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Bien alimenter une poulinière : spécificité et exigences

Chronique vétérinaireOn a une jument, on la connaît bien. Et puis un jour, on souhaite la faire reproduire. On se préoccupe alors des chaleurs, de vérifier qu’elle est bien pleine, que tout va bien. Et puis, le poulain naît et on ne regarde plus que lui, s’il grandit bien, s’il n’est pas malade…Et pour l’alimentation ? Pas de problème. La jument, on la connaît bien, on a l’habitude. Il suffit de lui donner un peu plus et tout ira bien. Non, tout n’ira pas bien. Augmenter les quantités ne suffira pas. La jument que vous avez devant les yeux n’est pas celle d’il y a 6 mois sur un plan alimentaire. Je dirais même plus comme les Dupont, ce n’est pas celle que vous aviez il y a un mois. Vous trouvez que j’exagère peut-être… Alors si vous le voulez bien, regardons ensemble ce petit graphique des besoins alimentaires d’une jument de 500 kg (Source : INRA 2012). Remarquez que si j’avais pris un autre format, y compris un poney, j’aurais obtenu le même type de graphique… Comment le lire ? La ligne de base correspond à ce dont votre jument avait besoin à l’entretien. Ensuite, on parle en multiple de l’entretien pour chaque constituant de la ration.  Que peut-on en conclure ? En début de gestation, aucun problème, votre jument est égale à elle-même. Elle augmente un peu en fin de gestation mais bien moins que l’on pourrait penser. A cette période, on alimente souvent trop. Or une jument trop grasse à la mise-bas, c’est une naissance plus difficile. Sur le plan alimentaire, l’augmentation des quantités ingérées après la naissance ne se fera pas aussi vite qu’elle devrait et paradoxalement, on peut se retrouver avec une jument qui perd de l’état très vite en cours de lactation.   A partir de la mise bas (MB), la production s’envole littéralement pour arriver à un maximum entre 2 et 3 mois et redescendre. Il faut compter de l’ordre de 15 litres par jour tout de même. Comme la composition du lait évolue, les besoins montent selon une courbe un peu différente mais tout aussi spectaculaire. Au maximum, au niveau énergétique (UFC, courbe rouge), on est à 2,1 fois le besoin avant gestation. On peut donc penser que si on double l’apport alimentaire, on va s’en tirer avec les honneurs…Mais au maximum, question protéines (MADC, courbe bleu marine), on est à 3,1 fois le besoin d’entretien. Donc si vous ne faites qu’augmenter l’aliment pour satisfaire les besoins énergétiques, vous apporterez 2 fois l’entretien aussi pour les protéines… le compte n’y sera pas. Donc il faut une ration plus riche en protéines pour une même quantité d’énergie (rapport protidoénergétique plus élevé : MADC/UFC pour les intimes). Si vous regardez maintenant les besoins en minéraux, pour le calcium (courbe bleu ciel) on monte à 2,8 fois et 3,5 fois pour le phosphore (courbe violette)… là non plus, on ne sera pas dans les clous. Il faut donc un aliment plus minéralisé ou bien rajouter un complément minéral pour compenser. Enfin, si on regarde la capacité d’ingestion (courbe verte), c’est-à-dire, la quantité d’aliments (fourrages + compléments) que la jument mangera si elle est à volonté : elle n’augmente que de 1,8 fois. Cela veut dire que même pour les besoins énergétiques qui augmentent de 2,1 (courbe rouge), cela ne suffira pas. Il faut donc une ration plus « riche », un peu plus riche pour l’énergie, beaucoup plus riche pour les protéines.Mais on aura une ration plus riche puisqu’on donnera plus de céréales ou de granulés, me répondrez-vous. Certes mais à ce moment-là, vous allez diminuer la quantité de fourrage (qui sera donc en moins) et en outre vous diminuerez encore la capacité d’ingestion, les chiffres que je vous présente n’étant valables que pour une ration riche en fourrage. Donc une ration plus énergétique, beaucoup plus protéinée et minéralisée et nettement plus dense cela veut dire… un aliment différent si vous l’achetez. Si les fabricants d’aliments font des mélanges spécifiques pour les poulinières, ce n’est pas pour s’amuser mais bien parce qu’il y a nécessité. Pour une alimentation maison, cela signifie changer les rapports entre les aliments mais aussi, immanquablement introduire des aliments spécifiques, notamment à haute teneur en protéines. Comme on ne nourrit pas Sébastien Chabal avec les petits pots du bébé, votre jument a besoin d’une ration à faire pâlir un champion de CSO. Enfin, vous pouvez constater que les évolutions sont extrêmement rapides. Pour que la jument soit le plus en forme possible, cela veut dire que l’éleveur doit suivre au mieux ces évolutions. Pour coller à la réalité des besoins, il est préférable de faire un point tout les mois à la fois sur la jument (état, périmètre thoracique) et sur l’herbe présente (qualité, stade, cycle) pour adapter les apports complémentaires. Si la mise bas a lieu tôt dans l’année, les besoins importants devront être couverts avec des fourrages conservés. Dans ce cas, leur qualité doit être excellente. Et surtout jamais, au grand jamais, de régime pour une jument allaitante. En début de gestation c’est possible. Après sevrage aussi mais pendant l’allaitement, c’est courir un risque majeur pour sa santé.  Catherine Kaeffer http://anneetcat.wix.com/ techniques-elevage http://techniques-elevage.over-blog.com

Chronique vétérinaire

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On a une jument, on la connaît bien. Et puis un jour, on souhaite la faire reproduire. On se préoccupe alors des chaleurs, de vérifier qu’elle est bien pleine, que tout va bien. Et puis, le poulain naît et on ne regarde plus que lui, s’il grandit bien, s’il n’est pas malade…
Et pour l’alimentation ? Pas de problème. La jument, on la connaît bien, on a l’habitude. Il suffit de lui donner un peu plus et tout ira bien. 
Non, tout n’ira pas bien. Augmenter les quantités ne suffira pas. La jument que vous avez devant les yeux n’est pas celle d’il y a 6 mois sur un plan alimentaire. 
Je dirais même plus comme les Dupont, ce n’est pas celle que vous aviez il y a un mois. 
Vous trouvez que j’exagère peut-être… Alors si vous le voulez bien, regardons ensemble ce petit graphique des besoins alimentaires d’une jument de 500 kg (Source : INRA 2012). Remarquez que si j’avais pris un autre format, y compris un poney, j’aurais obtenu le même type de graphique…

Comment le lire ? 
La ligne de base correspond à ce dont votre jument avait besoin à l’entretien. Ensuite, on parle en multiple de l’entretien pour chaque constituant de la ration. 

Que peut-on en conclure ? 
En début de gestation, aucun problème, votre jument est égale à elle-même. Elle augmente un peu en fin de gestation mais bien moins que l’on pourrait penser. A cette période, on alimente souvent trop. Or une jument trop grasse à la mise-bas, c’est une naissance plus difficile. Sur le plan alimentaire, l’augmentation des quantités ingérées après la naissance ne se fera pas aussi vite qu’elle devrait et paradoxalement, on peut se retrouver avec une jument qui perd de l’état très vite en cours de lactation.  

A partir de la mise bas (MB), la production s’envole littéralement pour arriver à un maximum entre 2 et 3 mois et redescendre. Il faut compter de l’ordre de 15 litres par jour tout de même. Comme la composition du lait évolue, les besoins montent selon une courbe un peu différente mais tout aussi spectaculaire. 
Au maximum, au niveau énergétique (UFC, courbe rouge), on est à 2,1 fois le besoin avant gestation. On peut donc penser que si on double l’apport alimentaire, on va s’en tirer avec les honneurs…
Mais au maximum, question protéines (MADC, courbe bleu marine), on est à 3,1 fois le besoin d’entretien. Donc si vous ne faites qu’augmenter l’aliment pour satisfaire les besoins énergétiques, vous apporterez 2 fois l’entretien aussi pour les protéines… le compte n’y sera pas. 
Donc il faut une ration plus riche en protéines pour une même quantité d’énergie (rapport protidoénergétique plus élevé : MADC/UFC pour les intimes). 
Si vous regardez maintenant les besoins en minéraux, pour le calcium (courbe bleu ciel) on monte à 2,8 fois et 3,5 fois pour le phosphore (courbe violette)… là non plus, on ne sera pas dans les clous. 
Il faut donc un aliment plus minéralisé ou bien rajouter un complément minéral pour compenser. 
Enfin, si on regarde la capacité d’ingestion (courbe verte), c’est-à-dire, la quantité d’aliments (fourrages + compléments) que la jument mangera si elle est à volonté : elle n’augmente que de 1,8 fois. 
Cela veut dire que même pour les besoins énergétiques qui augmentent de 2,1 (courbe rouge), cela ne suffira pas. 
Il faut donc une ration plus « riche », un peu plus riche pour l’énergie, beaucoup plus riche pour les protéines.
Mais on aura une ration plus riche puisqu’on donnera plus de céréales ou de granulés, me répondrez-vous. Certes mais à ce moment-là, vous allez diminuer la quantité de fourrage (qui sera donc en moins) et en outre vous diminuerez encore la capacité d’ingestion, les chiffres que je vous présente n’étant valables que pour une ration riche en fourrage. 
Donc une ration plus énergétique, beaucoup plus protéinée et minéralisée et nettement plus dense cela veut dire… un aliment différent si vous l’achetez. Si les fabricants d’aliments font des mélanges spécifiques pour les poulinières, ce n’est pas pour s’amuser mais bien parce qu’il y a nécessité. 
Pour une alimentation maison, cela signifie changer les rapports entre les aliments mais aussi, immanquablement introduire des aliments spécifiques, notamment à haute teneur en protéines. 
Comme on ne nourrit pas Sébastien Chabal avec les petits pots du bébé, votre jument a besoin d’une ration à faire pâlir un champion de CSO. 
Enfin, vous pouvez constater que les évolutions sont extrêmement rapides. Pour que la jument soit le plus en forme possible, cela veut dire que l’éleveur doit suivre au mieux ces évolutions. Pour coller à la réalité des besoins, il est préférable de faire un point tout les mois à la fois sur la jument (état, périmètre thoracique) et sur l’herbe présente (qualité, stade, cycle) pour adapter les apports complémentaires. Si la mise bas a lieu tôt dans l’année, les besoins importants devront être couverts avec des fourrages conservés. Dans ce cas, leur qualité doit être excellente. 
Et surtout jamais, au grand jamais, de régime pour une jument allaitante. En début de gestation c’est possible. Après sevrage aussi mais pendant l’allaitement, c’est courir un risque majeur pour sa santé. 

Catherine Kaeffer http://anneetcat.wix.com/

techniques-elevage http://techniques-elevage.over-blog.com

19/12/2013

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