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Clooney 51 : itinéraire d’un génie précoce

  • Le bouillonnant Clooney 51 a fait son dernier tour de piste au CHI de Genève dimanche dernier, comme Nino des Buissonnets en 2016 (Photo CHI Genève/ © Soraya Exquis)
    Le bouillonnant Clooney 51 a fait son dernier tour de piste au CHI de Genève dimanche dernier, comme Nino des Buissonnets en 2016 (Photo CHI Genève/ © Soraya Exquis)
Après une des plus belles carrières de cette dernière décennie, le compagnon de route de Martin Fuchs, le bouillonnant Clooney 51 a fait son dernier tour de piste au CHI de Genève dimanche dernier, afin de pouvoir dire au revoir à son public. Choix de Martin Fuchs, parce que Genève, pour Martin : « C'est vraiment ma victoire la plus émouvante, le Grand Prix de Genève. » Adieu émouvant pour Martin et le public, nombreux à saluer « le cheval de saut d’obstacles le plus performant de l'histoire de la Suisse », comme l’a précisé le jeune cavalier. Mais quelle est l’histoire de la rencontre de ces deux-là ?

Nous n’avons pas pu nous empêcher de nous poser la question : l’Olympique Nino des Buissonnets, qui fit ses adieux ici même le 11 décembre 2016, avec Steve Guerdat était-il moins performant que Clooney 51 ? Nous laisserons la responsabilité de cette déclaration à Martin !

Le cheval gris est né le 3 mars 2006 à l’élevage de Bernd Richter à Ladbergen, en Allemagne.  Inscrit au stud-book du Westphalien, il est le fils de Cornet Obolensky (ex Windows vh Costersveld) et de Fräulein vom Moor par Ferragamo, jument née elle-même chez Bernd Richter. De petite taille, il montre des aptitudes pour le saut d’obstacles.

Ses débuts

A l’âge de 3 ans, son éleveur décide de le castrer à cause d’un caractère trop turbulent. Il rappellerait sa grand-mère : Pan Am (Pilot x Pik Bube II), une jument d’une très grande qualité avec un « fort » caractère.

À 5 et 6 ans, Clonney se retrouve sous la selle de l’Allemande Sandra ter Bahne avec qui il apprend les bases du métier. En 2012, il passe sous celle de Jana Wargers, une cavalière locale de 20 ans installée pas très loin du gris.
Un an après avoir foulé les pistes des cycles classiques en Allemagne, le couple débute les CSI Jeunes Chevaux en 2013. Le cheval brille au Mondial des sept ans à Lanaken où il termine sixième derrière d’autres futurs cracks de sa génération (Bacardi VDL, All In de Vinck, etc.).

La rencontre avec Martin…
Face à une foule de propositions, c’est à Luigi Baleri que son naisseur décide de le céder. Comment passe-t-il sous la selle du jeune Martin Fuchs, 20 ans alors ? Clooney a sept ans.  Martin explique : « Mon ami Michaël Cristofoletti me dit que sa petite amie Jana Wargers avait un véritable top cheval, et qu’il me conviendrait bien. Donc mon père et moi nous sommes envolés tout de suite pour essayer Clooney. Quand mon père a enlevé sa couverture et a vu le dos et la conformation de Clooney, il n'a même pas voulu que je le monte. Mais ensuite il m'a laissé faire et dès que nous avons fait les premiers sauts, mon père et moi savions déjà que Clooney était un cheval très spécial et que nous ne voulions pas rentrer à la maison sans lui. Bien sûr, nous avions placé de grands espoirs dans Clooney lorsque nous l'avons acheté, mais nous n'avions même pas imaginé qu'il deviendrait un cheval aussi exceptionnel. Je n'aurais jamais imaginé que nous allions remporter autant de victoires fantastiques ensemble. Et je suis extrêmement fier que Clooney soit le cheval de saut d’obstacles le plus performant de l'histoire de la Suisse et que j'aie été autorisé à être son cavalier. »

Le palmarès

Tout s’enchaîne très vite : seulement 4 mois après, le cheval performe et passe en un ans des CSIYH1* aux CSI5*. Depuis, c’est une floppée de médaille que l’actuel N°2 mondial et le cheval ont obtenue. Un palmarès impressionnant…

Cheval sélectionné pour les Jeux Olympique par deux fois (Rio 2016 et Tokyo 2021), le gris offre à son cavalier en 2019 le titre de Champion d’Europe à Rotterdam. La même année, ils remportent l’une des plus belles victoires de leur carrière commune, le Rolex Grand Prix de Genève. Ils ont également été vice-champions du monde, deuxièmes de la finale de la Coupe du monde et vainqueurs des Grands Prix de Genève, Zurich, Bâle et Lyon.

L’accident
En août 2021, fraîchement revenu des JO de Tokyo, il fait une malheureuse chute au parc qui entraîne une fracture de l’épaule. « L'accident de Clooney a été un choc énorme pour nous tous, on ne peut même pas imaginer que quelque chose puisse arriver à un cheval comme Clooney sur le terrain. Il a volé dans le monde entier et finalement quelque chose d'aussi banal que ce qu'il faisait pendant des heures chaque jour a mis fin à sa carrière. Mais nous avons aussi beaucoup appris pendant cette période. Et c'était formidable de sentir le soutien de la famille, des amis et des propriétaires et de voir comment ils ont soutenu Clooney pendant des heures avec nous. Ce sont des moments que l'on n'oublie jamais et qui ont eu un véritable impact sur moi et ma vie. »
Aujourd’hui tout va mieux, même si Martin et tout l’entourage de Clooney ont eu très peur, et que la rééducation fut longue : « Clooney va bien, il est de nouveau monté, il est très important qu'il bouge son épaule et qu'elle soit mobilisée, il passe beaucoup de temps au paddock et lorsque le temps le permet, nous le sortons au pré. »

La plage et l’élevage du Thot comme retraite
Depuis, il récupère à l’élevage du Thot de Margareth (cousine de Thomas et Markus Fuchs) et Jean-François Noël, entre ballades sur la plage et liberté au parc. Le couple ne le savait pas encore à ce moment-là, mais leur 16ème place à Tokyo serait leur dernier tour de piste…enfin presque.

Il lui en manquait un dernier, afin de pouvoir dire au revoir à son public. C’est ainsi que Martin Fuchs a décidé que Clooney 51, âgé maintenant de 16 ans, fera ses adieux à Genève, le dimanche 11 décembre à 14h. Parce que Genève, pour Martin : « C'est vraiment ma victoire la plus émouvante, le Grand Prix de Genève, c'était un moment si merveilleux. Beaucoup de larmes, des larmes de joie et hier encore, j'ai revu le moment de la victoire. »

Martin : “Clooney est le cheval de ma vie, un être extraordinaire. Il m’a tant donné et c’est avec lui que j’ai connu mes plus beaux succès. Son accident a été une terrible épreuve pour lui et pour toute mon équipe, mais face à cela aussi il a prouvé quelle force de caractère il a. Aujourd’hui, il va bien et il mérite de vivre une cérémonie à l’image de sa fabuleuse carrière et du génie qu’il est. Genève est apparu comme une évidence, car nous avons vécu ici l’un de nos plus beaux moments en remportant le Grand Prix. Je me réjouis énormément de ces adieux, qui s’annoncent forts en émotion, et durant lesquels je serai entouré du fabuleux public genevois, de ma famille, de mon équipe et de mes amis.” 

F.Pamart et C.Robert

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