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Dernière « chasse » pour Markus Fuchs

(en ligne le 11 juin 2009) Il y a quarante ans, sur ce même Gruendenmoss, un jeune cavalier Saint-Gallois de quatorze ans commençait sa carrière en compétition par une chute en championnat suisse juniors. Un an plus tard, il était sacré Champion d’Europe de la catégorie Photo 1 sur 1
à Saint-Moritz (Suisse) avec le même cheval, Famos.
Au lendemain d’une 22ème et ultime victoire en Coupe de Nations que ses coéquipiers s’avouaient marris de n’avoir pu lui offrir, c’est dans la Grande Chasse GENERALI, devant plus 12.000 spectateurs enthousiastes et nullement rebutés par une pluie incessante qui ne parvint pas à gâcher la fête, et dans une atmosphère chargée d’émotion que Markus Fuchs, le cavalier suisse le plus titré, a fait son dernier tour de piste avec Grannie et à sa manière, c'est-à-dire avec la « rage de vaincre ».
Alors que Niklaus Rutschi et Beat Mändli avaient déjà assuré les deux premières places à la Suisse, Marcus Fuchs s’élance le dernier avec sa jument westphalienne de 17 ans. Un silence de cathédrale envahit brusquement Gruendenmos, tout entier suspendu à la performance du héros du jour et gagné à sa cause. Très concentré, le « Lokalmatador » fut d’ailleurs à deux doigts de remporter son ultime « chasse ». Hélas, un abord un peu long sur l’entrée du triple que Grannie ne parvenait pas à « gérer » complétement et quatre secondes s’ajoutaient au compteur, synonymes d’une quatrième place finale.
Il n’empêche, dans les « bistrots » du Canton de St-Gall et d’ailleurs, on n’a pas fini de narrer les exploits de Markus, de rappeler ses innombrables titres et médailles : en Championnat d’Europe (6), en Championnat (1) et en Coupe du Monde (5), ou bien encore la médaille d’argent par équipe de Sydney (Aus) en 2000, avec le divin Tinka’s Boy,Kwpb (Zuidpool), sa victoire en Finale de la Coupe du Monde à Göteborg (Sue) en 2001, avec le même Tinka’s Boy, «le cheval de ma vie», comme le confie lui-même le St-Gallois.
Pas doué
Tout n’a pourtant pas toujours été facile pour ce fils d’écuyer qui a progressé dans l’ombre de son jeune frère Thomas, que l’on disait plus talentueux. Il y puisa une source de motivation et l’arrêt prématuré de celui-ci, combiné à l’arrivée de Tinka’s Boy, en provenance des écuries de Nick Skelton, marqua incontestablement un virage dans la carrière du St-Gallois. L’étalon alezan lui offrira ses plus beaux succès, comme à Aix-la-Chapelle en 2004, et lui permettra d’être le second suisse, après Willy Melliger, à accéder au rang de numéro un mondial, auquel il se maintiendra des années durant. C’est aussi avec lui qu’il connaîtra sa plus cruelle désillusion, « le pire souvenir de ma carrière » confie-t-il en se remémorant cette blessure que l’on devine à jamais douloureuse. Cavalier le plus expérimenté de la sélection suisse, il s’était totalement déconcentré après une faute sur la rivière, laissant échapper l’argent par équipes qui paraissait promis aux Helvètes. " Je me suis complètement loupé alors que Tinka's Boy était en super forme. Je n'ai pas su donner une médaille aux jeunes, qui l'auraient méritée." Une expérience douloureuse qui le conduira l’année suivante, à l’issue des Championnats d’Europe, où il remportait l’argent par équipes avec la génération « montante » (Liebherr, Guerdat), à renoncer aux grands rendez-vous internationaux. " Je ne voulais plus risquer de prendre la place d’un jeune ».
"Tchussi" Markus
A 54 ans, au terme de quarante ans de carrière, Markus Fuchs quitte la compétition un peu plus tôt qu’il ne l’avait imaginé : le dos et les adducteurs du champion en ont décidé autrement, tout comme la santé déclinante de Sylver, Royal Charmer et l’an dernier Nirmette, tous à la retraite et que Grannie va rejoindre à l’issue de ce dernier parcours. Ne restaient que La Toya et quelques jeunes chevaux qui vont être confiés au Brésilien Gustavo da Silva. Et puis l’homme s’est découvert d’autres valeurs : « Ça ne sert à rien d’avoir beaucoup de médailles et un compte en banque rempli si la famille n’est pas heureuse et si on n’a pas un peu de temps pour soi». Markus Fuchs abandonne donc la compétion, mais pas le cheval. Il se consacrera au commerce (il a déjà été remarqué peu de temps après le CSIO de La Baule sur des épreuves de Cycle Classique Jeunes Chevaux à Sartilly, dans la Manche), fera partager son expérience à de jeunes cavaliers, et coachera Arturo Gustavo da Silva, ainsi que Pius Schwizer. Directeur Sportif à Saint-Gall et Ascona, consultant TV avec de grands débuts prévus lors des prochains Championnats d’Europe de Windsor Castle, l’agenda est déjà bien rempli.
Ce samedi, après la dernière compétition vint le tour des honneurs et des cadeaux, tels ce Trophée précieux et la montre offerts par Longines, dont il est ambassadeur. Et puis Markus à quitté la piste sous une « standing ovation » du public, alors que retentissait la musique d’ABBA, son groupe préferé. Mais s’il est unanimement apprécié pour sa franchise, sa modestie et son humour, notre homme possède également un bonne dose de savoir-vivre : « Je veux offrir à boire et à manger à tous les spectateurs présents. C’est un peu compliqué du point de vue de la logistique et ça va me coûter au moins 30.000 francs (environ 20.000 €) mais on ne s’arrête qu’une fois ». Au final, des bretzels, de la bière et un morceau de fromage pour tout le monde, et puis une petite larme aussi. Tchussi Markus...
D. S.

Déclarations de Markus Fuchs :
«Je me sens bien. Je me suis bien préparé psychologiquement à entamer cette nouvelle période de ma vie. J’ai eu une meilleure carrière que je ne l’avais espéré.»
« J'ai eu la chance de pouvoir monter plusieurs bons chevaux. Parmi eux, trois resteront pour toujours dans mon coeur: Tinka's Boy bien sûr, «Lady Seven» avec laquelle j’ai participé aux Championnats du Monde à Hickstead (1974) et «Shandor» avec lequel j’ai participé aux J.O de Séoul (1988) et à ceux de Barcelone (1992).»

04/06/2009

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