aux postes frontaliers ou mise en place de nouvelles conventions pour les équidés de haut statut sanitaire ou les mouvements temporaires : les pistes de réflexion existent mais sont pour l’instant bloquées par les désaccords politiques entre l’Union Européenne et la Grande-Bretagne.
Il ne faudra pas non plus négliger la reconfiguration des flux économiques : recours plus systématiques aux transporteurs professionnels, recentrage sur les compétitions locales, accroissement de nouvelles parts de marché des places de ventes françaises et peut-être continentales.
Limiter au maximum les effets négatifs du Brexit et tirer parti des nouvelles opportunités sont les deux chantiers d’avenir pour la filière équine.

Imane Chaïb, Stagiaire au Service des relations internationales de l’IFCE et étudiante en master d’économie du droit à l’Université de Paris-Nanterre

Le rapport est consultable sur le site de la médiathèque de l’IFCE : https://mediatheque.ifce.fr/index.php?lvl=notice_display&id=71572

 

22/08/2022

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