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Covid-19 : une filière très impactée

Fermeture des établissements recevant du public, interdiction de rassemblement, confinement de la population… les mesures d’endiguement de l’épidémie de covid-19 impactent ont impacté durant un an, et impactent encore les entreprises. Quelles seront les conséquences économiques sur la filière équine, sachant que l’Insee estimait au 23 avril 2020 une perte d’activité économique en France de 35 %, tous secteurs confondus ? 

En avril dernier, le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation a mandaté la gouvernance «Filière Cheval»* afin d’évaluer les conséquences économiques pour la filière équine suite à la pandémie de Covid-19. Un questionnaire a été élaboré, avec l’appui technique de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), dont les premiers résultats sont disponibles (2 430 réponses). 

Des pertes considérables 

Les premiers résultats font état d’une lourde perte du chiffre d’affaires (CA) cette année par rapport à 2019 pour les professionnels de la filière équine. Les premiers effets du confinement en mars ont généré une perte du CA de 35 à 50 %. Cette perte augmente considérablement, à 50 % de perte pour les entraîneurs de galop, jusqu’à 80 % du CA en avril chez les entraîneurs de trot et les établissements équestres. Une large majorité d’entreprises font face à une valeur ajoutée négative compte-tenu de charges maintenues à un niveau élevé. 

S’adapter 

Face à la perte de trésorerie engendrée par l’absence de dotation/gain, de pensions, et à l’arrêt du commerce, les professionnels ont dû adapter leur mode de fonctionnement. Si la majorité des chevaux a été mise au pré afin de limiter les charges, certains professionnels ont opté pour le maintien du travail d’une part de leur effectif pour permettre une reprise d’activité immédiate. Le recours au chômage partiel et les démarches de report de charges ont aussi été mis en évidence.  

Qui est impacté ? 

Lors des deux confinements de 2020, les activités suivantes ont été très impactées : 

•Hippodromes ;

•Centres équestres au sens large ; 

•Activités en lien avec le public (calèches, etc) et activités de médiation ;

•Organisateurs (compétitions, salons, foires) ;

•Ventes des équidés (marché national et international) ;

•Structures agricoles ne pouvant prétendre aux aides 

•Production de lait de juments et d’ânesses  

Deux types d’activités n’ont pas connu d’impact direct : 

•Reproduction ;

•Equidés de travaux agricoles (vigne, maraîchage) et débardage.

La filière s’organise 

Dès l’annonce du Président de la République le 17 mars 2020, la filière s’est mobilisée pour proposer des modalités de poursuite d’activités ; un protocole pour les centres de reproduction a été mis en place dans la semaine qui suivait, permettant la poursuite de l’activité.

Un exemple ? L’élevage AQPS, malgré un décrochage de près de 30% par rapport à 2019 pendant le confinement va terminer l’année avec une perte de seulement -1 % en fin d’année. 

Le protocole mis en place pour la reproduction a induit une nouvelle organisation du travail : dématérialisation des documents, prises de rendez-vous, augmentation de la vigilance sanitaire par les personnels des centres. Appréciées des professionnels, ces pratiques seront pérennisées. 

La reprise

Dans la continuité des protocoles mis en place par la SHF validés par le ministère en charge des sports, la Fédération Française d’Equitation (FFE) a mis en œuvre des processus de même nature pour redémarrer les épreuves professionnelles, puis amateurs à partir de juin.

Les organisateurs ont accusé le coup : ils ont dû adapter leur fonctionnement (limitation du public non restauration, absence d’exposants), voire annuler les évènements.

Pour les épreuves internationales, se sont ajoutées les limitations de circulation qui ont fragilisé les organisations. 

Pour les épreuves amateurs, les préfectures ont, selon les régions, réagi avec une grande disparité, les unes sévères, les autres plus libérales et ce indépendamment du contexte sanitaire local. 

Les impacts pas à pas 

• Reproduction... 

Du fait de la mise en place rapide d’un protocole spécifique, les activités de reproduction ont été très peu touchées : si le galop a connu une baisse de nombre de saillies déclarées à l’IFCE-SIRE de 3,1 % entre 2019 et 2020, le trot une baisse de 6 % et une baisse de 3,5 % pour les équidés de travail, les chevaux de sport ont enregistré une hausse de 4,7 % du nombre de saillies : 28 287 contre 27 017 en 2019.

Par contre, certains acteurs ont fait état d’une baisse d’activité des étalons de milieu de gamme et une augmentation de l’attractivité des étalons les plus « côtés ». Ainsi les 2 races principales de sport (SF et AA) sont stables, mais certaines races de territoires ont accusé une forte baisse.

• ... et ses acteurs  

La filière est constituée d’acteurs de l’élevage qui sont les producteurs primaires, puis des transformateurs. Qu’ils soient débourreurs, pré-entraîneurs, entraîneurs, cavaliers jeunes chevaux, ont été les premiers impactés.

• Secteur Courses 

Les chiffres des enjeux du PMU reflètent les évolutions au fil de la gestion de la pandémie :

• Avant confinement : +3,4 %,

• Pendant le confinement : -89 %,

• A la reprise au 11 mai : -31,6 %,

• Depuis le 15 juin : +11,2 %, (jusqu’au 2e confinement).

Le PMU online, même s’il a progressé de 10 à 20 % en 2020, reste très en deçà des parts de marché observées dans d’autres pays : 60 % au Royaume-Uni, 80 % au Japon et 85 % en Suède.

Le résultat budgétaire 2020 est de 640 M€ contre 770 M€ inscrit au budget du PMU soit 130 M€ de pertes de recettes liées aux paris sur les courses de trot et de galop 

Pour France Galop, une perte de 74 M€ a été constatée sur son CA hors taxe.

Les courses, comme les activités sportives professionnelles ont souffert de la perte de public quasi-totale cette année. Les hippodromes n’ont en outre pas pu bénéficier de l’aide sur les pertes en billetterie et catering mise en place par le décret n°2020-1571 du 11 décembre 2020 sur le sport professionnel. 

La baisse des encouragements pour les entraîneurs et les autres ayant-droit a été partiellement compensée par une décision du PMU de fin janvier qui, au regard des résultats financiers finalement meilleurs qu’envisagés, grâce à une reprise très soutenue des paris hippiques en sortie de confinement et à des efforts de gestion, a permis aux sociétés mères de réinjecter 30 M€ (15 M€ au Trot / 15 M€ au Galop) pour les acteurs (propriétaires, entraineurs, jockeys/drivers, éleveurs) ayant perçu des allocations abaissées entre le 11 mai et le 31 décembre 2020.

Malgré ce « coup de pouce » de fin d’année, la baisse des encouragements atteint -20 % en 2020. Ainsi, chacun des deux segments Trot et Galop a subi une baisse de 50 M€ d’allocations. On constate également au trot une baisse des engagés en courses de -11,34 % par rapport à 2019. Les confinements successifs ont fortement touché les petits hippodromes avec une baisse de 271 réunions au trot sur le territoire (-18,2 %) fragilisant de fait le tissu territorial des courses. 

• Secteur Sport & Loisir

1. Valorisation 

Dans son périmètre, la SHF a constaté une baisse de plus de 3 000 (-20 %) équidés sur ses circuits en 2020 vs 2019

(12 804 en 2020 vs 15 833 en 2019), ainsi qu’une baisse du soutien à la dotation de 1 M€ venant du Fonds Eperon.

Ce circuit s’adresse majoritairement à des professionnels. Ces derniers ont pu reprendre les compétitions dès la sortie

du premier confinement mi-mai.

La saison a dû être décalée et la finale de CSO reportée d’un mois, entrainant de fait un surcoût, pour les propriétaires, estimé par la SHF à 700 k€ (source SHF). Le nombre d’engagements sur le circuit a baissé de 37 % (68 721 en 2020 vs 109 811 en 2019). Cela pourrait s’expliquer par la période de confinement, mais le nombre d’équidés ayant suivi ce circuit de formation a également été réduit de 19 % (12 804 en 2020 vs 15 833 en 2019). Les dotations ont subi une baisse de -2 M€. (source SHF)

Même dans une version dégradée, il a cependant rempli ses rôles de formation et de sélection des meilleurs jeunes animaux. 

2. Equitation – FFE 

En ce qui concerne l’équitation, le 1er confinement a frappé les 6 500 centres équestres adhérents à la FFE, les activités

équestres sur des centres non affiliés, ainsi que les organisateurs de manifestations équestres (compétitions,

randonnées, etc.). La fermeture administrative des structures a entrainé des pertes de chiffres d’affaires estimées à 45 % en mars et jusqu’à 80 % en avril (selon enquête réalisée par l’IFCE) alors même que les charges d’entretien des équidés et les

charges salariales étaient peu compressibles en raison des soins à apporter aux équidés.

La période de printemps correspond à la reprise des compétitions en sortie d’hiver. Les compétitions professionnelles n’ont repris qu’en juin et ce n’est qu’en juillet que les épreuves à destination des amateurs ont pu être réorganisées dans des conditions techniques dégradées du fait des contraintes sanitaires (limites en terme de public, contraintes de déclarations).

Les baisses sportives « directes » sont de l’ordre de 40 % entre 2019 et 2020, avec 700 000 engagés en épreuves en moins soit 20,6 millions d’€. Ils ne prennent cependant pas en compte les pertes induites en termes de billetterie, d’exposants, de restauration générés en année normale par ces 700 000 partants. En outre, l’ensemble des circuits de sélection nationaux et internationaux a également été impacté : pas d’organisation de JO, de championnats continentaux ou nationaux.

En ce qui concerne les départs en épreuves, l’année 2020 a été marquée principalement par une baisse importante sur les circuits club (-62 %), poneys (-56 %) et amateurs (-49 %).

C. Robert avec étude IFCE (Directeur de publication : Jean-Roch Gaillet - Rédaction : P.Heydemann, S.Jarrier, G.Blanc)

Acteurs ayant participé à la rédaction de ce rapport :

France Galop, Le Trot, Fédération des Eleveurs du Galop, Association des entraineurs : AEDG, SEDJ, AEPGalop, Ass. des Jockeys, Société Hippique Française, Fédération Française d’Equitation, Syndicat interprofessionnelle des praticiens de la médiation, Société Française des Equidés de Travail, Fédération Nationale du Cheval, Confédération Paysanne, Coordination Rurale, Jeunes Agriculteurs, Groupement Hippique National, Filière Cheval, Fédération Nationale des Conseils des Chevaux, Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, Club de Nutrition Equine Française, Agence Française de Commerce des Equidés, Association des Vétérinaires Equins de France. Synthèse coordonnée par l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation.

08/04/2021

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