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Assises de la Fival : dessine-moi une filière

Assises du Cheval 2007 Filière, que de discours prononcés en ton nom. Cheval... de bataille de la Fival, le monde professionnel du cheval fait l’objet depuis une bonne dizaine d’années de soins attentifs de la part de ceux qui ont récupéré le bébé et l’eau du Photo 1 sur 1
bain du désengagement de l’Etat. Depuis l’abandon de leur pouvoir régalien, les Haras nationaux, de mutation en réformes, ont laissé aux associations d’élevage un lourd héritage difficile à gérer.

L’autopsie de ce grand corps en croissance que vient de réaliser la Fival avec les Assises du cheval a eu le mérite de faire la lumière sur un certain nombre de dysfonctionnements. Nimbée dans un halo économico-affectif, passionnément passionnel, la filière est encore loin d’avoir trouvé son filon. Mais il y a du progrès et tout le monde semble d’accord avec la remarque d’Edith Cuvelier : ?« Nous commençons à mieux nous connaître, c’est un progrès ».

Heureux

Une large part fut donnée aux résultats de l’enquête TNS-SOFRES commandée par la Fival. 30 000 foyers ont été contactés, 15 000 ont répondu. 32 000 personnes sont concernées.

Quatre groupes ont été définis : les cavaliers réguliers (ceux qui pratiquent plus de deux fois par semaine), les occasionnels (moins d’une fois par semaine), les ‘‘abandonnistes’’ (ceux qui ont essayé puis renoncé) et les non-pratiquants.

Résultat brut : 14 millions de personnes (dont 2/3 de femmes) envisagent de monter à cheval.

Résultat affiné : 800 000 sont susceptibles de passer à l’acte dans les deux ans qui viennent.

Une large majorité se prononce pour une pratique ‘‘plaisir’’?(72 %); 37 % des 28 % restant se destinent à la compétition.

L’indice de satisfaction est élevé. Pour ce qui est du coût de l’équitation, la notion est en général assez floue sauf pour les propriétaires d’un cheval qui savent qu’ils y consacrent ?2 600 € par an (dont 73 % pour le seul entretien) et pour les pratiquants non propriétaires qui ont un budget annuel de ?1 100 € dont 84 % vont aux cours et prestations. Dans la grande majorité, le centre équestre est à la base de tout projet cheval.

Quels sont les freins à une pratique plus intense ? Le coût pour 40 %, le manque de temps pour 24 % des ‘‘réguliers’’ qui pratiquent déjà beaucoup, l’envie d’une autre activité pour 34 % des occasionnels.

Le futur

Que faire pour préparer le futur ? Améliorer la qualité des infrastructures (propreté, ambiance, accueil de l’équipe d’encadrement), améliorer la qualité de l’enseignement et proposer une cavalerie qui réponde à la demande. Les occasionnels cherchent la détente, l’activité de plein air et la proximité avec le cheval. ?30 % des abandonnistes veulent revenir. Et 26 % de ceux qui n’ont jamais pratiqué ont envie de mettre le pied à l’étrier.

« Relativisons, dit l’enquête. La probabilité d’une pratique dans les deux prochaines années est faible et nettement plus basse que l’envie de pratiquer. Le potentiel est de 800 000 individus, composés d’hommes, d’enfants de 6 à 10 ans et de ceux qui ont pratiqué la première fois il y a moins de deux ans. »

Image

Pour 25 %, l’image des sports équestres est bonne. Pour les autres, elle est soit incompréhensible (60 %), soit ennuyeuse ?(30 %), soit peu spectaculaire (25 %), soit élitiste (10 %), soit pas assez médiatisée (moins de 10 %).

Conclusions : sur 2,2 millions de cavaliers, les 3/4 souhaitent pratiquer plus. Le potentiel de développement est important tant auprès des abandonnistes que de ceux qui n’ont jamais pratiqué. La demande en pratique ‘‘loisir’’ est plus forte que celle en pratique ‘‘sportive’’.

Floue et compliquée

Faire émerger les priorités et les objectifs ambitieux pour les 15 à 20 années qui viennent, c’est le but de ces Assises voulues par François Lucas. L’après-midi fut donc consacré à la synthèse des travaux qui ont eu lieu dans les inter-régions.

Des discussions qui ont nourri cette réflexion, il ressort que la notion de filière apparaît floue, compliquée, statique voire incompréhensible. Chacun a conscience que le système organisationnel doit être simplifié. Pour Bernard Le Courtois, « le monde du cheval n’a pas conscience d’être en filière et la soumission aux Haras nationaux est toujours forte. C’est un monde qui a beaucoup de mal à se prendre en charge ».

Quant au marché, le manque de transparence dans les transactions a refait surface. Témoignage apporté par Jean-Yves Camenen, directeur de l’Unic : « En France, c’est beaucoup plus compliqué qu’ailleurs ».

Henry Brugier regrette le manque de caractérisation des poulains, le manque de professionnalisme de la filière où tout le monde veut tout faire et s’improvise marchand de chevaux. La déréglementation de la profession de marchand il y a dix ans a fait un tort considérable à une profession dont François Rohmer, nouveau président de la Chambre syndicale, entend redorer le blason en moralisant et en assurant un véritable service de conseils, avant et après la vente.

Marché, formation, réglementation, promotion : chacun des socioprofessionnels a apporté sa pierre à l’édifice.

Formation : la faiblesse du niveau a été soulignée et le risque est grand pour que les autres pays d’Europe nous dépassent en raison des masters en science équine qui existent ailleurs. Seule l’Université de Caen peut rivaliser sur ce sujet.

La réglementation : la forte contrainte de la directive européenne de 2005 est considérée comme une entrave génératrice de procès. Le seule échappatoire est de faire sortir le cheval de la notion de ‘‘bien meuble’’ du droit français. Entrave encore avec la mainmise de l’Etat dans la gestion des stud-books. « On n’avance pas, dit Henri Brugier, alors que c’est ce même Etat qui nous a confié cette gestion. Trop d’inertie, nous ne sommes pas assez réactifs. »

Extrêmement lucide cette réflexion générale et positives les idées avancées notamment par un François Lucas visionnaire qui brossa dans son discours de clôture un schéma réaliste de ce que pourrait être demain une filière efficace aux mains de ses professionnels.

A n’en pas douter, ces Assises du cheval 2006-2007 feront référence pour longtemps.

Etienne Robert

20/12/2007

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