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Bercy : un rêve réalisé

Réunies pour la première fois, les quatre écoles européennes d’art équestre (Vienne, Saumur, Jerez et Lisbonne) ont présenté les 23, 24 et 25 novembre un spectacle époustouflant. Un événement qui était très attenduAprès avoir reçu, Photo 1 sur 3
plusieurs fois en quinze ans, les quatre écoles les unes après les autres, SIPAS Production rêvait - et nous aussi - de les recevoir ensemble. Grâce aux liens professionnels et amicaux créés au fil des années avec chacune d’entre elles, et avec l’aide de l’ENE, c’est chose faite. Durant trois jours, le rêve est devenu réalité et le public venu des six coins de l’hexagone et même d’Europe, a pu admirer les quatre plus beaux joyaux de l’art équestre, présentés cette fois en une seule parure dans un bel écrin : la salle du Palais omnisports de Paris Bercy.

Beauté, splendeur, grand art, élégance, raffinement, perfection, enchantement, extase, bonheur intense, émotion... il n’y a pas assez de mots pour exprimer la magnificence de ce spectacle. Conjuguant tout cela à la fois, les écuyers le l’Ecole de Vienne, du Cadre Noir de Saumur, de l’Ecole Royale Andalouse de Jerez et de l’Ecole Portugaise de Lisbonne - sous la conduite de leurs chefs respectifs Ernst Bachinger, le colonel Jean-Michel Faure, Manuel Ruiz Gutiérrez et Filipe Figueiredo Graciosa -, ont offert, chacun à leur tour ou ensemble, toutes les facettes de leurs spécialités. Avec cependant un dénominateur commun : le travail à la main des sauts d’école et les sauts d’écoles montés. Seuls tableaux où les quatre écoles étaient présentes ensemble sur le rectangle, chevaux en main dans la première partie, montés dans la seconde, exprimant chacune leur conception sur ce même thème. On aurait bien aimé posséder quatre paires d’yeux pour bien les apprécier; en particulier nos sauteurs du Cadre Noir qui ont brillé avec des sauts d’école très réussis, et non sans admirer pour autant les levades, pesades et cabrioles ibériques ou viennoises.

Spécialité plutôt viennoise, le travail aux longues rênes, l’une de ses performances les plus remarquables, a enchanté par son élégance et la perfection technique des changements de pieds, pirouettes, mouvements latéraux, piaffer et passage exécutés par son spécialiste Conversano Dagmar.

L’autre grand moment fut le solo espagnol de Rafael Soto Andrade, cavalier de haut niveau aux résultats brillants (notamment médaillé de bronze par équipe aux JEM de Jerez 2002 et médaille d’argent par équipe aux JO d’Athènes 2004). Rafael et son bel Invasor ont présenté leur reprise en musique, soit vingt minutes de bonheur intense. Le couple, en osmose parfaite, est époustouflant et l’on a envie de dire au cavalier : danse avec lui ! Invasor est si rassemblé qu’il ne touche pas terre, appuyant aux trois allures, changeant de pieds au temps, piaffant et passageant, comme s’il s’agissait d’allures naturelles, se déplaçant sur la pointe des sabots ! Un vrai danseur ! Rafael Soto avait lui l’air de s’amuser, invitant le public à marquer le rythme en applaudissant. Ce dernier ne se faisant pas prier.

On attendait quatre carrousels. Espagnols et Portugais se sont abstenus. Quadrilles, à pied ou monté, pas de quatre en doma vaquera complétait les tableaux espagnols. Pour Lisbonne, un pas de quatre et un pot-pourri de toutes les figures de haute école dont le fameux piaffer sur une planche de bois afin que le public puisse apprécier la régularité de l’allure, ou dans les piliers, ou bien encore en arrière et monté par l’écuyer en chef, ont remplacé le carrousel des dix écuyers. Côté Espagnos, le ballet à huit, point d’orgue du spectacle, est long mais dans une harmonie parfaite.

Quant à la reprise de manège du Cadre Noir, très tonique et vivante avec des chevaux rassemblés, elle a été elle aussi très applaudie. Sans doute ce qui a motivé l’air heureux de Jean Michel Faure, sur sa gracieuse Kapucine de l’Aume. Avec une autre monture, Décurion Normand, Jean-Michel Faure, ex-champion du monde militaire (1986 à Madrid), a également effectué le saut de la table, de la chaise et du piquet en compagnie de Jean-Jacques Boisson, qui présente habituellement seul ce grand classique des spectacles du Cadre noir.

Enfin, que d’émotions quand, au son de l’hymne européen, 40 des 80 chevaux de ce grand rendez-vous ont majestueusement pénétré sur le rectangle, après avoir tourné autour, quatre par quatre, menés par leurs écuyers respectifs, coiffure dans une main, rênes dans l’autre, pour saluer le public debout, complètement subjugué et intarissable de ses applaudissements.

Vivante et exceptionnelle, cette première mondiale a été une réussite totale, tant sur le plan fréquentation (salles combles et enthousiastes) que sur celui du spectacle lui-même. « Une saine émulation entre les quatre académies d’art équestre », comme l’a dit l’écuyer en chef du Cadre Noir.

Chacune d’elles fait confiance aux autres. Il s’agit du début d’une belle histoire, portée par Saumur, et c’est une chance d’y avoir participer et d’y trouver probablement l’envie de mieux connaître le patrimoine équestre européen, ou même de pratiquer l’art équestre. L’expérience devrait se renouveler dans les prochaines années. Avec impatience, nous l’attendons.

Dominique Culliéret

20/12/2007

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