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Ce n’est qu’un au revoir Germain

Germain Levallois s’en est allé vers ces contrées d’où on ne revient pas. Cette fin d’année 2015 marquera un tournant dans la vie de cette famille normande complètement vouée au cheval. Germain, homme modeste et affable est entré au Panthéon des hommes de chevaux. Il aura marqué de façon indélébile l’élevage français et le monde du cheval de sport sans démonstration ostentatoire d’orgueil que ses choix et ses réussites auraient légitimement justifiés. Mais Germain n’était pas de ce bois-là.

Né en 1934 à Saint-Lô, il a passé sa vie dans les chevaux. Fort d’une expérience acquise au contact de son père Louis, marchand de chevaux à une époque où le monde agricole n’était pas encore mécanisé, Germain a naturellement assuré la succession dans la même philosophie paternelle faite de probité, de droiture et de respect de la parole donnée. Avec l’évolution de l’agriculture et les orientations prises par le haras national de St-Lô,  Germain s’est dirigé vers le cheval de sport. Sa vie professionnelle allait basculer ce jour de 1977 lorsqu’il repéra un petit mâle alezan, fils de Grand Veneur, né chez son voisin Jules Mesnildray. Seul, le poulain n’était pas à vendre. Il fallait prendre un lot de trois (dont Le Plantero)  ou... rien. Son coup de cœur et son coup d’œil n’allaient pas le trahir. Le petit alezan, c’était Le Tot de Semilly. Semilly qui allait devenir sa marque et celle de sa famille. Extraordinaire destin que celui de cet étalon qui dès son plus jeune âge fut confié à Eric, le fils cadet de Germain et de son épouse Micheline. « C’est le cheval de ma vie » confiait-il volontiers. « On m’en a offert beaucoup d’argent mais j’ai toujours dit non même si quelques fois cela m’a empêché de dormir. Cet argent n’est pas forcément le meilleur moyen d’apprendre à mes enfants à travailler. J’ai pris des risques car je ne savais pas s’il allait bien produire ».

Quelle production et quelle longévité ! Le Tot – père entre autres du phénoménal Itot du Château – fut longtemps dans le peloton tête du classement mondial des meilleurs pères de chevaux de sport en compagnie de son fils, lui aussi N°1 mondial des chevaux de jumping.

La collaboration avec Jules ne s’arrêta pas là. A sa demande, Germain lui trouva une jument digne d’un croisement avec Le Tot. Ce fut Venise des Cresles, une fille d’Elf III.  Las, le poulain né de ce croisement devint orphelin dès la naissance. C’était le petit Diamant, aussitôt confié à Richard qui venait de créer le haras de Couvains et qui élevait déjà au biberon un autre petit orphelin. Une nouvelle saga démarrait. Et quelle saga !

Eric fut là encore un partenaire de choix pour Diamant  qui « explosa » l’année de ses 7 ans. Des bons chevaux, de bons cavaliers, de bons éleveurs : Germain et son entourage familial étaient encore sur la voie de l’excellence. Richard le fils aîné, après des études de kiné avait opté définitivement, avec son épouse Anne-Sophie, pour un métier du cheval avec la création au haras de Couvains d’un centre d’insémination qui deviendra le N°1 français et d’un centre d’élevage et de valorisation de jeunes chevaux. Eric, le cadet, devint cavalier professionnel avec les succès qu’on lui connaît. Sylvie, devint prof d’Allemand mais a conservé intacte sa passion pour les chevaux, passion qu’elle a su transmettre à sa fille Charlotte qui représenta souvent la Belgique dans les internationaux jeunes.

Diamant, pilier de la bande des 4 médaillés d’or de Jerez en 2002, est aujourd’hui le N°1 mondial des pères de chevaux de sport. La vie de Diamant n’a tenu qu’à un fil en 2008. Sauvé par les soins intensifs prodigués par son entourage, l’étalon s’est sorti de sa mauvaise passe grâce à son mental d’acier, mental commun à celui de son cavalier qui faillit perdre la vie après un terrible accident de voiture.

Le sacre de Diamant est arrivé à point nommé pour réchauffer le cœur de cet homme gravement malade.

Germain restera une personnalité incontournable de l’histoire du cheval de sport en Normandie, un homme attachant à la vie hors du commun, un éleveur visionnaire qui a fait de son nom une institution à la réputation planétaire. Le stud-book doit beaucoup à ce grand Monsieur que fut Germain Levallois.

Que son épouse Micheline, ses enfants, petits-enfants et ses proches acceptent nos condoléances émues.

Les obsèques seront célébrées demain mercredi 30 novembre à 14H30 en l’église Notre-Dame de St Lô.

 

Etienne Robert

 

 

29/12/2015

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