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Des triathlètes au Haras National du Pin !

  • Jean-Luc Force (© Les Garennes)
    Jean-Luc Force (© Les Garennes)
  • Frédéric Belaubre
    Frédéric Belaubre
Le Haras national du Pin (Orne) accueille du 9 au 13 août les Championnats d’Europe FEI de concours complet d'équitation. Avec l’enchaînement du dressage, du cross et du saut d’obstacles, la discipline est souvent qualifiée de triathlon équestre. La comparaison avec le triathlon « humain » va bien au-delà de la figure de style. Jean-Luc Force, ancien cavalier de l’équipe de France et entraîneur de concours complet, et Frédéric Belaubre, triple champion d’Europe de triathlon, évoquent les similitudes entre les deux sports.

« Pour être performant au plus haut niveau, il faut être bon dans les trois disciplines. Aucune impasse n’est désormais possible. » La citation est de Jean-Luc Force, médaillé d’argent par équipes aux Jeux Équestres Mondiaux 2002 et aux Championnats d’Europe 2003, avec le fameux Crocus Jacob, aujourd’hui technicien réputé. Les prochains championnats d’Europe de concours complet, cet été dans le merveilleux domaine national du Haras du Pin démontreront une fois encore l’évolution de la discipline. Une contre-performance en dressage, sur le cross ou sur le saut d’obstacles, trois tests nécessitant des qualités très différentes et parfois même opposées et contradictoires, est aujourd’hui devenue rédhibitoire pour espérer l’emporter. Une évolution également constatée en triathlon « humain » avec son enchaînement natation, cyclisme, course à pied, synonymes là aussi de sollicitations physiologiques multiples et très variées. Longtemps considérés comme des athlètes « moyens en tout », les triathlètes de haut niveau affichent désormais des performances de grand standing dans chacune des trois disciplines. Même s’ils enchaînent les trois disciplines sans la moindre pause alors que les cavaliers disputent une épreuve par jour, les similitudes sont nombreuses.

" Si tu vas trop vite à un moment, tu le paies plus tard "

Parmi les plus marquantes, celle de la gestion d’un cross comme celui des prochains Championnats d’Europe FEI dessiné par Pierre Le Goupil avec de 35 à 40 efforts sur un tracé compris entre 5700 et 6200 m, soit plus de 10 ou 11 minutes d’effort, et celle d’un triathlon longue distance. Triple champion d’Europe (2005, 2006 et 2008), cinquième des Jeux olympiques d’Athènes en 2004 (10e en 2008 à Pékin), Frédéric Belaubre décrypte sa discipline. « Un triathlon, en particulier sur une course longue distance comme un Ironman (3,8 km de natation, 180 km de vélo, 42 km de course à pied), est un effort prolongé (8 heures pour les meilleurs mais jusqu’à 16 heures pour les anonymes), explique le triathlète aujourd’hui à la tête de la structure d’entraînement MyTribe. Il faut parcelliser cet effort et le découper en points de passage mais toujours en restant dans le contrôle. Même si c’est de l’endurance, il faut rester dans le moment présent. C’est comme une musique avec différents tempos. Et si tu vas trop vite à un moment, tu le paies plus tard. » Un discours que reprend Jean-Luc Force au sujet du cross d’un concours complet. « La connexion entre le cavalier et son cheval se prolonge sur une durée supérieure aux deux autres tests, illustre le technicien. Contrairement au dressage où la relation doit être intense de la première à la dernière seconde, il y a sur le cross une part de gestion. Pendant les longues galopades par exemple, même s’il faut toujours rester en veille. Et puis, à l’abord de l’obstacle ou de la combinaison, on doit relever le niveau de connexion jusqu’à la sortie de la difficulté. »

" Il y a une notion de liberté "

Les deux sports partagent également une dimension mentale assez similaire tant chez l’homme que pour le cheval. « Les chevaux de complet sont bien dans leur peau, souligne Jean-Luc Force. L’entraînement du concours complet évite la routine. Un cheval de dressage répète souvent la même gymnastique dans l’espace clos d’un rectangle. Même répétition pour un cheval de saut d'obstacles qui va multiplier les sauts. En complet, le cross permet aussi au cheval d’évoluer dans un espace ouvert. Il y a une notion de liberté. Cela nécessite toutefois une vraie complicité avec le cavalier car dans la nature, l’espace est sans limite et sans cadre. Cette diversité des efforts peut aussi réduire le risque de blessures. » Même constat pour Frédéric Belaubre. « Un pur nageur ne voit souvent que le fond de sa piscine. En course à pied, la répétition d’un même geste ou la sollicitation répétée d’une chaîne musculaire peut occasionner des pathologies. Les trois disciplines sont finalement complémentaires. La natation va par exemple détendre les muscles. Et d’un point de vue mental, on évite de tomber dans la routine. »

Concours complet et triathlon reposent donc tous les deux sur l’équilibre de l’entraînement. « Trop de vélo fait perdre de la qualité de pied pour la course à pied, trop de natation ramollit les muscles ce qui limite le dynamisme, explique Belaubre. Il faut bien se connaître et maîtriser les aspects physiologiques de l’entraînement. » Une nécessité là encore commune avec le concours complet où les besoins physiologiques, cardiovasculaires ou musculaires demandés au cheval sont très différents selon que l’on travaille le dressage, le cross ou le saut d’obstacles. Avec pour le cavalier la nécessité de s’adapter lui aussi à la nature de l’effort requis avec une approche forcément différente selon qu’il entre sur le rectangle de dressage ou dans la boite de départ du cross.

Cet été, 80 couples disputeront le Championnat d’Europe FEI de concours complet. Parmi eux, les meilleurs rêveront de succéder à la Britannique Nicola Wilson, sacrée en 2021. Pour y parvenir, ils devront forcément compter sur un cheval… complet. Un triathlète.

Programme :

Mercredi 9 août : Inspection des chevaux

Jeudi 10 et vendredi 11 août : Dressage

Samedi 12 août : Cross

Dimanche 13 août : Inspection des chevaux puis saut d’obstacle

 

 

LC

06/06/2023

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