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BHL : transferts et ponctions ovocytaires au menu

  • Argento (© Patrick Jean)
    Argento (© Patrick Jean)
  • Asti Spumante (© Patrick Jean)
    Asti Spumante (© Patrick Jean)
  • Canabis d'Albain (© Patrick Jean)
    Canabis d'Albain (© Patrick Jean)
  • Cartani (© Patrick Jean)
    Cartani (© Patrick Jean)
  • Cooper VDH (© Patrick Jean)
    Cooper VDH (© Patrick Jean)
  • Cornet S Stern (© Patrick Jean)
    Cornet S Stern (© Patrick Jean)
  • Crack Bel (© Patrick Jean)
    Crack Bel (© Patrick Jean)
  • First Of Lorne (© Patrick Jean)
    First Of Lorne (© Patrick Jean)
  • Romanov (© Patrick Jean)
    Romanov (© Patrick Jean)
  • Ustinov (© Patrick Jean)
    Ustinov (© Patrick Jean)
A Beligneux Le Haras, dans l’Ain, la baisse est sensible comme partout ailleurs mais le déficit d’activité semble largement compensé par l’orientation transfert d’embryons et ponctions ovocytaires prise par BLH. Frédéric Neyrat le dit clairement dans l’entretien qui suit. Il insiste aussi sur la nécessité de refaire du concours jeunes chevaux, même sans championnat ni Grande semaine pour que les 5 et 6 ans prennent de l’expérience.

Comment va la vie de confiné chez BLH ?

« On bosse, on accueille les juments. Par rapport aux années précédentes la différence c’est que les amateurs qui sont une grosse partie de notre clientèle, ne sont pas là. Deux raisons à cela : ils sont confinés donc ne peuvent pas déplacer leur jument, on les verra plus tard puis certains vont peut-être différer d’un an la mise à la repro de leur jument.

A côté de ça, les professionnels sont plus réactifs. Ils ne veulent pas laisser leurs poulinières en jachère donc ils font saillir. On a beaucoup de transferts d’embryons et en particulier sur les juments de concours qui sont arrêtées. Les gens en profitent pour faire du transfert, un peu comme les étalons qui vont faire la monte alors que normalement ils auraient dû ne faire que du congelé, donc ça c’est une grosse activité. Je pense qu’on s’en sort grâce aux transferts et à la mise en place des embryons congelés qu’on a fait cet hiver. On les a réimportés et là on va les mettre en place. Il y en a une centaine donc ça c’est un gros boulot et ça nous permet de compenser notre activité.

En gros, comme tout le monde, on est assez embêtés par la logistique pour envoyer la semence réfrigérée. Nous on va s’en sortir grâce aux activités d’ICSI pour des juments de bonne qualité, le transfert d’embryon et la mise en place des embryons congelés. On a fait beaucoup de ponctions ovocytaires et d’ICSI cet hiver et je pense que ça va continuer.

Ce confinement fait que les très bonnes juments vont être disponibles et que à la limite ça va tirer l’élevage par le haut quelque part. Des juments de grand prix qui n’auraient pas fait de transfert ou de ponction ovocytaire si elles avaient fait du concours seront mises à la repro.  Par contre pour les juments d’amateurs, là je pense qu’il va y avoir une diminution mais peut-être que ça repartira fin mai ».

C’est différé mais ce n’est pas abandonné définitivement ?

« Peut-être différé, mais de toute façon je pense qu’il y aura quand même bien 25 % de juments en moins. Les gens sont sur la défensive, en tout cas tout ceux qui ne se sont pas largement investis dans cette activité d’élevage, ça peut être des cavaliers, des écuries de propriétaires. On sent quand même que pour des juments de professionnels, le choix se porte sur le haut de gamme comme Quel Homme de Hus ou Cartani. D’autres vont chercher l’étalon à 750 €, le 4 ans. Soit il y en a qui continuent à investir dans le très haut niveau, soit il y en a qui disent que cette année on va pas trop se découvrir. Pour nous le déficit est compensé par les transferts et les ponctions ovocytaires sur les très bonnes juments ».

Et c’est nouveau ça ?

« On en a toujours fait sur des juments qui avaient terminé leur carrière sportive mais là du fait que les cavaliers ne peuvent rien faire avec eh bien ils se disent que tant qu’à faire ils font un transfert d’embryon parce que sur ces juments-là ça a de la valeur et ça se gardera. Peut-être que le poulain qu’ils auront ne se vendra peut-être pas 20 000 mais 17 500, mais il se vendra parce qu’il sera issu d’une très bonne jument. Quelque part ça va être un effet collatéral positif ». 

Et côté cavaliers ?

« Ils font le gros dos. Ils souffrent peut-être un petit peu moins que les centres équestres parce qu’ils ont des chevaux de clients. Le centre équestre qui n’a que ses chevaux d’école c’est la cata. Le cavalier qui a des chevaux de propriétaires ça va, les 4 ans sont aux prés mais les 5-6 ans il faut bien qu’ils travaillent ».

Comment vois-tu la suite des événements ?

« J’espère qu’il y aura des concours. S’il n’y a pas les championnats à la limite ce n’est pas grave, mais il faut qu’ils organisent des concours pour que les chevaux prennent de l’expérience, même si ça continue l’hiver. Maintenant on a des hivers doux et si on décale, les chevaux pourront apprendre leur métier. Qu’il n’y ait pas Fontainebleau, à la limite ce n’est pas dramatique, ce qui serait vraiment dramatique c’est qu’un 6 ans ne prenne pas d’expérience. L’année prochaine à 7 ans il sera dans les choux…et face à la concurrence allemande, ça va être compliqué. J’ai l’impression qu’en Allemagne, le confinement est moins sévère et qu’ils s’en sortent mieux Il faut au moins quatre mois de concours même sans championnat, faute de quoi les chevaux ne seront pas vendables ».

Chez vous, vous travaillez normalement ?

« Nous on fait attention au confinement, aux règles de distanciation, les employés sont formés pour ça, les clients ne rentrent pas dans la salle de gynécologie. On s’adapte bien. Les 15 premiers jours les gens n’avaient pas bien compris mais je pense que là maintenant c’est clair. »

La présentation des étalons avait lieu le 8 mars à Certines dans le manège de la famille Carlet. Un peu moins d’éleveurs que d’habitude à ce rendez-vous toujours attendu : le Covid-19 avait déjà commencé son effet dévastateur.

Voici quelques images de cette réunion (photos Patrick Jean).           

E. R.

22/04/2020

Actualités régionales